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Moubarak plaide non coupable devant la justice

Image d'Al-Jazeera avec Hosni Moubarak sur un lit d'hôpital dans la salle d'audience du Caire mercredi. [Al Jazeera]
Image d'Al-Jazeera avec Hosni Moubarak sur un lit d'hôpital dans la salle d'audience du Caire mercredi. - [Al Jazeera]
Le président égyptien déchu Hosni Moubarak a comparu devant la justice égyptienne mercredi au Caire, afin d'être jugé pour corruption et meurtres aux côtés de ses deux fils. Tous trois ont plaidé non coupables en attendant la reprise du procès le 15 août. Des heurts se sont produits devant le tribunal.

Le procès historique pour l'Egypte et le monde arabe de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, 83 ans, s'est ouvert mercredi au Caire, moins de six mois après la chute de l'ancien homme fort. Un peu partout en Egypte, la population s'est rassemblée devant les téléviseurs pour ne rien manquer de l'événement. Hosni Moubarak est le premier dirigeant du Moyen-Orient à comparaître devant un juge depuis le début du "printemps arabe".

"Non coupables"

Hosni Moubarak, poursuivi pour le meurtre de manifestants pendant la révolte qui a renversé son régime et pour corruption, a plaidé non coupable, restant couché sur une civière durant toute l'audience. "Toutes ces accusations, je les nie complètement", a déclaré d'une voix rauque mais sur un ton ferme le président déchu dont c'était la première apparition publique depuis le 11 février. Ses fils Alaa et Gamal, accusés de corruption, se sont également dits non coupables.

Voir la vidéo de France24 avec les images du procès et les commentaires.

Ces derniers, debout dans l'une des deux cages installées dans l'académie de police du Caire, se sont relayés auprès de lui dans le box grillagé tout au long de l'audience, le cachant parfois partiellement à la caméra de la télévision d'Etat, qui retransmet le procès en direct. Ils tenaient tous deux des livres à la main, probablement des exemplaires du Coran.

Ajournement au 15 août

Le président du tribunal, Ahmed Refaat, a prononcé l'ajournement du procès au 15 août et ordonné que l'ancien président, malade, soit admis dans un hôpital près du Caire jusqu'à la prochaine audience.

Egalement présents en tant qu'accusés, l'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli ainsi que six hauts responsables de la police répondent des mêmes accusations. Leur procès a été pour sa part ajourné au jeudi 4 août. Quant à l'homme d'affaires Hussein Salem, un proche des Moubarak qui a fui en Espagne, il est pour sa part jugé par contumace.

Heurts devant le tribunal

Selon plusieurs témoignages sur Twitter, des heurts se sont produits tout au long de la matinée devant le tribunal, mettant aux prises partisans et opposants au président déchu. La correspondante de Libération et Radio France évoquait une cinquantaine de blessés en début d'après-midi.

Millions de dollars détournés

Alaa (gauche) et Gamal Moubarak sont accusés d'avoir incité à ouvrir le feu sur les manifestations. [AFP - Amro Maraghi]
Alaa (gauche) et Gamal Moubarak sont accusés d'avoir incité à ouvrir le feu sur les manifestations. [AFP - Amro Maraghi]

Tous les accusés sont jugés pour avoir détourné des millions de dollars d'argent public et d'avoir ordonné le meurtre de manifestants antirégime pendant le soulèvement populaire de janvier-février, qui a fait près de 850 morts et abouti à la chute de Hosni Moubarak. Plus d'un millier de policiers et de soldats seront déployés pour assurer la sécurité du bâtiment.

Etat de santé incertain

Près de 600 personnes - avocats, familles des victimes, journalistes - ont été autorisées à assister au procès. Farid al-Dib, l'avocat d'Hosni Moubarak, a assuré que son client souffrait d'un cancer et, la semaine dernière, qu'il était dans le coma, ce que l'hôpital a démenti. L'un de ses médecins a affirmé qu'il était dans un état relativement stable mais qu'il était faible, car il refuse de s'alimenter, et est très déprimé.

agences/gax

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Amnesty demande un procès équitable

Amnesty International a demandé mardi un procès "équitable et transparent" pour l'ancien président égyptien Hosni Moubarak.

"Ce procès donne une occasion historique à l'Egypte de demander à un ancien dirigeant et à son cercle rapproché des comptes pour les crimes commis durant leur règne", estime Amnesty.

"Mais pour que le procès représente une rupture significative avec le passif égyptien d'impunité, il doit être à la fois équitable et transparent. Le procès ne doit pas seulement être équitable, il doit aussi être perçu comme équitable, à commencer par les familles de ceux qui sont morts pendant les manifestations", poursuit l'ONG.

Le procès d'Hosni Moubarak est l'une des principales revendications des militants pro-démocratie, de plus en plus critiques à l'égard de l'armée car ils considèrent que les militaires, au pouvoir depuis la chute d'Hosni Moubarak, ne veulent pas le voir dans le box des accusés.

Fonds gelés: la Suisse attend

Berne attend toujours des compléments d'information du Caire concernant les fonds égyptiens gelés, a indiqué mercredi l'Office fédéral de la justice (OFJ). Au total 410 millions de francs appartenant à l'ex-président égyptien Hosni Moubarak et son entourage avaient été bloqués dès la chute du raïs. Une délégation helvétique d'experts s'est rendue en mai au Caire pour apporter son soutien aux autorités judiciaires égyptiennes dans l'établissement de la procédure d'entraide judiciaire.

La Suisse souhaite restituer à l'Egypte les fonds d'origine illégale. Mais l'origine légale ou illégale des avoirs n'est pas démontrée par le biais du blocage et il appartient à l'Egypte de démontrer, via des procédures pénales, si les fonds gelés ont été acquis frauduleusement, avait alors expliqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).