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Syrie: des manifestants attaquent des ambassades

Trois agents de l'ambassade de France ont été blessés lors de cette attaque où des dégâts matériels sont également à déplorer. [AFP - LOUAI BESHARA]
Trois agents de l'ambassade de France ont été blessés lors de cette attaque où des dégâts matériels sont également à déplorer. - [AFP - LOUAI BESHARA]
Des manifestants soutenant le régime syrien ont attaqué lundi les ambassades des Etats-Unis et de la France à Damas, pour dénoncer la visite de leurs ambassadeurs dans la ville rebelle de Hama, provoquant la colère de Washington et de Paris. Hillary Clinton a estimé lundi que le président Bachar al-Assad avait "perdu sa légitimité".

"Aujourd'hui, une foule a attaqué l'ambassade des Etats-Unis. Le personnel de l'ambassade n'a pas été blessé. Le gouvernement syrien a été lent à y répondre et à prendre les mesures de sécurité supplémentaires qui s'imposaient", a déclaré à l'AFP une source au sein de l'ambassade.

"La résidence du chef de la mission a été également attaquée par la foule", a précisé le département d'Etat américain dans un communiqué, dénonçant: "Une "chaîne de télévision largement influencée par les autorités syriennes a encouragé cette manifestation violente".

Les partisans de Bachar al Assad ont escaladé les murs de de l'ambassade américaine à Damas.
Les partisans de Bachar al Assad ont escaladé les murs de de l'ambassade américaine à Damas.

"Nous condamnons vigoureusement le refus du gouvernement syrien de protéger notre ambassade et demandons des compensations pour les dégâts causés. Nous appelons le gouvernement syrien à s'acquitter également de ses obligations envers ses propres citoyens", a-t-il ajouté.

Selon la source au sein de l'ambassade américaine, l'attaque visait à "détourner l'attention de la crise en Syrie, où le gouvernement continue de tuer les manifestants pacifiques".

L'ambassade de France a également été attaquée dans l'après-midi, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères, qui a précisé que trois agents avaient été blessés.

"Des groupes bien organisés"

"Pour la deuxième fois en deux jours, l'ambassade de France à Damas, comme celle des Etats-Unis au même moment, a été la cible d'attaques et de vandalisme de la part de groupes bien organisés et cela devant des forces de sécurité syriennes manifestement peu empressées à faire cesser ces violences", a dénoncé le porte-parole du ministère, Bernard Valéro.

Il a fourni un détail des exactions commises: "utilisation de bélier pour tenter d'enfoncer les portes de notre mission diplomatique, fenêtres brisées, intrusions dans l'enceinte de l'ambassade, trois agents du poste blessés, destruction du véhicule de l'ambassadeur".

"Devant la passivité des forces de l'ordre, les agents de sécurité de l'ambassade ont été contraints d'effectuer trois tirs de sommation pour empêcher la multiplication d'intrusions dans le périmètre de l'ambassade", a-t-il précisé.

Plusieurs vitres du bâtiment ont été brisées et des drapeaux syriens accrochés sur le mur de l'ambassade, selon un photographe de l'AFP, arrivé sur les lieux après l'attaque.

Al-Assad "a perdu sa légitimité"

"Ce n'est pas avec de telles initiatives illégales que les autorités de Damas parviendront à détourner l'attention du problème de fond qui demeure la fin de la répression contre la population syrienne et la mise en oeuvre de réformes démocratiques", a-t-il encore déclaré.

Les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France à Damas, Robert Ford et Eric Chevallier, se sont rendus la semaine dernière à Hama, lors de visites séparées et non coordonnées, provoquant l'ire des autorités (lire: Révolte en Syrie).

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé lundi, pour la première fois après quatre mois de violences en Syrie, que le président Bachar al-Assad avait "perdu sa légitimité".

"Il a échoué à honorer ses promesses, il a recherché et accepté l'aide de l'Iran (...) pour réprimer son peuple", a lancé la chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse.

Pendant les attaques des ambassades, l'armée syrienne a poursuivi lundi son offensive dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "L'armée, appuyée par des chars, a mené des perquisitions dans les villages de Kafarhaya, Sarjan et al-Rami, et procédé à des arrestations à Kfar Noubol", selon l'organisation.

Des interpellations ont également eu lieu dans les environs de Hama ainsi que dans la ville côtière de Banias, où cinq personnes ont été arrêtées pour "avoir filmé des manifestations", selon l'OSDH.

afp/mre

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