"La situation sécuritaire à Bou Kamal est explosive, alors que l'armée se prépare à intervenir (...) car les autorités craignent un mouvement de désobéissance armée dans cette ville frontalière de l'Irak où les (insurgés) pourraient facilement obtenir une aide logistique et politique", écrit le quotidien "al-Watan".
"Gangs terroristes"
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, un civil a été tué et plusieurs autres ont été blessés samedi à Bou Kamal quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser un rassemblement contre le régime.
Mais l'agence officielle Sana a parlé "de gangs terroristes armés qui ont pris d'assaut un bâtiment public et saisi les armes qui y étaient déposées". Trois membres des forces de l'ordre ont été tués et deux autres ont été enlevés, a ajouté l'agence. Depuis le début de la révolte mi-mars en Syrie, le régime attribue les violences à des groupes armés cherchant à semer le chaos.
Défections dans l'armée
Selon certains activistes toutefois, le mécontentement grandit au sein de l'armée, majoritairement sunnite. Et la mort de civils, tués en grande partie par une unité ultra-loyale commandée par le frère du président Bachar al-Assad, Maher, a entraîné des défections jusqu'ici inimaginables.
D'après des habitants de Bou Kamal, une centaine de membres des renseignements des forces aériennes syriennes et les militaires d'au moins quatre blindés ont rejoint les rangs de la contestation.
Hama: retour à la normale
Dans la ville de Zabadani (sud-ouest), les forces de sécurité et les unités de l'armée ont mené plusieurs raids sur des habitations dans la nuit de samedi à dimanche et ont arrêté 70 personnes, ont rapporté les habitants.
En revanche, "Al-Watan" affirme que "la situation est revenue à la normale" dans la ville rebelle de Hama (nord), théâtre ces dernières semaines de manifestations massives contre le régime. Au moins 25 civils ont été tués depuis le 5 juillet dans cette ville.
Conférence à Istanbul
Plus de 300 opposants issus d'univers différents ont tenu samedi dans ce contexte une "conférence de salut national" Istanbul, au cours de laquelle ils ont dénoncé la répression et les "mensonges" du régime (lire: Syrie ).
Malgré leurs divisions, les opposants syriens ont élu dans la soirée un Conseil de salut national. Mais ils ont remis la formation d'un gouvernement exil à plus tard. "Nous devons tendre la main à d'autres mouvements d'opposition pour conduire le pays vers notre projet démocratique", a déclaré Haisam al Maler, figure de l'opposition, interrogé à l'issue de cette conférence parfois houleuse.
Opposant arrêté
Une figure de l'opposition, l'écrivain et opposant Ali Abdallah, 61 ans, a été interpellé le lendemain au cours d'une campagne d'arrestations dans la ville de Qatana, à 25 kilomètres au sud de Damas, selon la Ligue syrienne des droits de l'Homme.
Incarcéré en décembre 2007, condamné à la prison pour avoir appelé à la démocratie, il avait été libéré récemment après une amnistie générale promulguée en mai par Bachar al-Assad.
Appel turc
En marge d'une visite officielle en Turquie, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé la répression en Syrie "inquiétante". Son homologue turc Ahmed Davutoglu s'est montré beaucoup plus dur envers le régime de Bachar al Assad.
"Un gouvernement qui méprise les revendications de sa société ne peut pas survivre", a-t-il dit, après avoir conseillé au président syrien de mettre en place "une véritable thérapie de choc" pour ouvrir la voie à la démocratie.
agences/cmen