Le président déchu, réfugié en Arabie saoudite depuis le 14 janvier, avait déjà été condamné par contumace à un total de plus de 50 ans de prison dans deux procès différents (lire ci-contre).
Ce nouveau procès était lié à deux affaires d'achat et cession de deux terrains immobiliers au début des années 2000 dans un quartier huppé de Tunis. Sa fille Nesrine a été condamnée à 8 ans de prison dans la première affaire et son gendre Sakhr al Materi à 16 ans de prison pour les deux dossiers.
L'ancien président tunisien est accusé d'être intervenu personnellement pour permettre à son gendre d'acheter et de vendre les deux lots de terrain, aux Berges du Lac.
Des amendes salées
Pour la première affaire, concernant l'achat du terrain, Zine el Abidine Ben Ali et ses deux proches ont été également condamnés à verser 30 millions de dinars au total (environ 17,50 millions de francs) chacun. Ils sont également condamnés à verser collectivement 20 millions de dinars (environ 11,67 millions de francs) de dommages et intérêts à l'Etat dans cette affaire.
Dans le second dossier, le président déchu et son gendre sont condamnés à verser chacun 14 millions de dinars et ensemble 5 millions de dommages et intérêts. La Cour a rendu son verdict à l'issue d'une demi-journée d'audience et plusieurs heures de délibération.
Vente d'un terrain public
La deuxième affaire a trait à la cession d'un terrain initialement destiné à être aménagé en espace vert et revendu à une société appartenant à Sakhr el-Materi, toujours dans le même quartier chic des Berges du Lac de Tunis.
"C'est une perte pour l'Etat et le bien public. Nous réclamons la peine la plus lourde", a déclaré le représentant du procureur après la lecture des chefs d'inculpation. "Ces crimes sont très graves, considérant la qualité et les fonctions qu'occupait alors l'accusé principal Ben Ali", a-t-il ajouté.
Selon le chargé des contentieux de l'Etat, Ahmed Bouzekri, présent à l'audience, un rapport établit que les terrains ont été acquis à 23 dinars (11,5 euros) le mètre carré au lieu de 350 dinars (175 euros) leur prix réel, pour être revendus à 1500 dinars/m2, soit plus de six fois le prix en bénéfice illicite. "Les faits prouvent qu'il y a des infractions et des excès de pouvoir commis par l'ex-président pour les deux lots de terrain" concernés, a-t-il indiqué à l'AFP.
afp/sbo
93 chefs d'inculpation au total
Chassé par la révolte populaire, Zine El Abidine Ben Ali a déjà été condamné le 4 juillet à 15 ans et demi de prison et 54'000 euros pour détention d'armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques.
L'ex-président et son épouse Leïla Trabelsi avaient aussi écopé de 35 ans de prison et 45 millions d'euros d'amende pour détournement de fonds le 20 juin dernier.
Plus de 180 affaires sont actuellement instruites par la justice tunisienne à l'encontre du président déchu, qui doit répondre de 93 chefs d'accusation dont 35 devant une juridiction militaire.
Ben Ali est réfugié depuis le 14 janvier en Arabie Saoudite, qui n'a pas répondu pour l'instant aux demandes d'extradition de la Tunisie. Sakhr al-Materi, le gendre préféré de Ben Ali, est quant à lui réfugié au Qatar.