Jouant les fonctions de Premier ministre et numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril va reformer un nouvel exécutif. Le gouvernement du Conseil national de transition (CNT) est composé d'une quinzaine de membres, en charge de la gestion des territoires sous contrôle rebelle dans l'est du pays.
Ce bureau est sous l'autorité du CNT et de son président. Le CNT avait lui-même été mis en place début mars à Benghazi, après la révolte mi-février contre le régime du colonel Kadhafi dans cette ville de l'est libyen.
Mystérieux assassinat
Cette décision intervient une semaine après l'assassinat dans des circonstances mystérieuses du chef d'état-major de la rébellion, le général Abdel Fatah Younès. Rallié à la rébellion après avoir été un pilier du régime de Mouammar Kadhafi, le général Younès avait été tué après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire à Benghazi.
L'assassinat a suscité d'intenses spéculations sur l'identité des meurtriers, les divisions au sein de la rébellion, ou l'existence d'une possible "cinquième colonne" derrière les lignes rebelles. Une enquête lancée par le CNT est toujours en cours. Outre les spéculations sur les auteurs, l'assassinat du général Younès a suscité une vague de critiques contre le CNT, dont plusieurs responsables avaient signé l'ordre de le rappeler du front.
C'est le cas en particulier d'Ali Essawy, en charge des Affaires étrangères au sein de l'exécutif. Le ministre de la Défense Jallal al-Digheily et son vice-ministre ont également été mis en cause pour ne pas avoir annulé un déplacement en Egypte alors qu'ils avaient eu connaissance de l'arrestation du chef d'état-major.
Signes de nervosité
La Coalition du 17 février, qui regroupe associations et organisations impliquées dans le soulèvement populaire contre le régime à Benghazi, puis dans la mise en place des institutions rebelles, a ainsi réclamé le limogeage de trois ministres.
Les proches du général Younès, ainsi que les membres de son influente tribu d'origine, les Al-Obeïdi, ont également exigé que toute la lumière soit faite, menaçant de se faire justice eux-mêmes.
L'assassinat du général Younès a été suivi de quelques incidents à Benghazi impliquant certains de ses partisans, et des signes de nervosité pouvaient être également observés dans la ville, où circulent de nombreux hommes armés plus ou moins bien identifiés.
Le CNT compte officiellement 31 membres, désignés en théorie sur leur expérience et sur la base de la répartition géographique. Seuls les noms de treize de ses membres --essentiellement des juristes, avocats, et professeurs d'université-- ont été rendus publics à ce jour, ceci pour des raisons de sécurité.
agences/pym