Alors que le suspect arrêté en Norvège a avoué samedi être l'auteur de la fusillade qui a fait au moins 86 morts vendredi sur l'île d'Utoya (lire: Attentats d'Oslo), une messe a été donnée dimanche en hommage aux victimes. Scène rarissime, le roi Harald V a été vu les yeux rougis de larmes dans la cathédrale d'Oslo tandis que sa fille, la princesse Märtha-Louise, et son épouse, la reine Sonja, ne pouvaient, elles, retenir leurs sanglots. Dans l'assemblée de dignitaires vêtus de noir et d'anonymes, plusieurs personnalités prenaient leur tête entre les mains, prostrées et visiblement effondrées. Certains participants éclataient en larmes.
"Tragédie nationale"
Le Premier ministre Jens Stoltenberg n'a pas pu cacher non plus son émotion lors de sa prise de parole et c'est d'une voix étranglée qu'il a confié qu'il connaissait plusieurs des personnes qui ont péri dans le carnage de vendredi. "C'est une tragédie nationale", a-t-il déclaré. Les noms et photographies des victimes seront bientôt publiés, a-t-il annoncé. "L'ampleur du Mal émergera alors", a-t-il dit.
"Nous sommes un petit pays mais nous sommes un peuple fier", a ajouté le Premier ministre en précisant que son pays "n'abandonnera jamais ses valeurs". Assis au premier rang, Eskil Pedersen, le dirigeant du mouvement de la jeunesse travailliste, qui a été décimée dans la fusillade de vendredi, laissait aussi couler ses larmes.
Dehors, la foule, de tous les âges et de toutes les origines, n'a malheureusement pas pu entendre ni voir la célébration. Kent Eide, 30 ans, un bouquet de fleurs et un drapeau norvégien à la main, est venu "pour dire au reste du monde que nous restons fort". Comme de nombreux Norvégiens, le jeune homme se dit "choqué mais fier d'être présent".
Pendant la messe qui a duré une heure et demie, la foule s'est faite de plus en plus dense à l'extérieur, dans un silence pesant. Une longue file d'attente s'est formée pour déposer fleurs et bougies sur le parvis de la cathédrale sous l'oeil de dizaines de caméras et photographes du monde entier. "C'était important de venir. Il y a trois jeunes de mon coin qui sont morts vendredi", explique Lill-Hege Svendzen, une simple rose rouge à la main.
"C'est aussi important de montrer que les Norvégiens sont soudés", commente la jeune femme qui "vit dans le nord de la Norvège". Avant d'entrer dans l'église, le chef du gouvernement s'était incliné devant les bouquets à proximité de l'édifice religieux, un modeste bâtiment en pierres du centre d'Oslo. A leur sortie, plusieurs personnes se sont de nouveau effondrées en larmes devant ces témoignages d'anonymes.
Le père du suspect "choqué"
Jens Breivik, le père biologique du suspect des attaques d'Oslo, a expliqué dimanche qu'il avait reçu "un choc" en découvrant la photo de son fils sur les journaux en ligne. "Je lisais les nouvelles sur Internet, et soudain j'ai vu son nom et sa photo. C'était un choc, je ne m'en remets toujours pas", a déclaré le retraité, qui vit en France, au journal norvégien Verdens Gang.
Il affirme qu'il ignorait tout des activités de son fils. Divorcé de la mère du suspect peu après la naissance du garçon, le père explique avoir perdu contact avec son fils depuis 1995, lorsque celui-ci avait 15 ou 16 ans. "Nous n'avons jamais habité ensemble, mais nous avions quelques contacts durant son enfance", explique le retraité norvégien.
agences/bkel
La Jeunesse socialiste suisse attristée
La Jeunesse socialiste suisse porte elle aussi le deuil après l'attentat contre des jeunes travaillistes réunis dans une université d'été sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo. Des commémorations silencieuses ont eu lieu durant le week-end dans plusieurs villes, dont Berne, Bâle, Lucerne et Winterthour.
A Bâle, des membres de la formation ont allumé des bougies rouges sur la Place du marché. "La réponse à la violence est plus de démocratie et d'humanité", pouvait-on lire en lettres noires et rouges sur une banderole. Environ 70 personnes de tous âges ont pris part à cette commémoration spontanée.
Le président de la Jeunesse socialiste suisse, David Roth, a déclaré à l'ats être "stupéfait de cet acte incroyable". Sa formation a envoyé une lettre de condoléances à ses collègues norvégiens. Dans les villes où de tels hommages ont eu lieu, chaque section a décidé elle-même de la forme à leur donner.