"Les tirs d'obus et de mitrailleuse d'hier ont cessé. Des chars et des véhicules blindés se sont déployés partout dans la ville", a dit un habitant de Hama qui s'est présenté comme un commerçant du nom de Djamal.
S'exprimant par téléphone satellite, il a déclaré que l'eau et les moyens de communication classiques restaient coupés et que l'électricité n'avait fonctionné que quelques heures durant la nuit. Il a précisé que les rues étaient vides dans cette ville de 700'000 habitants, bastion de l'opposition sunnite situé dans le centre de la Syrie.
Tristes souvenirs
Hafez al Assad, père de l'actuel président, avait fait mater une rébellion islamiste en 1982 à Hama, où des dizaines de milliers de personnes furent tuées. La ville demeure un symbole de résistance en raison de cet épisode sanglant, et parce qu'elle a été, avant que les chars y soient envoyées cette semaine, le théâtre de certaines des plus grandes manifestations contre le régime.
Dans la province orientale agitée de Daïr az Zour, des habitants ont de leur côté dit se préparer à un assaut de l'armée contre la capitale régionale.
Les autorités syriennes imputent la violence à des groupes armés et à des extrémistes religieux qui ont, selon elles, tué 500 policiers et soldats. D'après des groupes de défense des droits humains, les forces de sécurité syriennes ont tué au moins 1'600 civils depuis le début des troubles en mars.
Etats du Golfe "préoccupés"
Dans leur premier commentaire public sur la situation en Syrie, les Etats arabes du Golfe ont exprimé samedi leur "préoccupation et (leurs) regrets les plus grands" devant la "montée de la violence et le recours excessif à la force". Mais sans critiquer directement Bachar el-Assad.
Les riches producteurs et exportateurs de pétrole du Golfe, soucieux de contenir leurs propres dissidents, avaient jusqu'ici gardé le silence sur la violente répression en cours en Syrie.
Dans un communiqué, les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) réclament "un arrêt immédiat des violences et de toute activité armée, l'arrêt des effusions de sang, le recours à la sagesse et la mise en oeuvre de réformes sérieuses et nécessaires".
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a lui déclaré ne plus considérer Bachar Assad comme un interlocuteur valable, ajoutant que l'Allemagne compte réduire ses contacts avec Damas à un niveau minimal.
agences/cmen
ARRESTATION DE WALID AL-BOUNNI, UN IMPORTANT OPPOSANT
Les forces de sécurité syriennes ont arrêté samedi soir l'opposant Walid al-Bounni et ses deux fils Moayed et Ayad à son domicile dans la banlieue de Damas, a annoncé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Agé de 47 ans, M. Bounni est l'un des opposants les plus en vue à Damas.
"Les services de sécurité syriens ont arrêté samedi soir l'opposant et ancien prisonnier politique Walid al-Bounni", a déclaré M. Abdel Rahmane.
En 2000, M. Bounni avait été l'un des animateurs du "printemps de Damas", période de débats et d'espoir de libéralisation qui a suivi l'arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad, avant d'être arrêté pour cela en 2001.
Médecin de formation, il avait été en 2005 l'un des signataires de la "Déclaration de Damas", un document dans lequel des partis d'oppositions laïcs syriens réclamaient un "changement démocratique radical".
C'est un "militant, social, politique et des droits humains", a souligné M. Abdel Rahmane.
Arrêté et condamné à de nombreuses reprises, il avait été libéré la dernière fois en juin 2010. Mais depuis le début mi-mars de la révolte contre le régime, il s'est livré à des critiques virulentes contre le pouvoir.
Moscou et Ankara aussi
L'offensive lancée par le pouvoir pour reprendre le contrôle de Hama, où d'énormes manifestations antigouvernementales se succédaient depuis deux mois, a été condamnée par l'ONU et vivement critiquée par des pays comme la Russie et la Turquie, naguère proches de Damas.
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, dont le gouvernement soutenait fermement Bachar Assad voici encore peu, a dénoncé des "développements inacceptables".
Le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont décidé d'étudier de nouvelles mesures pour faire pression sur Bachar Assad, a indiqué la Maison blanche vendredi.
Barack Obama a eu des entretiens téléphoniques séparés avec les dirigeants européens, qui ont tous condamné le "recours aveugle (de Damas) à la violence contre la population syrienne".