Après les sénateurs jeudi, les députés ont adopté au cours d'un vote de confiance ce plan qui doit permettre à l'Italie, dont l'énorme dette publique inquiète les marchés, de parvenir à un quasi-équilibre budgétaire en 2014, avec 316 voix pour, 284 contre et deux abstentions.
L'Italie, attaquée par les marchés depuis une semaine, se devait d'accélérer l'adoption de ce plan car une propagation de la crise de la dette au pays pourrait mettre à genoux toute la zone euro dont la Péninsule est la troisième économie.
Un plan contre les "pauvres"
Le plan d'austérité a cependant soulevé une tempête de protestations à l'intérieur du pays. "Ce plan est l'énième cochonnerie, il frappe les gens pauvres", a dénoncé vendredi dans une interview au Corriere della Sera Antonio Martino, ancien ministre de la Défense de Silvio Berlusconi. La présidente de l'organisation patronale Confindustria, Emma Marcegaglia, a pour sa part dénoncé un plan "fondé en substance sur une hausse des impôts".
L'Italie est prise pour cible par les marchés en raison de son énorme dette publique de 1900 milliards d'euros, représentant environ 120% du PIB, ce qui fait dangereusement grimper le coût de l'emprunt pour ce pays.
Parmi les mesures destinées à réduire le déficit figurent le lancement d'un plan de privatisations en 2013, l'introduction d'un ticket modérateur, le gel des salaires et des embauches des fonctionnaires, une sévère réduction des dotations des collectivités locales et des conditions plus sévères pour les retraites.
Nouveau sommet de la zone euro
La Banque d'Italie, qui a relevé légèrement ses prévisions de croissance pour 2011, de 0,9% à 1%, a estimé qu'une poursuite de la crise de la dette aurait un "coût considérable". "La très grosse dette publique reste le point le plus vulnérable de l'économie italienne, particulièrement dans ce climat de forte incertitude et de crainte des marchés", a souligné dans une interview à La Repubblica le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Evoquant la possibilité d'un sommet extraordinaire des pays de la zone euro dans les prochains jours, Olli Rehn a assuré que "d'intenses négociations étaient en cours sur les mesures à prendre en faveur de la Grèce et pour éviter la contagion".
L'Allemagne s'est déclarée opposée vendredi à l'organisation à tout prix d'un sommet européen dans les prochains jours, Berlin jugeant que la réunion ne "fait sens" que si un programme d'aide concret pour la Grèce y est adopté.
Test des banques
En parallèle, la réunion entamée jeudi à Rome entre les créanciers privés de la Grèce et des responsables européens pour tenter d'avancer sur la question de la participation du secteur privé au nouveau plan d'aide à Athènes a repris vendredi. A Bruxelles, la Commission européenne s'est dite prête à accroître le montant de sa contribution au financement de projets d'infrastructures en Grèce afin d'aider à relancer l'économie nationale asphyxiée par la crise de la dette.
Outre les négociations sur la crise grecque, les marchés suivront avec une très grande attention aussi les résultats des tests de résistance subis par 91 banques européennes et qui doivent être annoncés à Londres vendredi par l'Autorité bancaire européenne (EBA).
L'EBA dira alors combien de banques seraient incapables de traverser une récession économique de deux ans et chacune d'elles devra indiquer dans la foulée les mesures qu'elle compte prendre pour consolider sa position.
agences/sbo/olhor
HUIT MILLIONS DE PAUVRES EN ITALIE
L'Italie comptait à la fin 2010 plus de huit millions de personnes vivant dans la pauvreté, a annoncé vendredi l'Institut national des statistiques (Istat). Cette population sera encore plus fragilisée par le plan d'austérité que doit adopter le Parlement.
Selon les dernières données, 8'272'000 personnes soit 13,8% de la population sont considérées comme "relativement pauvres", c'est-à-dire ayant un revenu inférieur à 992,46 euros (1147 francs) par mois pour deux personnes.
L'Italie compte aussi 3,129 millions de personnes, soit 5,2% de la population, vivant dans la "pauvreté absolue" qui est caractérisée par l'impossibilité de payer les biens et les services considérés "essentiels" pour avoir un niveau de vie "au minimum acceptable". Elle varie en fonction des localités italiennes, la vie étant moins chère au sud que dans le nord du pays, ou de la typologie de la famille.
Détails des mesures d'austérité
Fiscalité, administration, santé, retraites, train de vie des élus, privatisations: voici les principales mesures du plan d'austérité italien
FISCALITÉ:
- Réduction des déductions fiscales pour un montant de 20 milliards d'euros, ce qui représente près de la moitié du plan.
- Augmentation de la taxe sur les comptes titres (comptes bancaires sur lesquels sont placés actions et obligations) de plus de 50'000 euros.
- Augmentation de la taxation des bonus et des stock-options et de la taxe professionnelle pour les banques et les assurances.
ADMINISTRATION:
- Poursuite du gel des salaires et des embauches de fonctionnaires.
- Réduction des frais de fonctionnement des administrations après un passage en revue des dépenses afin de déterminer un niveau de dépenses "standard".
- Forte baisse des dotations des collectivités locales.
SANTÉ:
- Ticket modérateur sur les consultations de spécialistes et les analyses médicales.
RETRAITES:
- Entrée en vigueur en 2013, et non en 2015, d'une réforme déjà adoptée qui relève l'âge de départ en retraite en fonction de l'augmentation de l'espérance de vie.
- Augmentation progressive de l'âge de départ en retraite des femmes dans le privé de 60 à 65 ans à partir de 2020.
- Fin de l'indexation des retraites dont le montant est au moins cinq fois supérieur au niveau minimum.
- Contribution de solidarité prélevée sur les retraites supérieures à 90'000 euros (près de 104'000 francs) bruts par an.
COÛT DE LA POLITIQUE:
- Limitation de la puissance des voitures de fonction et du recours aux avions d'Etat par les ministres.
- Réduction des rémunérations des élus au niveau moyen européen mais seulement à partir des prochaines élections.
PRIVATISATIONS:
- Définition d'un plan de privatisations en 2013.