"Désormais, nous nous concentrons sur le Djebel Nefoussa, c'est la région (libérée) la plus proche de Tripoli. Ensuite il y a (l'enclave de) Misrata et Benghazi", fief de l'insurrection dans l'Est, a déclaré le général Hariri, chargé de la coordination entre le Conseil national de transition (CNT), dont le siège est à Benghazi, et "l'armée" des rebelles.
Bir Ghanam, à 75 km de Tripoli, est le prochain objectif sur le front de la vallée des rebelles de l'Ouest, actuellement positionnés à moins de 2 km de ce verrou stratégique sur la route de la capitale libyenne toujours en mains kadhafistes. La rébellion essaye de fournir aux rebelles des montagnes de l'Ouest davantage d'armes et de munitions, a précisé le général.
Armes nécessaires
Arrivé de Benghazi, le général Hariri a fait ces déclarations après une réunion à Jado (30 km à l'ouest de Zenten, centre névralgique de la rébellion dans l'Ouest) avec des officiers rebelles des conseils militaires de toutes les localités du Djebel Nefoussa. C'est la deuxième réunion du genre depuis le début de l'insurrection. "Il manque des armes et des munitions. Nous nous efforçons de trouver le moyen d'en obtenir auprès de pays amis comme la France", a expliqué le général. Certaines des munitions utilisées proviendraient d'ailleurs de Suisse (lire ci-contre).
Sur fond d'attaques des rebelles de l'Est cette semaine à Brega et la semaine dernière à Zliten, le général Hariri a aussi indiqué que la stratégie pour encercler Tripoli et lancer les offensives sur plusieurs fronts était organisée de Benghazi. Il a en outre confirmé que les rebelles tentaient de fomenter une insurrection de l'intérieur à Tripoli. "Nous nous préparons à aider les rebelles de Tripoli. Nous aimerions que (la grande bataille pour prendre la capitale) commence à Tripoli elle-même", a-t-il dit.
Plus de 20 morts à Brega
La mort de 24 combattants mardi soir témoigne des difficultés pour les insurgés de conquérir Brega. Il s'est agi de la journée la plus meurtrière pour les rebelles depuis le début de la bataille de la ville il y a presque une semaine. Les insurgés ont annoncé avoir encerclé la ville, qu'ils doivent prendre s'ils veulent poursuivre leur progression vers Tripoli. Mais ils sont toujours sous le feu des forces fidèles à Mouammar Kadhafi.
Selon un lieutenant des forces rebelles disant s'appeler Ihab, le secteur est miné et les forces kadhafistes ont creusé des tranchées qu'elles ont remplies de carburant prêt à être enflammé pour stopper une avancée des rebelles. Des affrontements à l'arme lourde ont également été signalés à Misrata, bastion des insurgés dans l'Ouest. Les rebelles ont fait état d'au moins 7 morts dans leurs rangs.
Aide française réclamée
A Paris, plusieurs chefs militaires rebelles de Misrata ont relayé auprès du président Nicolas Sarkozy la demande pour davantage d'aide de la France. Ils ont assuré être en mesure de faire tomber le bastion de Mouammar Kadhafi. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé n'a pas exclu que le dirigeant libyen puisse rester dans son pays s'il se met à l'écart de la vie politique. Pour les rebelles, "le peuple libyen n'acceptera pas que Kadhafi reste en Libye".
Le département d'Etat américain a de son côté fait savoir que des responsables américains avaient rencontré samedi en Tunisie des émissaires de Mouammar Kadhafi pour l'exhorter à quitter le pouvoir. Le départ de Mouammar Kadhafi n'est "pas sujet à discussion", a affirmé le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Obeidi, qui s'exprimait à l'issue d'un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou.
Dans un discours enregistré, l'intéressé s'est à nouveau dit prêt à résister jusqu'au bout. Washington estime toutefois que "tous les indicateurs" montrent qu'il perd le contrôle du pays.
ats/vkiss
Les rebelles tirent avec des munitions suisses
Les rebelles libyens utilisent aussi de la munition suisse pour leur lutte contre les troupes de Mouammar Kadhafi.
Selon l'émission "Rundschau" de la Télévision suisse alémanique, il s'agit de la munition M80, "OTAN compatible". Cette munition est produite par l'entreprise d'équipement étatique Ruag Ammotec à Thoune. Elle a été exportée par la firme FGS Frex à Oberägeri.
Les cartouches ont été exportées officiellement vers le Qatar, découvre-t-on en examinant les caisses de munitions trouvées en Libye. FGS Frex a confirmé à la télévision la vente au Qatar.
Selon la "Rundschau", le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a autorisé en 2009 l'exportation de munition vers ce pays. Le Qatar s'était toutefois engagé à ne pas transmettre ce matériel plus loin.
Les autorités suisses examinent actuellement la possible violation de cet engagement. Selon le SECO, cité par l'émission, aucune nouvelle autorisation d'exportation de matériel de guerre vers le Qatar ne sera délivrée tant que ce cas n'aura pas été élucidé.