Dernier fugitif recherché par le TPIY, Goran Hadzic, 52 ans, avait été arrêté mercredi au nord de Belgrade. Il est arrivé à Rotterdam peu après 14h30 à bord d'un avion qui avait décollé vers la mi-journée de Serbie.
Dès son arrivée à l'aéroport, Goran Hadzic a été pris en charge par des représentants du bureau du procureur et du greffier, en présence du consul de Serbie aux Pays-Bas, Marco Brkic. Il a ensuite été conduit au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, à une vingtaine de kilomètres de Rotterdam, où il est arrivé à 16h05, ont constaté des journalistes.
La ministre serbe de la Justice, Snezana Malovic, avait signé dans la matinée l'ordre d'extradition, dernière étape avant le départ de l'inculpé.
Première audition lundi
L'éphémère "président" de la "République serbe de Krajina" doit répondre de 14 chefs d'accusation devant le TPIY pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis durant la guerre de Croatie. Sa première comparution devant le TPIY aura lieu lundi à 16h00 à La Haye, a annoncé vendredi le greffier du tribunal.
Au cours de cette audience, M. Hadzic pourra plaider coupable ou non coupable. S'il le souhaite, il pourra bénéficier d'un délai de 30 jours avant que la question ne lui soit à nouveau posée. S'il plaide coupable de tous les chefs d'accusation, son procès n'aura pas lieu et le tribunal prononcera une peine.
Appel "inutile"
Goran Hadzic a été arrêté mercredi, après sept ans de fuite, dans la région de Fruske Gora, un massif montagneux au nord de Belgrade. Après avoir longtemps vécu sans se cacher à Novi Sad, en Voïvodine dans le nord de la Serbie, il avait disparu au moment de l'annonce de son inculpation en juillet 2004 par le TPIY.
Présenté le même jour au tribunal spécial serbe pour les crimes de guerre, il avait renoncé à faire appel de son transfèrement au TPIY. Selon son avocat, Me Toma Fila, Goran Hadzic a considéré une telle procédure d'appel comme inutile. En prenant cette décision, il a précipité son départ pour La Haye.
Peu de remous
Vendredi matin, avant son départ pour La Haye, M. Hadzic a été autorisé à se rendre auprès de sa mère et de sa fille enceinte à Novi Sad. Il avait par ailleurs reçu, avant son départ pour Novi Sad, la visite d'une ancienne compagne et de la fille qu'ils ont eue ensemble, ont indiqué les médias serbes. Sa femme, sa soeur et son fils étaient venus le voir jeudi.
Contrairement aux réactions de colère qui avaient accueilli l'arrestation de Ratko Mladic dans les milieux nationalistes le 26 mai dernier, la capture de Goran Hadzic n'a guère provoqué de remous en Serbie.
Espoirs européens
Goran Hadzic était le 44e et dernier inculpé que la Serbie devait remettre à la justice internationale. Il était également la dernière des 161 personnes mises en accusation par le TPIY toujours en fuite.
Avant lui, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic avait été arrêté et transféré à La Haye en mai dernier, tout comme Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, arrêté et extradé en juillet 2008.
Le nom de Hadzic reste lié au massacre de l'hôpital de Vukovar (est de la Croatie), en novembre 1991. En tout, 264 civils, Croates et autres non-Serbes qui s'y étaient réfugiés, avaient été exécutés par les forces serbes après avoir été battus et torturés.
Avec le transfèrement de Goran Hadzic vers la Haye, la Serbie considère avoir rempli ses obligations à l'égard du TPIY, espérant pouvoir engranger des résultats dans ses ambitions européennes. Le pays aspire pour la fin de l'année au statut de candidat à l'Union et à une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion.
agences/cmen