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Syrie: l'armée poursuit son déploiement, 52 morts

L'armée syrienne se déploie dans les principaux sièges de la contestation. [Shaam News Network]
L'armée syrienne se déploie dans les principaux sièges de la contestation. - [Shaam News Network]
L'armée syrienne a poursuivi dimanche sa répression sanglante de la contestation populaire, lançant un raid sur la ville de Deir el-Zour (est) et donnant l'assaut à Houleh (centre), faisant au moins 52 morts, selon des militants syriens. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est par ailleurs entretenu avec le président al-Assad.

Malgré les condamnations internationales, le pouvoir syrien continue de tout faire pour empêcher le mouvement d'opposition au régime de Bachar el-Assad de prendre de l'ampleur pendant le Ramadan. Les militants des droits de l'Homme estiment à environ 1700 le nombre de civils été tués depuis le début de la révolte à la mi-mars.

Alors que le siège est maintenu à Hama (centre), au moins 42 personnes ont été tuées à Deir el-Zour et 10 à Houleh, selon Abdul-Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, basée à Damas. Le président de l'Organisation nationale pour les droits de l'Homme en Syrie, Ammar Qurabi, a pour sa part fait état d'au moins 42 personnes tuées à Deir el-Zour et de 17 à Houleh. Dix autres ont été abattues à Idlib (nord), alors qu'elles participaient à des funérailles, a-t-il ajouté.

"Ville paralysée"

A Deir el-Zour, l'armée a lancé un raid vers 4h du matin, attaquant la ville depuis quatre points différents et prenant position dans au moins huit quartiers, selon un militant habitant contacté par téléphone par l'Associated Press. "Les conditions dans la ville sont très mauvaises car elle est assiégée depuis neuf jours", a rapporté ce témoin ayant requis l'anonymat. "On manque de médicaments, de lait pour bébé, de nourriture et d'essence. La ville est totalement paralysée".

Parallèlement, l'armée maintenait dimanche le siège de Hama, l'un des principaux foyers de contestation, où l'électricité, le téléphone et l'Internet sont coupés depuis sept jours. Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, au moins 100 personnes ont été tuées dans la ville. D'autres bilans font état de 250 morts.

Isolation diplomatique

Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".
Les éventuels nouveaux partis devront rester dans l'ombre du parti Baas de Bachar al-Assad qui demeure "dirigeant de l'Etat et de la société".

Damas, de plus en plus isolé sur le plan diplomatique, a annoncé samedi la tenue d'élections "libres et transparentes" avant la fin de l'année, mais cela n'a pas suffi à endiguer les critiques qui se multiplient à travers le monde.

A l'étranger, la Turquie voisine a annoncé l'envoi de son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu à Damas mardi pour protester officiellement contre la répression des manifestations. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a fait savoir qu'Ankara commençait à perdre patience et que son pays ne resterait pas inactif face aux violences.

Traquer les "terroristes"

La réponse syrienne ne s'est pas fait attendre. La télévision officielle a cité la conseillère de Bachar el-Assad, Bouthaina Chaabane, affirmant que le ministre turc "entendrait des mots encore plus forts en raison de la position de la Turquie, qui n'a pas condamné jusqu'à maintenant les meurtres de civils, de militaires et de policiers".

Selon l'agence officielle SANA, Bachar el-Assad a également assuré que Damas poursuivrait sur le chemin des réformes par des "mesures fermes", mais qu'il était du devoir de l'Etat de s'en prendre aux criminels qui terrifient la population. SANA a également rapporté que l'armée continuait de traquer à Hama les "terroristes", mot employé par le pouvoir syrien pour qualifier les manifestants.

Ban Ki-moon exhorte al-Assad

Le secrétaire général de l'ONU a appelé jeudi à un "cessez-le-feu immédiat". [KEYSTONE - Khaled Elfiqi]
Le secrétaire général de l'ONU a appelé jeudi à un "cessez-le-feu immédiat". [KEYSTONE - Khaled Elfiqi]

Ces attaques interviennent au lendemain d'un entretien téléphonique, le premier depuis avril, au cours duquel le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté Bachar al-Assad à mettre fin à la répression meurtrière. "Lors de la conversation, le secrétaire général a fait part de sa très grande préoccupation, ainsi que celle de la communauté internationale, devant l'escalade de la violence et le nombre de morts en Syrie ces derniers jours", a indiqué l'ONU dans un communiqué.

Les Nations unies ont ajouté que le diplomate onusien "a demandé expressément au président de mettre fin immédiatement à l'utilisation des militaires contre les populations civiles". Ban Ki-moon a tenté pendant des mois de s'entretenir avec Bachar al Assad, mais le chef d'Etat syrien refusait systématiquement de répondre à ses appels. Leur dernier échange remontait au mois de mai.

Lors de la discussion, Ban Ki-moon a une nouvelle fois demandé à Damas de permettre au Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) et aux agences humanitaires de pénétrer sur le territoire syrien.

Promesses d'élections "libres"

Dans le même temps, Bachar al-Assad a justifié son action lors d'un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour, selon des propos rapportés par l'agence officielle Sana. "Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens", a-t-il déclaré.

Il a d'autre part assuré que la Syrie "avançait sur la voie des réformes", au lendemain de la promesse par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem de la tenue d'élections législatives "libres et transparentes" avant la fin de l'année.

Selon l'OSDH, au moins 2059 personnes, dont 391 militaires et agents de sécurité, ont trouvé la mort en Syrie depuis le 15 mars.

agences/vkiss/cmen

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Le pape appelle au dialogue

Le pape Benoît XVI a lancé dimanche lors de l'Angelus "un appel pressant" aux autorités et à la population pour "répondre de manière adéquate aux aspirations légitimes des citoyens" en Syrie et "rétablir au plus vite la coexistence pacifique". "Je suis avec vive préoccupation les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie qui ont provoqué de nombreuses victimes et graves souffrances", a encore indiqué le pape depuis sa résidence d'été de Castelgandolfo, près de Rome. Le pape a invité "les fidèles catholiques à prier pour que l'effort de réconciliation puisse prévaloir sur les divisions et les rancoeurs".

Benoît XVI a par ailleurs appelé dimanche la communauté internationale à "relancer la recherche d'un plan de paix" pour la Libye où "la force des armes n'a pas résolu la situation". "J'exhorte les organisations internationales et ceux qui ont des responsabilités politiques et militaires à relancer avec conviction et détermination la recherche d'un plan de paix pour le pays, à travers les négociations et le dialogue constructif", a-t-il dit.

Le président yéménite quitte l'hôpital mais reste à Ryad

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a quitté samedi soir l'hôpital militaire saoudien où il était soigné depuis plus de deux mois après une attaque contre son palais. Mais il reste à Ryad pour une période de convalescence, a annoncé un responsable saoudien. Il n'a donné aucune précision sur la durée de cette période de convalescence. Le vice-ministre yéménite de l'Information, Abdo al-Janadi, interrogé par l'AFP, a pour sa part indiqué que "lorsque ses médecins l'autoriseront à rentrer au pays, il rentrera".

Au pouvoir depuis 33 ans et très contesté par la rue au Yémen, Ali Abdallah Saleh avait été blessé, en même temps que plusieurs hauts responsables du pays dont le Premier ministre, dans une attaque à la bombe contre son palais à Sanaa le 3 juin et hospitalisé dès le lendemain dans la capitale saoudienne.