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Tottenham: un quartier de Londres à feu et à sang

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Quartier pluri-ethnique, Tottenham a été le théâtre de pillages et d'incendies. - [APTN]
De violentes émeutes ont secoué dans la nuit de samedi à dimanche le quartier multiethnique de Tottenham, dans le nord de Londres. Des véhicules et des bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés et 29 personnes blessées lors des pires incidents que la ville ait connu depuis des années.

La police, qui a bouclé plusieurs rues du quartier, "reprenait lentement le contrôle" de Tottenham dimanche, a dit un responsable de Scotland Yard, Adrian Hanstock, lors d'un point de presse. Les violences ont fait 29 blessés: 26 parmi les forces de l'ordre, dont deux étaient encore hospitalisés dimanche, et trois dans le public, selon la police qui a procédé à 48 arrestations.

Les troubles ont éclaté dans la foulée d'une manifestation samedi soir pour réclamer "justice" après la mort, jeudi par la police à Tottenham, d'un homme de 29 ans, Mark Duggan.

Cocktails molotov et pillages

A l'issue de ce rassemblement, environ 200 personnes ont jeté des cocktails molotov et des projectiles en direction des policiers et mis le feu à un bus à impériale et trois voitures de police. La police montée et des unités anti-émeute ont chargé les émeutiers pour les repousser.

Plusieurs bâtiments ont totalement été ravagés par les flammes, et les pompiers s'activaient encore dimanche matin pour venir complètement à bout des incendies. Les fauteurs de troubles ont aussi saccagé des distributeurs de billets et des magasins, d'où des personnes cagoulées sont sorties en poussant des chariots remplis de marchandises.

"Ce sont des scènes très pénibles pour les Londoniens en général et la communauté locale en particulier", a déclaré un responsable de la police, Stephen Watson.

Habitants sous le choc

Le gouvernement a dénoncé ces violences "totalement inacceptables". "Il n'y a aucune justification pour les agressions auxquelles la police et le public ont été confrontés et pour les dégâts" causés, a affirmé le bureau du Premier ministre David Cameron.

Un supermarché de la chaîne "Aldi était en feu et des barricades étaient mises en place par les émeutiers. C'était vraiment effrayant", a témoigné Stuart Radose, un habitant du quartier dont l'immeuble a été incendié et qui a dû trouver refuge pour la nuit chez son père.

"On est revenu ce matin, il ne reste plus rien, c'est de la folie. Tant de gens ont tout perdu, c'est dingue. On dirait que c'est la Seconde Guerre mondiale, qu'il y a eu un bombardement !", a-t-il ajouté "sous le choc".

Colère

La famille du jeune homme tué jeudi a appelé dimanche au calme. "Nous ne tolérons pas ce genre d'actions", a déclaré le frère de la victime, Shaun Hall, sur Sky News.

La manifestation de samedi était organisée par des proches de Mark Duggan qui voulaient obtenir "justice" pour sa famille, a expliqué une amie du jeune homme, qui s'est présentée sous le nom de Nikki, 53 ans. "Ce gars n'était pas violent. Certes, il était impliqué dans des trucs, mais ce n'était pas une personne agressive. Il n'avait jamais blessé personne", a-t-elle affirmé.

Classford Stirling, un éducateur de Broadwater Farm, a également expliqué que la colère montait depuis un moment contre les contrôles policiers. "Ce n'étaient pas que des jeunes Noirs. C'étaient des jeunes en général frustrés par la manière dont la police les traite", a-t-il dit à la BBC.

Mark Duggan a été tué lors d'une opération de la police contre la criminalité au sein de la communauté noire. Sa mort est "absolument regrettable" mais "cela ne donne pas le droit à une minorité de délinquants de détruire des commerces (...) et de voler", a estimé Adrian Hanstock dimanche.

agences/cmen

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Tottenham, quartier pluriethnique

Tottenham compte un grand nombre de minorités ethniques et certains quartiers affichent les taux de chômage parmi les plus élevés de Londres.

Ce quartier avait déjà été le théâtre de très violentes émeutes en 1985, qui avaient éclaté après une descente de police chez des particuliers, qui s'était soldée par le décès d'une femme de 49 ans à la santé fragile. Lors des affrontements qui avaient suivi, un policier avait été tué à coups de machette.