Evoquant la prestation de serment de son successeur politique lundi passé, le chef tibétain déclare: "C'est la fin d'une tradition qui a presque 400 ans. Depuis presque 400 ans l'institution du dalaï-lama est à la tête des deux pouvoirs, politique et spirituel. Et maintenant, moi, volontairement, avec joie, et avec fierté, j'ai mis fin à ça."
Le dalaï-lama affirme avoir pensé à cette évolution dès les années 1950. Commentant le changement intervenu cette semaine, il précise: "J'ai pensé que c'était le bon moment, pour que la personne élue assume la complète responsabilité des affaires. Désormais, je suis retiré de la responsabilité politique, complètement retiré."
Agé de 76 ans, le dalaï-lama poursuit cependant son rôle de chef spirituel. "Je suis encore en vie ici", déclare-t-il dans un éclat de rire. Il souligne la "modernité" et "l'éducation" du nouveau chef politique en exil. Lobsang Sangay a fait des études à Harvard et à Dehli (lire ci-contre).
Concernant la Suisse, le dalaï-lama salue "le plus ancien refuge des Tibétains" et remercie la Suisse pour l'accueil des 4000 Tibétains vivant sur son sol.
Darius Rochebin
Lobsang Sangay, nouveau Premier ministre
Lobsang Sangay, un juriste de 43 ans, a prêté serment lundi en tant que nouveau Premier ministre du gouvernement tibétain en exil. Il devient ainsi le successeur politique du dalaï-lama, qui a présidé la cérémonie tenue dans le temple Tsuglagkhang, le centre spirituel de Dharamsala, une ville située dans le nord de l'Inde où est basé le gouvernement en exil.
Le dalaï-lama avait annoncé en mars son intention de renoncer à son rôle politique de chef du mouvement des Tibétains en exil, essentiellement symbolique, et de transmettre ses responsabilités à un nouveau Premier ministre aux pouvoirs élargis. Il conservera toutefois son rôle de chef spirituel. Cette transition politique historique va donner au nouveau Premier ministre une position beaucoup plus en vue que celle de ses prédécesseurs.
Le parcours de Lobsang Sangay, né dans une région productrice de thé dans le nord-est de l'Inde, rompt avec le passé où de vieilles figures religieuses dominaient la vie politique du mouvement tibétain. Cet expert en droit international n'a jamais vécu au Tibet et ne s'y est même jamais rendu.