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Dette américaine: compromis critiqué par la presse

Le New York Times estime que l'accord est "épouvantable". [New York Times]
Le New York Times estime que l'accord est "épouvantable". - [New York Times]
Plusieurs grands journaux américains ont fustigé l'accord sur le plafond de la dette conclu dimanche soir entre le président Barack Obama et les responsables du Congrès, le décrivant comme une "capitulation" face aux conservateurs extrémistes. Des voix critiques s'élèvent également du côté de la Chine et de la Russie.

"Pour éviter le chaos, un accord épouvantable", titrait un éditorial du New York Times. "L'accord va permettre d'éviter à court terme, et probablement tout au long de 2012, un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques", constatait le prestigieux quotidien, ajoutant cependant: "le reste de l'accord est une capitulation quasi-totale face aux demandes et aux prises en otage de républicains extrémistes; il va porter atteinte aux programmes bénéfiques à la classe moyenne et aux pauvres et freiner la relance économique" du pays.

Coupes inquiétantes

Le compromis dégagé in extremis dimanche soir sur le relèvement du plafond de la dette américaine, à moins de deux jours de la date butoir fixée par le Trésor, prévoit une hausse du plafond d'au moins 2100 milliards de dollars pour permettre aux Etats-Unis de faire des emprunts et rembourser leurs créanciers jusqu'en 2013.

Le Premier ministre Vladimir Poutine, le 3 août 2010, près de Moscou
Le Premier ministre Vladimir Poutine, le 3 août 2010, près de Moscou

Le texte propose en parallèle une première réduction des dépenses, sans augmentation d'impôts, de 1000 milliards de dollars (lire: Dette américaine). Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver avant le 23 novembre (vote au Congrès dans son ensemble avant le 23 décembre) des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1500 milliards.

Dans le cas où aucun accord n'interviendrait, un mécanisme contraignant se mettrait en place pour imposer automatiquement un certain nombre de coupes, dispositif qui suscitait l'inquiétude du Washington Post.

"Est-ce que des coupes arbitraires et importantes dans les dépenses militaires sont très conseillées au beau milieu d'opérations en Afghanistan?", écrivait le journal, insistant: de telles coupes "sont(-elles) quelque chose de sensé, en particulier en période d'économie hésitante?".

Le quotidien de la capitale soulignait par ailleurs que l'accord conclu entre la Maison Blanche et les responsables du Congrès "n'est pas une solution dont quiconque impliqué dans ces négociations peut être fier".

Un compromis qui "repousse le problème"

USA Today notait de son côté que le compromis de dernière minute n'a rien "d'idyllique". "Dans l'ensemble, il ne fait que repousser un peu plus loin le problème du déficit et de la dette du pays, en le renvoyant à une commission spéciale de plus, sans résoudre les questions prioritaires sous-jacentes". Et de reconnaître cependant qu'"éviter une crise restait de loin préférable à en affronter une".

Le Wall Street Journal, dont les éditoriaux sont souvent marqués à droite, s'enthousiasmait en revanche du compromis, "meilleur que ce qui semblait réalisable ces dernières années". Pour le quotidien économique, le texte est dans l'ensemble un "triomphe pour le (mouvement conservateur du) tea party" et une "victoire pour les partisans d'un gouvernement réduit", car il n'impose aucune augmentation d'impôts et propose de "réelles coupes budgétaires immédiates" - "bien que plus petites que ce que nous aurions espéré", ajoute-t-il.

L'éditorial avertit cependant que les coupes dans le budget de la défense risquent de faire des "dégâts" dans la sécurité nationale des Etats-Unis, "c'est la partie la plus mauvaise de l'accord et le but de Barack Obama va être de pousser les républicains à choisir entre augmentation des impôts ou coupes destructrices dans le budget de la défense".

Le Chicago Tribune regrettait également que cet accord n'aille pas assez loin dans les réductions budgétaires, craignant qu'il ne soit pas suffisant pour "permettre aux Etats-Unis de conserver la note attachée à leur dette publique", actuellement la plus meilleure possible (AAA). "Les agences de notation pourraient estimer que Washington n'a pas le cran suffisant pour abaisser la dette à un niveau raisonnable", poursuivait le journal.

afp/bkel

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TV chinoise critique

La télévision d'Etat chinoise a critiqué lundi l'accord de dernière minute conclu entre le président Barack Obama et le Congrès pour relever le plafond de la dette américaine, jugeant que celui-ci était plus un "effet d'annonce" qu'un accord de "fond".

"Il s'agit d'un spectacle politique qui est plus un effet d'annonce qu'[un accord de] fond", a estimé China Central Television dans l'un de ses rares éditoriaux diffusés lors de son journal du soir.

Le gouvernement chinois n'a pour l'instant pas réagi officiellement à l'accord américain, qui doit permettre de prévenir un potentiel défaut de paiement catastrophique pour la plus grande économie du monde.

La Chine est de loin la plus grande créancière des Etats-Unis, et détenait en mai 2011 quelque 1160 milliards de dollars de bons du Trésor américains, selon des chiffres de Washington.

Pour sa part, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a accusé lundi les Etats-Unis de "parasiter" l'économie mondiale avec leur dette, au cours d'une rencontre avec un mouvement de jeunes favorable au pouvoir. "Le pays vit à crédit, au-delà de ses moyens et fait reposer une partie de la charge (de sa dette) sur l'économie mondiale. Il parasite l'économie mondiale en usant de la situation de monopole du dollar", a-t-il lancé.