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Syrie: un million de manifestants, huit morts

Il y aurait eu au total 1,2 million de manifestants à Hama (photo) et à Deir Ezzor, comme le suggère cette capture d'écran d'une vidéo postée aujourd'hui sur YouTube. [YOU TUBE]
Il y aurait eu au total 1,2 million de manifestants à Hama (photo) et à Deir Ezzor, comme le suggère cette capture d'écran d'une vidéo postée aujourd'hui sur YouTube. - [YOU TUBE]
Plus d'un million de Syriens ont manifesté vendredi contre le régime de Bachar al-Assad, principalement à Hama et à Deir Ezzor. Huit civils ont été tués dans la dispersion de rassemblements, ont annoncé des militants.

Comme chaque vendredi depuis le début de la révolte mi-mars, les Syriens étaient appelés à manifester à la sortie des mosquées, après la prière hebdomadaire. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 1,2 million de personnes ont répondu à l'appel à Hama (centre) et à Deir Ezzor, près de la frontière irakienne.

"A Deir Ezzor, ils étaient plus de 550'000 à la fin de la manifestation, et à Hama, ils étaient plus de 650'000", a-t-il assuré, précisant que les forces de sécurité étaient absentes dans ces deux villes.

Démenti de la télévision d'État

La télévision publique syrienne a démenti une telle mobilisation, affirmant que seulement 2000 personnes avaient participé à la manifestation à Deir Ezzor. Les restrictions à la circulation imposées par les autorités syriennes n'ont pas permis à l'AFP de vérifier ces informations de manière indépendante.

Selon Rami Abdel Rahmane, les manifestants ont scandé des slogans contre le régime et exprimé leur solidarité avec les villes assiégées par les forces de sécurité, en particulier Homs (centre), théâtre de violences meurtrières depuis une semaine.

Dans cette ville située à 160 km au nord de Damas, plus de 25'000 personnes se sont rassemblées vendredi dans le jardin al-Oulou, dans un quartier majoritairement sunnite, tandis que d'autres quartiers étaient toujours assiégés par les forces de sécurité, selon l'OSDH.

Et les violences n'ont pas cessé vendredi. "Deux manifestants ont été tués par les tirs des forces de sécurité qui ont dispersé des manifestations" à Homs, a déclaré Abdel-Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme.

La Grande-Bretagne "horrifiée"

Plus au nord, "deux manifestants ont été poignardés devant la Mosquée Amné à Alep par des miliciens fidèles au régime qui ont pénétré dans la mosquée et attaqué" les fidèles, a-t-il ajouté, précisant que des dizaines d'autres manifestants avaient été blessés ou interpellés.

Il y a eu aussi deux morts et plusieurs blessés à Mleiha, dans la province de Damas, un autre mort à Aazaz, dans la province d'Alep, et un manifestant tué dans le village de Kfar Rouma, dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon les militants.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est déclaré "horrifié" par "la poursuite des violences en Syrie et le meurtre de manifestants pacifiques", dans un communiqué vendredi.

"Le régime a tué plus de 1500 civils et a du sang sur les mains", a poursuivi le ministre, assurant que le Royaume-Uni continuerait "d'oeuvrer en vue d'une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies appelant à la fin des violences".

Damas militarisée

A Damas, où seize manifestants avaient été tués le vendredi précédent par les forces de sécurité, des milliers de militaires ont été déployés tôt vendredi matin, isolant le quartier de Roukn Eddine où vit une importante communauté kurde.

Des milliers de personnes ont cependant manifesté dans la capitale après la prière du vendredi. Ils étaient environ 5'000 dans le quartier Midane et des milliers d'autres sont sortis de trois mosquées du quartier Hajar al-Assouad en scandant des slogans réclamant la liberté.

A Douma, une localité à 15 km de Damas où les communications téléphoniques et l'électricité étaient coupées selon un militant, les forces de sécurité quadrillaient le marché et la place de la Grande Mosquée. "Beaucoup d'habitants ont quitté la localité de crainte d'arrestations arbitraires", selon l'OSDH.

Des centaines de manifestants ont défilé dans les localités kurdes du gouvernorat d'Hassaké (nord-est), ainsi qu'à Soueida (sud) et plus de 12'000 personnes ont manifesté à Idleb (nord-ouest), selon des militants.

A Deraa (sud) où est née la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad le 15 mars, des agents de sécurité étaient déployés autour des principales mosquées mais "des jeunes ont défilé dans la rue al-Koussour et des tirs nourris ont été entendus", a déclaré Rami Abdel Rahmane.

afp/cmen

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Hommage à Homs

Dans leurs appels à manifester, les militants de la page Facebook "Syrian Revolution 2011" avaient dédié la journée à Homs. Dans cette ville, au moins 54 personnes ont péri depuis samedi, touchées par des tirs de l'armée ou tuées dans des affrontements entre opposants et partisans du pouvoir, selon des militants.

Parallèlement, les Comités de coordination de la Révolution syrienne, qui chapeautent les manifestants, ont mis en garde les Syriens contre les tentatives du régime d'"attiser" le confessionnalisme.

"Le régime criminel (...) planifie des assassinats et des explosions" contre des communautés particulières et il "va continuer d'armer certains habitants de la communauté alaouite (à laquelle appartient M. Assad), en leur faisant croire qu'ils sont menacés", ont-ils dénoncé dans un communiqué.