Les juges de la cour d'appel de Milan ont réduit d'un quart la sanction financière fixée en octobre 2009 en première instance à 750 millions d'euros.
Celle-ci visait à dédommager le groupe CIR de Carlo De Benedetti d'une décision de justice ayant permis en 1991 au Cavaliere de s'emparer du plus gros éditeur de la péninsule. En 2007, la justice pénale avait jugé que cette décision avait été "achetée" et elle avait condamné pour corruption plusieurs avocats et un juge.
Selon la cour d'appel, le montant des dommages et intérêts dus par Fininvest s'élevait à 540 millions d'euros à la date du jugement de première instance, auxquels viennent s'ajouter les intérêts dus depuis cette date et les frais de justice (8 millions), soit un total d'environ 560 millions.
"Nos avocats commencent déjà à étudier le recours en cassation", a aussitôt réagi Marina Berlusconi, fille aînée du Cavaliere et présidente de Fininvest. "Nous sommes certains d'être dans le juste, nous ne nous laisserons pas intimider", a-t-elle affirmé, dénonçant "une somme équivalant au double de la valeur de la participation de Fininvest dans Mondadori".
Ultime tour de passe-passe
Ce jugement prononcé en appel est immédiatement exécutoire, au grand dam du chef du gouvernement.
Dans un ultime tour de passe-passe à l'approche du verdict, Silvio Berlusconi, qui a annoncé ne pas se représenter aux élections de 2013 (Lire: Législatives italiennes) avait tenté de faire passer cette semaine un projet de modification du code civil suspendant les sanctions supérieures à 20 millions d'euros en appel jusqu'à la décision définitive en cassation.
Face au tollé provoqué par cette mesure, insérée à la dernière minute au sein de la loi sur le plan d'austérité, il avait dû faire machine arrière et la retirer. Même ses alliés de la Ligue du Nord, soutien indispensable à sa majorité, s'étaient joints à l'opposition pour la critiquer.
Accusé de vouloir préserver Fininvest, Silvio. Berlusconi avait nié en bloc, affirmant que cette mesure était "juste" car elle aurait évité à des entreprises d'avoir de "graves problèmes" financiers à cause de "sentences erronées".
Fininvest avait obtenu la suspension de la sentence après le jugement de première instance, mais, selon la presse, le président du Conseil s'est vivement inquiété récemment d'avoir à payer cette somme après le jugement en appel.
ats/mre
Revanche pour Carlo De Benedetti
Vingt ans après les faits, il s'agit aussi d'une revanche pour l'éternel rival du Cavaliere, Carlo De Benedetti, qui contrôle notamment le quotidien de gauche La Repubblica, en pointe dans les critiques contre le chef du gouvernement.
Au terme d'un épique bras de fer entre les deux hommes d'affaires, Silvio Berlusconi avait obtenu le contrôle du fleuron du groupe Mondadori, la maison d'édition homonyme, ainsi que de l'hebdomadaire Panorama.
Carlo De Benedetti avait dû se contenter de La Repubblica et de l'hebdomadaire L'Espresso. En 2007, la justice pénale avait condamné en cassation Vittorio Metta, le juge ayant rendu la sentence cruciale de 1991, à deux ans et neuf mois de prison pour corruption.
L'avocat de Fininvest, Cesare Previti, qui avait versé les pots-de-vin au juge, avait pour sa part écopé d'un an et demi de prison. Le seul à avoir échappé à une condamnation au pénal dans cette affaire était Silvio Berlusconi, qui en 2001 avait bénéficié de la prescription des faits.