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La contestation sociale embarrasse Netanyahu

Benjamin Netanyahu a été brocardé par les manifestants. [Jack Guez]
Benjamin Netanyahu a été brocardé par les manifestants. - [Jack Guez]
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu réagit à la contestation sociale en cours. Son gouvernement a promis des réformes pour calmer les milliers de personnes qui sont descendues dans les rues samedi pour dénoncer la flambée des prix et les inégalités sociales.

Fragilisé par une contestation sociale d'une ampleur sans précédent en Israël, Benjamin Netanyahu a annoncé dimanche, à l'ouverture du Conseil des ministres, qu'il allait nommer une "équipe inter-ministérielle chargée de présenter un plan pour alléger le poids économique qui pèse sur les citoyens".

"Nous devons agir avec sérieux et responsabilité pour changer l'ordre des priorités dans le domaine économique", a ajouté le Premier ministre, qui a chargé cette équipe d'organiser une "table ronde à laquelle seront conviés des représentants des différents secteurs de la population".

"Le peuple veut la justice sociale"

Cette décision intervient au lendemain de manifestations massives à travers le pays qui ont réuni 150'000 Israéliens selon les médias, plus de 100'000 d'après la police. Des rassemblements ont eu lieu dans une dizaines de villes, dont 50'000 personnes à Tel-Aviv, 15'000 à Jérusalem et 10'000 à Haïfa.

La protestation, qui visait au départ la flambée des prix des logements, porte plus généralement sur l'aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation. La contestation est partie en premier lieu de la classe moyenne écrasée par l'augmentation constante du coût de la vie, résultat d'une économie de marché contrôlée par quelques familles.

Les manifestants, en majorité des jeunes laïcs, ont pour principal slogan "Le peuple veut la justice sociale pas la charité". Ils réclament un retour à un "Etat providence" tel qu'il avait été mis en place par la gauche sioniste dans les premières années de l'Etat. Avançant toute une gamme de revendications, ils ont fustigé le Premier ministre, accusant le pouvoir d'être au service de magnats de la finance, s'insurgeant contre la force des monopoles et des cartels en Israël, et réclamant la baisse des impôts indirects.

Le gouvernement pas encore menacé

"Le Premier ministre est conscient d'un mécontentement authentique dans des couches de la population qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois", a déclaré à la radio publique le porte-parole du Premier ministre Gédéon Shmerling. Il a indiqué que Benjamin Netanyahu examinait une diminution des impôts indirects et voulait favoriser la concurrence en réduisant la concentration des capitaux entre les mains d'un petit nombre.

Pour l'heure, la contestation ne menace pas de faire chuter le gouvernement qui dispose d'une forte majorité au Parlement, basée sur l'alliance entre droite, extrême droite et partis religieux. Et Benjamin Netanyahu, dont la popularité est en forte baisse, n'a aucune raison de provoquer des élections anticipées avant l'échéance prévue de 2013.

Selon le politologue Yaron Ezrachi, le problème du gouvernement, "c'est que pour satisfaire tout le monde il devra payer un prix économique trop élevé". Ce professeur de l'Université hébraïque de Jérusalem s'attend à ce que l'extrême droite et les religieux "soient les premiers à quitter un navire qui coule".

D'après un sondage publié cette semaine par le journal Haaretz, 87% des Israéliens soutiennent le mouvement de protestation et 54% se disent "mécontents" de la gestion de cette crise par M. Netanyahu.

agences/boi

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La presse peu optimiste pour Netanyahu

Pour la presse, cette contestation commence à poser un sérieux défi au gouvernement de Netanyahu.

"Le peuple a exprimé sa voix", titre le quotidien populaire Maariv. "La mauvaise nouvelle pour Netanyahu, c'est la force de la contestation. La bonne, c'est qu'elle ne touche pas sa base électorale, notamment le public religieux", estime-t-il dans son éditorial.

"Jamais encore de telles foules n'étaient descendues dans la rue sur des thèmes sociaux", affirme pour sa part le quotidien à grand tirage "Yediot Aharanot". "Cet engagement tranche avec l'indifférence et le cynisme que caractérisaient jusqu'alors toute une partie de la population", souligne le journal.

Le journal note "l'hostilité, voire la peur panique que le mouvement de contestation provoque au sein de la direction des colons" juifs en Cisjordanie, qui accusent la gauche de le manipuler.

"Bye bye Bibi", titre de son côté le "Haaretz" (gauche libérale), en référence au surnom de Netanyahu. "La nuit dernière Benjamin Netanyahu a lamentablement perdu le pouvoir. Peu importe s'il parviendra à s'y accrocher encore longtemps. Il aura beau faire des promesses (qu'il ne tiendra pas), il est fini", prédit-il.

Le quotidien gratuit "Israël Hayom", proche du Premier ministre, annonce quant à lui que le chef du gouvernement va prendre des mesures pour "réduire la cherté de la vie et baisser les impôts indirects".