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Première réapparition du président Saleh au Yémen

Le Yémen est secoué depuis janvier par une révolte populaire qui a dégénéré en mai en combats armés sanglants entre les forces fidèles à Ali Abdallah Saleh et celles d'un puissant chef tribal. [Yemen TV/Reuters]
Le Yémen est secoué depuis janvier par une révolte populaire qui a dégénéré en mai en combats armés. - [Yemen TV/Reuters]
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh est apparu jeudi à la télévision, pour la première fois depuis son hospitalisation le 4 juin. Il est apparu le visage brûlé et les mains recouvertes de bandages. Ses partisans ont tiré en l'air en signe de joie dans la plupart des villes yéménites, selon les médias officiels.

Ali Abdallah Saleh, hospitalisé en Arabie saoudite après avoir été blessé dans une attaque contre son palais à Sanaa le 3 juin, était quasiment méconnaissable, la tête recouverte d'un keffieh rouge et blanc et des bandages entourant sa poitrine sous sa chemise blanche.

Le président contesté a affirmé dans une déclaration de quelques minutes, diffusée par la télévision officielle yéménite, avoir subi "avec succès plus de huit interventions chirurgicales" depuis son hospitalisation à Ryad. Il a appelé "au dialogue" au Yémen mais n'a pas fait mention d'un éventuel retour dans son pays, ni de son éventuelle intention de démissionner.

Appui au vice-président

Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, a affirmé soutenir "les efforts" du vice-président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, visant à parvenir à "une entente politique". Quelques heures auparavant, le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi avait émis une nouvelle proposition visant à débloquer la situation politique, qui prévoit le maintien au pouvoir du président Saleh sur une période plus longue que dans les précédents plans.

Le vice-président assure de facto l'intérim mais n'a pas été désigné officiellement par Ali Abdallah Saleh pour diriger le pays en son absence. Saleh a tenu à remercier le souverain saoudien, le roi Abdallah ben Abdel Aziz, pour l'avoir accueilli.

Le chef de l'Etat a été hospitalisé à Ryad le 4 juin après avoir été blessé dans l'explosion d'une bombe dans la mosquée du palais présidentiel à Sanaa, alors que la contestation contre son régime, entamée en janvier, avait atteint son paroxysme.

Révolte populaire

Un grand nombre de dignitaires, dont le Premier ministre Ali Mohammed Moujawar, ont également été blessés dans l'attaque et hospitalisés à Ryad. L'absence prolongée de Ali Abdallah Saleh a donné lieu à diverses spéculations sur son état de santé. Fin juin, un diplomate yéménite à Ryad avait affirmé à l'AFP que l'état de santé du président Saleh ne lui permettait pas d'apparaître à la télévision.

Le Yémen est secoué depuis janvier par une révolte populaire qui a dégénéré en mai en combats armés sanglants entre les forces fidèles à Ali Abdallah Saleh et celles d'un puissant chef tribal. Les violences ont atteint un pic avec des combats à l'arme lourde entre groupes rivaux et l'attaque du palais présidentiel.

Le fils aîné du président et ses proches continuent de contrôler une partie de l'armée et des organes de sécurité. L'opposition réclame la mise en place d'un conseil intérimaire pour empêcher un retour du président.

Rassemblement vendredi

Le discours du président a été diffusé à la veille des traditionnels rassemblements organisés chaque vendredi à Sanaa par les opposants et les partisans du régime et devrait galvaniser ces derniers. Il intervient également à la date anniversaire de l'entrée des troupes nordistes à Aden, ex-capitale du sud-Yémen le 7 juillet 1994, pour écraser une tentative de sécession des sudistes.

Des milliers de partisans du mouvement sudiste séparatiste ont manifesté à Aden jeudi pour réclamer la sécession du Sud, selon le correspondant de l'AFP sur place. "Sud, révolte-toi", "Mon pays est le Sud et sa capitale est Aden", ont-ils scandé.

Des manifestations similaires se sont déroulées dans d'autres provinces du sud. Les habitants du sud se disent victimes de discrimination de la part de Sanaa depuis l'unification en 1990. Une éphémère tentative de sécession en mai 1994 a été écrasée deux mois plus tard.

agences/olhor

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