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Tension entre les Etats-Unis et la Syrie

Des militants pro-Assad ont manifesté à Damas pour protester contre la visite de l'ambassadeur américain à Hama. [KEYSTONE - Muzaffar Salman]
Des militants pro-Assad ont manifesté à Damas pour protester contre la visite de l'ambassadeur américain à Hama. - [KEYSTONE - Muzaffar Salman]
L'ambassadeur des Etats-Unis à Damas a défié le régime syrien en se rendant vendredi à Hama, théâtre d'une manifestation monstre contre Bachar al-Assad. Les Etats-Unis ont convoqué de leur côté l'ambassadeur syrien après avoir appris que des personnes manifestant aux Etats-Unis contre la répression en Syrie avaient été filmées

L'ambassadeur Robert Ford a rencontré de nombreux manifestants à Hama, cité assiégée par l'armée à 210 km au nord de Damas, a indiqué Victoria Nuland, la porte-parole de la diplomatie américaine.

"L'ambassadeur Ford voulait voir de ses propres yeux ce qui se passe sur le terrain. Le fait que les médias internationaux ne puissent pas couvrir librement les événements rend cela encore plus important", a affirmé l'attaché de presse de l'ambassade américaine à Damas.

"Sa visite à Hama montre que les Etats-Unis sont engagés à soutenir le droit du peuple syrien à se rassembler et à s'exprimer librement à travers des manifestations pacifiques", a-t-il dit. Washington avait annoncé que Robert Ford - rentré vendredi après-midi à Damas - était parti jeudi dans cette ville afin d'"établir le contact" avec l'opposition.

Visite annoncée selon Washington

Sa visite a suscité l'ire des autorités syriennes, selon lesquelles les Etats-Unis sont "impliqués" dans le mouvement de contestation et "incitent à faire monter la tension, ce qui nuit à la sécurité et à la stabilité en Syrie".

L'armée syrienne s'attaque cette fois au nord-ouest du pays. [Bassem Tellawi]
L'armée syrienne s'attaque cette fois au nord-ouest du pays. [Bassem Tellawi]

"L'ambassadeur américain a rencontré à Hama des saboteurs (...) qui ont érigé des barricades, coupé des routes et empêché les citoyens d'aller à leur travail. L'ambassadeur a incité ces saboteurs à la violence, à manifester et à refuser le dialogue" avec le régime, a accusé le ministère de l'Intérieur. Washington s'est dit "consterné" par ces critiques, affirmant avoir informé à l'avance Damas de cette visite.

Opposants filmés aux Etats-Unis

Vendredi soir, le département d'Etat a indiqué avoir convoqué mercredi l'ambassadeur syrien à Washington, Imad Moustapha, après avoir appris que des personnes manifestant aux Etats-Unis contre la répression en Syrie avaient été filmées par des membres de son ambassade.

Ce nouvel incident intervient alors que les relations entre les Etats-Unis et la Syrie ne cessent de se détériorer depuis le début de la répression sanglante de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad. "

Le gouvernement américain prend très au sérieux les informations selon lesquelles des gouvernements étrangers cherchent à intimider des personnes exerçant sur le sol américain leur droit à la liberté d'expression défendu par la constitution américaine", ajoute le département d'Etat.

agences/mre

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Des soldats forcés de réprimer

Dans un rapport rendu public samedi, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch fait état des témoignages de soldats syriens ayant déserté les rangs des forces gouvernementales, décrivant comment ils ont obéi aux ordres de tirer sur la foule lors des manifestations contre le régime.

Selon l'ONG basée à New York, certains de ces déserteurs ont dit qu'ils avaient peur d'être eux-mêmes tués s'ils avaient refusé d'obéir à ces ordres. L'un d'entre eux a raconté avoir vu un officier abattre deux soldats à Deraa pour cette raison.

Ce rapport de HRW est basé sur des entretiens avec huit anciens soldats et quatre ex-membres des agences sécuritaires du régime de Damas, interviewés au Liban, en Jordanie ou en Turquie, qui ont décrit leur participation à la répression, entre tirs sur des manifestants et détentions arbitraires de centaines d'autres.

Tous les déserteurs ont raconté que leur hiérarchie leur avait dit qu'ils allaient combattaient des infiltrés, des salafistes et des terroristes. Ils se sont dit "surpris de se retrouver face à des manifestants sans armes", mais ont néanmoins reçu l'ordre de leur tirer dessus dans différentes circonstances.