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L'étau se resserre sur Tripoli

Des combattants rebelles laissent exploser leur joie après la prise de la ville côtière de Zawiyah, à 50 km à l'est de Tripoli. [Bob Strong]
Des combattants rebelles laissent éclater leur joie après la prise de la ville côtière de Zawiyah, à 40 km à l'ouest de Tripoli. - [Bob Strong]
Mouammar Kadhafi a appelé lundi les Libyens à libérer leur pays "des traîtres et de l'OTAN". Dans le même temps, les insurgés qui opèrent dans l'Ouest s'employaient à priver Tripoli d'une importante voie de communication.

"Avancez, prenez vos armes, allez au combat pour libérer la Libye mètre par mètre." "Le sang des martyrs nourrit le champ de bataille", a poursuivi le dirigeant libyen au pouvoir depuis 1969. "La fin du colonialisme est proche. La fin des rats (rebelles) est proche car ils s'enfuient", a-t-il ajouté.

Le message de Kadhafi a été enregistré sur une ligne téléphonique de mauvaise qualité et retransmis par la télévision d'Etat. Des rumeurs s'étaient propagées dans la nuit sur les réseaux sociaux et dans des médias sur un départ imminent vers l'étranger de M. Kadhafi.

"Le dirigeant est ici en Libye, il combat pour la liberté de notre nation. Il ne quittera pas la Libye", a démenti le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim.

Possible défection d'un responsable

Quelques heures plus tard, un responsable libyen, Nasser al Mabrouk Abdullah, "adjoint" du ministre de l'Intérieur, Al-Senoussi Al-Wezri, arrivait au Caire avec neuf membres de sa famille. Il n'était pas clair dans l'immédiat s'il s'agit d'une défection.

M.Abdullah avait occupé le poste de ministre de l'Intérieur il y a quelques années, avant d'être limogé en 2006, à la suite de la violente répression d'une manifestation contre le consulat italien à Benghazi ayant fait une dizaine de morts. L'homme a dit à des responsables de la sécurité égyptienne qu'il était en vacances. Tripoli n'a fait aucun commentaire à ce sujet.

Des pourparlers secrets

Malgré les démentis du régime kadhafiste, des représentants du gouvernement et de la rébellion ont eu des discussions dimanche dans un hôtel de Djerba. Elles ont porté sur un éventuel règlement du conflit engagé en février, selon une source proche de la sécurité tunisienne.

Les rebelles ont également nié toute discussion avec le régime de Kadhafi, "que ce soit en Tunisie ou ailleurs", a déclaré le vice-président du Conseil national de transition (CNT), Abdel Hafiz Ghoga.

L'ex-ministre jordanien des Affaires étrangères Abdul Ilah alKhatib, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, est arrivé lundi à Tunis. Il a déclaré être venu pour "se joindre aux pourparlers" sur l'avenir de la Libye.

L'ONU a de son côté démenti la participation de son envoyé spécial pour la Libye à de telles discussions. Les Nations Unies ne disposent d'"aucune information concrète concernant des pourparlers qui auraient lieu en Tunisie entre le Conseil national de transition et les autorités de Tripoli, et l'envoyé spécial ne participe pas à de tels pourparlers", a indiqué Farhan Haq, un porte-parole de l'ONU.

L'étau se resserre sur Tripoli

En réalisant samedi une progression spectaculaire, les rebelles ont pris le contrôle de Zawiyah, à 50 km environ à l'ouest de Tripoli sur la côte. Cela leur permet de bloquer les livraisons de vivres et de carburant en provenance de Tunisie et destinées à la capitale.

"La chute de Zawiyah pourrait constituer l'étape la plus importante pour les rebelles depuis la libération de Misrata", note Shashank Joshi, du Royal United Services Institute de Londres. "(La ville) abrite la seule raffinerie de pétrole du régime en activité." Des rebelles ont toutefois rapporté que les troupes de Kadhafi la contrôlaient encore.

Les rebelles disent aussi contrôler les villes de Gharyane et Sorman, situées respectivement à 50 km au sud de Tripoli et à une soixantaine de km à l'ouest. Au nord, un blocus naval assuré par l'OTAN est en place et, au sud, des combats sont en cours.

Un mandat d'arrêt délivré contre le colonel Kadhafi
Un mandat d'arrêt délivré contre le colonel Kadhafi

Moussa Ibrahim a admis dimanche que les rebelles étaient entrés dans Gharyane, tout en se disant confiant que le régime en reprendrait le "contrôle total". Il a également reconnu des "affrontements" à Sorman, en évoquant l'implication de "centaines de volontaires appuyées par les moujahidine (combattants)" pour mater les rebelles.

Sur le front oriental, les rebelles contrôlent désormais tout l'est de la cité pétrolière de Brega. Les combats se déroulaient lundi dans la partie ouest, où un journaliste de l'AFP entendait des échanges de tirs d'artillerie du côté des installations pétrolières. Devant l'hôpital de Zawiyah, des médecins ont déclaré que des tireurs isolés et l'artillerie kadhafiste avaient tué trois civils dont une adolescente.

Avoirs gelés débloqués

Par ailleurs, les Pays-Bas ont débloqué 100 millions d'euros d'avoirs libyens gelés qui ont été mis à la disposition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour des achats de médicaments à destination de la population libyenne, a annoncé lundi le ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Le montant a été prélevé sur les quelque 3,1 milliards d'euros d'avoirs appartenant au régime libyen du colonel Mouammar Kadhafi qui avaient été gelés en mars par le gouvernement néerlandais, conformément aux sanctions décrétées par l'Union européenne (UE) contre la Libye.

agences/lan

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Premier Scud tiré par l'armée de Kadhafi

Les forces libyennes ont tiré un missile Scud pour la première fois depuis le début du soulèvement contre Mouammar Kadhafi en février. Le projectile est tombé dans le désert et n'a fait aucune victime, a déclaré lundi un responsable du Pentagone.

Le missile a été tiré dimanche matin d'un endroit situé à 80 km à l'est de Syrte. Il est tombé à l'est du terminal pétrolier de Brega, où se situe la ligne de front orientale, sur la côte en direction de la Cyrénaïque, a affirmé ce responsable.

D'une portée d'environ 300 km, les Scud, développés par les Soviétiques dans les années 1950, sont devenus célèbres pendant la première guerre du Golfe en 1991, lorsque l'Irak en a tiré des dizaines en direction d'Israël ou de l'Arabie saoudite.

Les stocks libyens de missiles Scud ont été parmi les premières cibles des frappes aériennes de l'Otan qui ont débuté à la fin mars contre les forces de Mouammar Kadhafi.