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Corne de l'Afrique: la famine risque de s'étendre

La sécheresse en Afrique de l'Est menace environ douze millions de personnes, selon l'ONU. [KEYSTONE - Farah Abdi Warsameh]
La sécheresse en Afrique de l'Est menace environ douze millions de personnes, selon l'ONU. - [KEYSTONE - Farah Abdi Warsameh]
La famine affectant deux régions du sud de la Somalie risque de s'étendre à l'ensemble du sud du pays, ont averti l'ONU et plusieurs organisations humanitaires qui peinent à enrayer les effets dévastateurs de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique. Face à l'urgence, les USA ont décidé d'alléger leurs sanctions sur les shebab islamistes.

"D'ici août-septembre, toutes les régions du sud somalien sont susceptibles d'étre confrontées à la famine", a mis en garde le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) mardi dans un communiqué. L'ONG britannique Oxfam a dressé le même constat, mettant en cause la combinaison de facteurs aggravants: absence de pâturages pour les troupeaux, augmentation constante du prix des denrées alimentaires et faibles récoltes.

La crise s’étend

Lundi, la chef des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos avait tiré la sonnette d'alarme en des termes similaires: "si nous ne sommes pas capables de la contrôler maintenant, elle (la famine) pourrait s'étendre à cinq ou six autres régions en Somalie", a-t-elle dit, appelant à une "solution de grande envergure".

Les insurgés islamistes shebab bloquent l'accès des humanitaires à certaines régions. [KEYSTONE - Farah Abdi Warsameh]
Les insurgés islamistes shebab bloquent l'accès des humanitaires à certaines régions. [KEYSTONE - Farah Abdi Warsameh]

La sécheresse en Afrique de l'Est menace environ 12 millions de personnes, selon les Nations Unies. Quelque 564’000 d'entre elles risquent de mourir faute d'intervention urgente, selon l'ONU et Oxfam.

La crise humanitaire pourrait également s'étendre géographiquement, l'organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) ayant indiqué mardi que l'Ouganda commençait à être touché par la sécheresse et l'insécurité alimentaire.

La situation est particulièrement critique en Somalie en raison de la difficulté, voire de l'impossibilité d'accès aux zones contrôlées par les insurgés shebab, qui ont interdit depuis 2009 l'accès de leur territoire aux agences humanitaires de l'ONU et à nombre d'ONG internationales.

Moyens insuffisants

Outre les difficultés d'accès en zone shebab ou à Mogadiscio en raison des combats, les humanitaires font face à une réponse insuffisante selon eux, et parfois désordonnée, des bailleurs de fonds. Un milliard de dollars ont déjà été promis par la communauté internationale pour répondre au problème mais les Nations Unies ont un "besoin urgent de 1,4 milliard de dollars supplémentaires pour sauver des vies", selon Valerie Amos.

Mardi, l'agence onusienne pour l'Enfance (Unicef) a réclamé la gratuité du fret aérien pour transporter les 5000 tonnes métriques d'aide alimentaire actuellement stockées en France, Italie et Belgique, qu'elle prévoit d'acheminer par voie aérienne pour venir en aide à 300’000 enfants. "Un transport de la France vers Nairobi, de 100 tonnes métriques par un avion cargo Jumbo coûte 350.000 dollars, ce qui est très cher, car cela revient à peu près à la valeur de la cargaison ", a expliqué un porte-parole de l'Unicef depuis Genève.

L'Italie a annoncé l'envoi d'un avion transportant 40 tonnes d'aide humanitaire à destination des réfugiés somaliens du camp de Dadaab, dans l'est du Kenya, submergé par l'afflux massif de familles épuisées et d'enfants en état de malnutrition aiguë. De son côté, le président somalien Sharif Cheikh Ahmed, dont le gouvernement ne contrôle qu'une partie de la capitale somalienne, a déploré le manque de coordination des aides africaines et arabes à destination de la Somalie, en marge d'une visite officielle au Soudan. Une réunion des donateurs pour les victimes de la sécheresse en Somalie se tiendra dans une semaine à Addis Abeba, organisée par l'Union africaine.

afp/bkel

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Main tendue aux shebab

Mardi, les Etats-Unis ont décidé d'alléger les sanctions liées aux shebab, classés "organisation terroriste" par Washington, afin de faciliter l'acheminement de l'aide.

Les sanctions américaines contre les shebab sont maintenues mais les Etats-Unis ne poursuivront pas les groupes qui feront "des efforts de bonne foi pour distribuer de la nourriture", selon des responsables américains.

"Notre objectif numéro un est de sauver des vies. Le temps n'est pas de notre côté", a dit un responsable.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre les shebab en 2008, interdisant de fournir toute forme de soutien aux insurgés, ce qui a suscité la crainte de certaines organisations d'aide humanitaire d'être poursuivies si elles travaillent avec les milices.
"Face à cette crise et aux besoins humanitaires exceptionnels, nous avons adopté de nouvelles procédures qui autorisent plus de souplesse", a dit un autre responsable américain.