Le président de la juridiction, Rodion Kireev, a donné satisfaction au parquet qui avait réclamé l'incarcération d'Ioulia Timochenko en raison de violations répétées des injonctions du tribunal.
Immédiatement après cette décision, l'opposante a demandé à ne pas être menottée dans la salle d'audience et a salué de la main ses soutiens.
Elle a ensuite été évacuée par des policiers, et Ioulia Timochenko a tout de même vu ses poignets entravés.
Des partisans de l'ex-Premier ministre dans la salle ont aussitôt crié: "Honte!", "Honte!". A l'extérieur du bâtiment, une cinquantaine de sympathisants de Ioulia Timochenko ont tenté de bloquer le passage du fourgon cellulaire, certains s'allongeant devant le véhicule.
Quelque 200 policiers anti-émeutes ont alors été déployés. Ils ont encerclé la camionnette qui a pu rejoindre au pas l'avenue centrale de Kiev, Khrechtchatik, avant de prendre la direction d'un centre de détention provisoire de la capitale.
Témoignage à charge du Premier ministre en fonction
Peu avant son arrestation, le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a livré un témoignage à charge contre Ioulia Timochenko au cours d'une audition qui n'avait pas été annoncée au préalable.
Agée de 50 ans, Ioulia Timochenko est accusée d'avoir outrepassé ses pouvoirs de Premier ministre en 2009 en autorisant, sans l'approbation du gouvernement, la signature de contrats sur l'importation de gaz russe à un prix trop élevé et donc très désavantageux pour Kiev.
L'opposante a dénoncé sans relâche des poursuites politiques au cours du procès qui s'est ouvert le 24 juin et a été critiqué dès le début par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Lors de l'audience, Mykola Azarov a été interrogé sur les contrats gaziers de 2009 signés par Ioulia Timochenko et le Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Le chef du gouvernement ukrainien a indiqué avoir posé plusieurs fois la question à Vladimir Poutine, afin de savoir comment ces "contrats peu avantageux pour l'Ukraine" avaient été conclus.
"Il m'a répondu qu'il ne comprenait pas lui-même et que ce serait mieux de demander cela aux responsables ukrainiens, qui sont censés représenter les intérêts de l'Ukraine", a déclaré Mykola Azarov, renvoyant ainsi la responsabilité sur Ioulia Timochenko.
Selon l'accusation, ces accords ont causé à l'Etat ukrainien des pertes de plus de 1,5 milliard de hryvnias (environ 140,75 millions de francs suisses). Le gouvernement ukrainien cherche désormais comment réviser ces contrats, a assuré Mykola Azarov.
La procureure Lilia Frolova s'est à nouveau plainte du comportement de Ioulia Timochenko, qui est très active sur Twitter (lire ci-contre), comme lors de précédentes audiences, et a requis pour la deuxième fois en 15 jours son placement en détention provisoire. La première requête avait été rejetée par le tribunal la semaine dernière. L'ex-Premier ministre était jusqu'ici placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter Kiev.
afp/hof
Des tweets ironiques
En cours d'audience, Ioulia Timochenko a envoyé des messages à foison diffusés sur Twitter.
"Si on écoute ce que raconte Mykola Ianouvytch (Azarov), ce n'est pas d'un interrogatoire qu'il a besoin, mais d'un IRM, d'un massage, d'une tisane au tilleul et d'un calme total", a écrit Ioulia Timochenko.
Après la demande de son placement en détention, Ioulia Timochenko a écrit: "Allons-y maintenant pour une motion d'exécution par balle, donnez (à la procureur) un revolver", a-t-elle ironisé sur Twitter.