"Vingt chars et véhicules de transport de troupes ont été déployés ce matin près du quartier d'al-Raml al-Jounoubi à Lattaquié", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) dans un communiqué, ajoutant que deux civils ont été tués par des tirs des forces armées.
Plus de quinze personnes ont également été blessées dans ce quartier situé au sud de la ville, où des tirs étaient entendus et les communications téléphoniques et l'internet coupés. Des tirs intenses retentissaient en fin de journée dans un autre quartier, Slaibé, où plus de 70 personnes ont été arrêtées.
D'après l'OSDH, "un grand nombre d'habitants, en particulier des femmes et des enfants" avaient fui dans la matinée le secteur, "par crainte d'une opération militaire". Ces derniers jours, le quartier d'al-Raml a été le théâtre de manifestations massives réclamant la chute du régime du président Bachar al-Assad, confronté à un mouvement de contestation inédit depuis près de cinq mois.
L'armée s'approche du Liban
Parallèlement, les forces de sécurité, appuyées par deux chars, ont pénétré dans le village de Joussiyeh, à la frontière avec le Liban, dans la région de Homs (centre), selon un militant dans le secteur. "De nombreux habitants fuient vers les localités voisines et vers le Liban", a-t-il dit. Des véhicules militaires ont aussi pénétré dans des villages proches de la ville de Qousseir, également dans la région de Homs, et procédé à des arrestations, y compris de femmes et d'enfants, selon les militants.
Malgré la répression, la mobilisation contre le régime reste vive pendant ce mois de ramadan, qui voit tous les soirs des défilés pour la démocratie à la sortie des mosquées, après la prière des Tarawih.
Comme chaque semaine, des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté vendredi après la grande prière de midi dans les provinces de Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et Deir Ezzor (est), défiant les autorités.
Les forces armées et de sécurité ont tiré à balles réelles contre les manifestants, tuant 20 personnes, en particulier près de Damas et à Alep (nord), la deuxième ville du pays, selon les militants sur le terrain. Selon l'OSDH, près de 1800 civils ont été tués depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars.
Appels à l’arrêt des violences
Les appels en faveur d'un arrêt des violences se font pourtant de plus en plus pressants. Samedi, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a exhorté les autorités syriennes à cesser immédiatement la répression et les ont appelées à engager un dialogue avec toutes les forces en Syrie, se proposant d'y participer.
Vendredi soir, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a demandé aux partenaires commerciaux de la Syrie de cesser leurs échanges avec Damas. "Nous pressons les pays qui continuent à acheter du gaz et du pétrole syriens, les pays qui continuent à envoyer des armes à Assad, les pays dont le soutien politique et économique le conforte dans sa brutalité, de se ranger du bon côté de l'Histoire", a-t-elle dit.
"Le président Assad a perdu sa légitimité de dirigeant et il est évident que la Syrie se porterait mieux sans lui", avait-elle déclaré un peu plus tôt, sans pour autant appeler explicitement au départ du président syrien. Selon des responsables américains, l'administration Obama envisage de franchir bientôt ce pas.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir de son côté jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie, ont indiqué des diplomates à New York.
La France et les autres pays européens du Conseil avaient demandé la tenue de cette nouvelle réunion pour essayer de maintenir la pression en faveur d'une action internationale contre M. Assad, dont le parti Baas contrôle la Syrie depuis 1963.
afp/cht