Aung San Suu Kyi s'est rendue dimanche matin dans la province de Bago, à une centaine de kilomètres de la capitale Rangoon, malgré les mises en garde du régime concernant sa sécurité.
La police a tenté d'écarter les centaines de personnes massées le long des routes entre les villes visitées pour saluer le cortège d'une trentaine de voitures transportant l'opposante, des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), son parti dissous, des diplomates et des journalistes.
Bain de foule
Les partisans de la prix Nobel de la paix ont crié à son passage ou agité de petits drapeaux portant l'inscription "Nous aimons mère Suu"!". L'opposante, qui est âgé de 66 ans, a commencé ce déplacement d'une seule journée par la visite d'une pagode dans la ville de Bago, avant d'inaugurer deux bibliothèques.
L'opposante a prononcé deux discours, un à Tha Nat Pin devant 600 personnes et à Bago, devant 2000 personnes. "Nous pourrons développer ce pays seulement si nous travaillons tous ensemble", a-t-elle déclaré. "L'unité est la force, l'unité est nécessaire partout et elle est nécessaire surtout dans notre pays". Elle a assuré avoir déjà "essayé de son mieux" depuis ses débuts en politique il y a plus de vingt ans. "Je continuerai autant que je pourrai", a-t-elle promis.
Sous haute sécurité
Alors que l'opposante a connu par le passé des tournées particulièrement difficile, le porte-parole de la LND Nyan Win avait indiqué samedi que sa sécurité serait assurée par les membres du parti, avec l'aide des autorités. En 2003, elle et son équipe avaient été agressées dans une embuscade, semble-t-il orchestrée par la junte au pouvoir, qui avait fait une centaine de morts selon la LND, quatre selon le régime.
L'agression avait conduit à son placement en résidence surveillée pour sept ans, jusqu'à sa libération en novembre dernier, une semaine après des élections très critiquées. En juin, le régime l'avait prévenue que la tournée politique en province qu'elle avait évoquée risquait d'entraîner "le chaos et des émeutes".
Juste après, la lauréate du prix Nobel de la paix avait testé les limites de sa liberté en effectuant début juillet son premier déplacement hors de Rangoon, à Bagan (centre), où elle avait déjà attiré des admirateurs émus. Mais ce voyage de quelques jours avec son fils avait un caractère strictement privé.
Relations moins tendues
Depuis, les relations semblent s'être un peu réchauffées entre le régime et Aung San Suu Kyi qui a rencontré par deux fois un membre du nouveau gouvernement "civil". Leur premier entretien du 25 juillet avait été salué par les observateurs, qui avaient malgré tout douté qu'il réponde aux demandes de mesures concrètes de la communauté internationale, qui réclame notamment la libération des plus de 2000 prisonniers politiques.
Vendredi, le gouvernement a promis de continuer le dialogue avec l'opposante, lors de sa première conférence de presse depuis la dissolution de la junte fin mars. Depuis le scrutin décriée de novembre, la junte du généralissime Than Shwe s'est autodissoute et a passé la main, fin mars, à un gouvernement dit "civil" mais entièrement contrôlé par les militaires.
afp/boi