A l'Assemblée, 482 députés de droite et socialistes ont voté en faveur de la poursuite des opérations, tandis que 27, notamment les élus communistes et écologistes, se sont prononcés contre. Le Sénat a ensuite donné son feu vert par 311 voix contre 24.
L'intervention de la coalition, dans laquelle la France joue un rôle en pointe avec le Royaume-Uni, n'ayant pas permis de faire tomber le régime au bout de quatre mois, le gouvernement avait l'obligation de solliciter l'autorisation de l'Assemblée et du Sénat pour une durée qui n'est pas limitée dans le temps.
Les socialistes ont demandé au gouvernement de revenir devant le Parlement en septembre si l'opération n'était pas terminée à cette date.
La Libye "regrette" elle ce feu vert donné mardi par le Parlement français à la prolongation de l'intervention militaire de la France, selon le porte-parole officiel Moussa Ibrahim.
Des contacts, faute de négociations
"Une solution politique en Libye est plus que jamais indispensable et elle commence à prendre forme", a déclaré auparavant devant l'Assemblée nationale le Premier ministre français François Fillon.
"Les conditions de la suspension des opérations militaires sont connues: un cessez-le-feu authentique et vérifiable; la fin des exactions contre les populations civiles et le libre accès de l'aide humanitaire; le retrait, enfin, du colonel Kadhafi du pouvoir", a énuméré François Fillon.
Le président américain Barack Obama a lui aussi insisté lundi sur l'exigence d'un départ de Mouammar Kadhafi auprès du président russe Dmitri Medvedev, dont un représentant mène une médiation, selon la Maison Blanche.
Pour la France, principale contributrice aux opérations militaires avec la Grande-Bretagne, il y a bien des contacts avec des représentants du pouvoir libyen, mais pas à ce stade de "véritable négociation".
Départ de Kadhafi?
Pour Baghdadi al-Mahmoudi, le Premier ministre de Kadhafi, des discussions pourraient avoir lieu et être organisées sans le dirigeant libyen. "Nous sommes prêts à négocier sans conditions", a-t-il dit dans un entretien au quotidien "Le Figaro".
"Le dialogue doit avoir lieu avec toutes les parties, en vue de mettre en place un nouveau système politique. Le Guide n'interviendra pas dans ces discussions", a-t-il ajouté. Il est le premier responsable du régime à envisager ouvertement une telle mise à l'écart, régulièrement rejetée par Seif al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant libyen.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a précisé mardi que des contacts avaient été noués avec des représentants du régime de Tripoli et qu'il y était question du départ de Mouammar Kadhafi. "Nous recevons des émissaires qui nous disent: voilà, Kadhafi est prêt à partir, discutons-en (...). Il y a effectivement des contacts, ce n'est pas aujourd'hui une véritable négociation", a-til dit.
Après quatre mois de bombardements des aviations de l'OTAN, les Occidentaux ont entamé le potentiel militaire de Mouammar Kadhafi. Mais le dirigeant libyen a réussi à se maintenir et il tient solidement ses principaux bastions, dont la capitale Tripoli.
Selon un communiqué des insurgés reçu mardi par l'AFP, dix rebelles ont été tués et 22 blessés dans la nuit de lundi à mardi dans des bombardements des troupes loyalistes dans l'ouest du pays.
agences/cmen
Diplomate suisse à Benghazi
De son côté, la Suisse a annoncé mardi l'envoi à Benghazi d'un diplomate chargé d'ouvrir un bureau de liaison dans le fief de la rébellion libyenne. Cette personne devra renforcer les contacts déjà existants avec le Conseil national de transition (CNT).
Ce bureau sera installé dans les locaux du bureau de l'aide humanitaire ouvert mi-mars dernier et qui sera maintenu, a précisé dans un communiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Le CNT est l'unique interlocuteur de la Suisse en Libye en attendant l'élection d'un gouvernement légitime, ajoute-t-il encore.
"Pas d'enlisement", selon Fillon
Le chef du gouvernement français François Fillon a rappelé les moyens mobilisés depuis le mois de mars par Paris contre les forces du colonel Kadhafi :
4'400 soldats engagés, dont 800 en métropole, 40 avions de combat, 8 navires et 18 hélicoptères d'attaque qui font de la France "le premier pays contributeur" de l'opération, au côté de la Grande-Bretagne.
"Non seulement il n'y a pas enlisement en Libye, mais il y a progrès", a fait valoir pour sa part le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
Les députés UMP (majorité présidentielle) et socialistes ont toutefois pressé le gouvernement à dégager une solution politique au conflit.