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Syrie: la répression se poursuit dans le sang

Selon cette image tirée d'une vidéo amateur, les chars continuent la répression dans les villes du pays.
Selon cette image tirée d'une vidéo amateur, les chars continuent la répression dans les villes du pays.
Le régime syrien, imperturbable face aux protestations internationales, a encore envoyé ses troupes jeudi pour réprimer la contestation populaire, tuant 14 civils. La veille, l'ONU a fait état de violations "choquantes" des droits de l'homme dans le pays.

Les nouvelles sanctions américaines, les missions à Damas d'un émissaire turc, puis d'une délégation de trois pays membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ne semble pas avoir fait fléchir le régime de Bachar al-Assad. Ce dernier s'est en effet dit résolu à venir à bout de la révolte, même s'il a admis avoir commis des "erreurs" à ses débuts, à la mi-mars (lire Syrie).

De son côté, la contestation ne montre pas non plus de signes d'essoufflement. En plus des défilés quotidiens pendant le mois sacré du ramadan, les militants ont appelé sur le site de socialisation Facebook à une forte mobilisation vendredi, autour du slogan "Nous ne nous soumettrons qu'à Dieu".

Des localités sous la menace des chars

Jeudi, au lendemain de son retrait de la ville rebelle de Hama, que le régime a voulu faire plier après d'immenses rassemblements, l'armée est intervenue à Qousseir, dans la province de Homs (centre) ainsi qu'à Saraqeb, dans celle d'Idleb (nord-ouest), selon des militants. A Qousseir, des dizaines de chars ont pénétré à l'aube et au moins onze civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés, a affirmé un militant à Homs. Selon lui, une centaine de personnes ont été arrêtées. "Les habitants ont fui à travers champs et toutes les communications sont coupées avec la ville", a-t-il relaté.

Dans l'est du pays, à Deir Ezzor, au moins trois personnes ont été tuées par des tirs des forces de sécurité dans le quartier d'Al-Matar, a indiqué Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Plusieurs maisons ont en outre été incendiées.

Le président syrien al-Assad a reconnu que les forces de l'ordre avaient commis "quelques erreurs" [REUTERS - Eric Feferberg]
Le président syrien al-Assad a reconnu que les forces de l'ordre avaient commis "quelques erreurs" [REUTERS - Eric Feferberg]

Au nord-ouest, des chars de l'armée et des véhicules de transport de troupes accompagnés de bus transportant des forces de sécurité ont pénétré dans Saraqeb, a ajouté Rami Abdel Rahmane. Les troupes ont pris position dans le centre, procédé à d'importantes perquisitions et arrêté "plus de 100 personnes dont 35 enfants", a-t-il expliqué.

Arrestations massives

Jeudi après-midi, le président de la Ligue syrienne des droits de l'homme, Abdel Karim Rihaoui, âgé de 43 ans, a en outre été arrêté dans un café à Damas, ont annoncé des militants des droits de l'homme. Ceux-ci ont ajouté qu'ils étaient sans nouvelles de lui depuis son arrestation.

L'opposant Hassan Zahra, un ancien détenu politique de 67 ans, a lui été interpellé mercredi lors d'une vaste campagne de perquisitions et d'arrestations dans la région de Salamiyé (est), selon l'OSDH. Vingt-sept autres personnes ont été arrêtées, sans que l'on sache où elles ont été conduites. Le pouvoir ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et assure recourir à la force pour pourchasser des "groupes terroristes armés" qui sèment le chaos et attaquent les civils.

Exécutions sommaires

Mercredi à l'ONU, une semaine après une déclaration du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie, le sous-secrétaire général Oscar Taranco, a parlé d'exécutions sommaires et de défections de soldats dans ce pays, ont rapporté des diplomates. Pour sa part, l'ambassadrice américaine Susan Rice a assuré que des milliers d'innocents avaient été "tués de sang-froid".

Selon des organisations de défense des droits de l'homme, plus de 1600 civils ont été tués depuis le 15 mars dans la répression. De son côté, le pouvoir a fait état de la mort de 500 membres des forces de l'ordre.

ats/vkiss

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Pression occidentale

Pour maintenir la pression, les Occidentaux souhaitent une nouvelle réunion la semaine prochaine avec des responsables onusiens chargés des droits de l'homme, estimant appropriées des "actions supplémentaires". Mais leur élan risque d'être stoppé par la Russie qui, malgré son appel à l'arrêt de la répression, veut favoriser "le dialogue et les réformes".

Au cours d'un entretien téléphonique, le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont eux évoqué la nécessité d'une "transition démocratique", et appelé à mettre fin à la violence, a annoncé jeudi la Maison Blanche.