Au moins sept puissantes explosions ont secoué le centre de la capitale libyenne dans la nuit de vendredi à samedi vers 02h20 (00h20 GMT), selon un journaliste de l'AFP. Les explosions se sont produites notamment dans le secteur de la résidence de Mouammar Kadhafi au centre de Tripoli, qui a déjà été la cible de dizaines de raids de l'OTAN depuis le début en mars de l'opération militaire internationale en Libye.
Guerre d’intox
La télévision libyenne a annoncé peu après, citant une source militaire, que l'Alliance atlantique bombardait "des sites civils dans la capitale". Samedi à la mi-journée, deux nouvelles détonations ont retenti à nouveau dans le secteur de la résidence du colonel Kadhafi, selon un journaliste de l'AFP.
Auparavant, le régime libyen avait démenti des affirmations des rebelles selon lesquelles ils seraient parvenus à mener une attaque jeudi contre des dignitaires du régime, dont Seif al-Islam Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi le plus en vue. "Il n'y a pas eu d'attaque", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, accusant les rebelles de tenter de "booster leur moral avec des mensonges sur des petites victoires".
L'annonce de l'attaque avait été faite vendredi à Rome par le vice-président du Conseil national de transition (CNT), Ali al-Isawi, lors d'une conférence de presse avec le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Selon ce dernier, cette attaque démontre "que même à Tripoli, il y a une capacité de réaction forte et un signal très clair".
L’OTAN poursuit ses raids
L'OTAN de son côté a poursuivi ses opérations de soutien aux insurgés, en particulier dans les environs de Zliten, à 150 km à l'est de Tripoli, où de violents combats ont fait au moins 16 morts et 126 blessés côté insurgés cette semaine. Dans son communiqué quotidien samedi, l'Alliance a annoncé avoir détruit vendredi un dépôt militaire, 2 chars, deux batteries anti-aériennes et un véhicule blindé autour de Zliten.
D'autres raids ont également été conduits près de Brega (est), visant un dépôt et quatre véhicules blindés. Selon le régime libyen, ces attaques ont fait six morts dans une usine de fabrication de pipelines et le site a été sérieusement endommagé, ce qui pourrait compromettre le projet pharaonique de "Grande rivière artificielle".
Ce projet, dont le coût est estimé à 33 milliards de dollars, vise à extraire de l'eau enfouie en profondeur sous le Sahara au sud pour l'acheminer à travers le désert vers les villes de la côte, où se concentrent l'essentiel de la population.
Sur le front du sud-ouest, les rebelles ont déclaré vendredi être en attente d'ordres de leur hiérarchie basée à Benghazi (est) pour une poursuite des combats en direction de Tripoli. Les insurgés ont aussi reconnu qu'un "pont aérien" avait été établi entre Benghazi (est) et les montagnes de Nefoussa (ouest) pour convoyer des civils, avec l'autorisation de l'OTAN, chargé de faire appliquer la zone d'interdiction aérienne instaurée par l'ONU.
afp/bkel
Discussions autour de Kadhafi
Le colonel Kadhafi a réaffirmé jeudi soir qu'il était hors de question qu'il quitte le pouvoir à Tripoli, alors que se multiplient les contacts diplomatiques à son sujet.
Les ministres français et britannique des Affaires étrangères, Alain Juppé et William Hague, doivent évoquer lundi à Londres le dossier libyen.
Cette semaine, Alain Juppé avait évoqué la possibilité que Mouammar Kadhafi reste en Libye après son départ du pouvoir. Selon une source diplomatique russe citée vendredi par l'agence Interfax, la question d'un départ de Kadhafi du pouvoir a été discutée "assez concrètement" lors de la visite à Moscou de son ministre des Affaires étrangères Abdelati Obeidi.