Brega est encerclée, a dit le porte-parole des rebelles, Shamseddine Abdelmolah. Mais ses rues sont jonchées de mines, ce qui empêche les combattants de contrôler totalement le secteur. "Le bataillon principal (des forces kadhafistes) s'est retiré à Ras Lanouf", à une cinquantaine de kilomètres l'ouest de Brega, a ajouté Shamseddine Abdelmolah.
Le porte-parole a précisé qu'il restait 150 à 200 loyalistes bloqués sur le site pétrolier stratégique. "Leurs approvisionnements en nourriture et en eau sont coupés", a-t-il dit. "Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne s'en rendent compte, nous espérons ne pas verser le sang".
Installations pétrolières minées
La bataille pour Brega, aux mains des pro-kadhafi depuis avril, a commencé jeudi. Les rebelles ont lancé une triple attaque du nord-est, de l'est et du sud-est. Arrivés aux portes de la ville, ils ont dû se retirer vendredi pour permettre à l'OTAN de bombarder. Leur progression a depuis été constante. Mais elle a été ralentie par des centaines de mines et la découverte de tranchées défensives creusées autour de la cité et remplies de produits inflammables.
Les installations pétrolières ne semblent pas avoir été mises à feu ou sabotées, mais ont en revanche été minées. Plus de 30 combattants, au total, ont péri dans les affrontements et les bombardements du week-end. L'agence de presse libyenne Jana a écrit lundi que 19 militaires ont été tués lors de raids de l'OTAN dans le secteur de Brega.
Du côté des insurgés, 12 combattants sont morts et 295 ont été blessés samedi et dimanche, selon un porte-parole de la rébellion. Le gouvernement de Tripoli n'a pas fait état de combats dans la ville et il était impossible de vérifier de façon indépendante les affirmations des rebelles.
Progression vers l'ouest
S'emparer de la ville sans dommages majeurs aux infrastructures permettrait aux insurgés de s'approvisionner en carburant et de relancer les exportations de pétrole, leur garantissant une source de financement.
De plus, la prise de Brega représenterait la plus grande avancée des rebelles dans la campagne orientale depuis plusieurs semaines. Les rebelles se dirigent désormais vers Bicher et Oukaïlah, sur la route de Ras Lanouf, a affirmé le porte-parole qui s'attend à des combats dans cette zone dans la journée ou mardi.
Nouvelle critique de Moscou
La lenteur de l'avancée des insurgés a suscité des tensions au sein de l'OTAN. Certains pays membres militent pour une sortie négociée d'un conflit qui ne devait durer que quelques semaines. Les puissances mondiales et régionales au groupe de contact ont reconnu la semaine dernière à Istanbul le Conseil national de transition (CNT), la représentation politique de la rébellion, en tant qu'"autorité gouvernementale légitime" en Libye.
Une vingtaine de pays, dont la France, la Grande-Bretagne et l'Italie, considéraient déjà le CNT comme unique représentant du peuple libyen. Mais la Russie n'est pas près de leur emboiter le pas, estimant que cette reconnaissance diplomatique équivaut à prendre parti dans le conflit.
"Ceux qui annoncent (la reconnaissance du CNT) se mettent du côté d'une force politique dans la guerre civile", a déclaré lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à la presse.
Et le colonel Kadhafi, toujours combatif après cinq mois de conflit armé, de sanctions et d'isolement, a encore prévenu samedi que ses partisans ne laisserait jamais le pétrole "aux mains d'une bande de traîtres inféodée à l'OTAN", en allusion aux rebelles. La révolte libyenne est née il y a cinq mois et les premières frappes aériennes de la coalition remontent au 31 mars.
ats/vkiss