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Oslo: Breivik inculpé de "crimes contre l'humanité"?

Anders Behring Breivik, surnommé "ABB", a refusé de plaider coupable, tout en reconnaissant être l'auteur du massacre. [Jon-Are Berg-Jacobsen]
Anders Behring Breivik, surnommé "ABB", a refusé de plaider coupable, tout en reconnaissant être l'auteur du massacre. - [Jon-Are Berg-Jacobsen]
Confrontée aux pires attaques perpétrées sur son territoire depuis la Seconde Guerre mondiale, la Norvège envisage de poursuivre Anders Behring Breivik pour "crimes contre l'humanité", un chef d'accusation passible de trente ans de prison. L'avocat du suspect a déclaré que son client était frappé de démence.

Se disant engagé dans une croisade pour "sauver la Norvège et l'Europe de l'Ouest face, entre autres, (...) à une invasion musulmane", le Norvégien de 32 ans a reconnu être l'auteur des deux attaques sanglantes de vendredi qui ont fait selon un bilan encore provisoire de 76 morts.

 Ce bilan, revu à la baisse, comporte huit personnes tuées dans l'attentat à la voiture piégée qui a ravagé le quartier des ministères et 68 abattues sur l'île d'Utoeya, où quelque 600 jeunes travaillistes étaient rassemblés.

Jusqu'à 30 ans de prison

La police norvégienne envisage d'invoquer une disposition introduite en 2008 dans le code pénal qui vise les "crimes contre l'humanité" et prévoit une peine de 30 ans de prison, a déclaré le procureur Christian Hatlo au journal "Aftenposten" paru mardi.

"La police a jusqu'à présent invoqué le paragraphe 147 qui porte sur le terrorisme, mais elle n'exclut pas de recourir à d'autres dispositions", a déclaré un porte-parole, Sturla Henriksboe. Ce paragraphe prévoit une peine maximale de 21 ans d'emprisonnement.

"Les noms des victimes vont être publiés progressivement, à mesure que les autopsies sont effectuées et que les proches sont prévenus", a dit Sturla Henriksboe. Cette publication a débuté mardi soir.

Des "cellules" à l'étranger?

Pendant ses auditions, Anders Behring Breivik a affirmé avoir opéré seul, mais il a aussi évoqué l'existence de "deux autres cellules", une affirmation que devront creuser les enquêteurs. D'autant que son avocat a déclaré mardi que le suspect également évoqué "plusieurs cellules à l'étranger".

 L'avocat, Geir Lippestad, a par ailleurs évoqué la question de la santé mentale de son client. "Toute cette affaire suggère qu'il est dément", a-t-il estimé. Selon l'avocat, Behring Breivik, qui refuse de plaider coupable, "pense qu'il est en guerre et que quand on est en guerre on peut faire ce genre de choses sans plaider coupable".

Si les examens psychiatriques concluent qu'il est un malade mental, alors "il ne pourra pas être condamné à de la prison", a-til fait valoir. L'avocat a toutefois ajouté que son client pourrait refuser de plaider la folie dans la mesure où il pense être "le seul à détenir la vérité". Geir Lippestad, qui est membre du Parti travailliste, a annoncé qu'il renoncerait à défendre son client si celui-ci ne se soumettait pas à des tests psychologiques.

L'extrémisme européen sous surveillance

A l'issue de sa première comparution devant le tribunal d'Oslo lundi, le juge Kim Heger a décidé de le placer en détention provisoire pour une période renouvelable de huit semaines, dont quatre en isolement total.

L'organisation européenne de coopération policière Europol a annoncé mardi qu'à la suite des attentats en Norvège, elle voulait établir un portrait de l'extrémisme de droite européen.

Les ministres européens de l'Intérieur vont aborder les questions de l'extrémisme, du radicalisme et de la xénophobie lors de leur prochaine rencontre, agendée à fin septembre. La Suisse va participer à cette réunion.

ats/sbo

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La police sous le feu des critiques

Interrogé sur les critiques portant sur l'action de la police le 22 juillet, en particulier sur le fait qu'après la première alerte elle a mis près d'une heure pour arriver sur l'île d'Utoya, le ministre norvégien de la Justice, Knut Storberget, a estimé que la police avait "extrêmement bien rempli son contrat".

A l'issue d'une visite des cadres de la police, le ministre a dit avoir remercié la police pour sa mobilisation et son travail "fantastique".

Le suspect avait été signalé aux services de sécurité norvégiens en mars à propos d'un achat modique de produits chimiques. Le fait a été jugé trop anodin pour y donner suite. "Même la Stasi en Allemagne de l'Est n'aurait pu détecter cette personne", a affirmé Janne Kristiansen, directrice de l'Agence de sécurité de la police (PST).