Surplombée d'une grande estrade blanche décorée d'une effigie de la Vierge et de l'Enfant, la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole, a accueilli la messe d'ouverture célébrée par l'archevêque de Madrid, le cardinal Antonio Maria Rouco Varela. (voir le programme complet sur le site des JMJ de Madrid).
Au total, il était accompagné de plusieurs centaines de jeunes choristes en uniforme bleu ou blanc, de 800 évêques, archevêques et cardinaux, et de 8000 prêtres pour cette eucharistie dédiée à Jean Paul II.
En hommage au pape décédé en 2005, une relique contenant une goutte de son sang avait été placée sur le pupitre où était posé l'Evangile.
Le pape attendu jeudi
"La globalisation, les nouvelles technologies de communication, la crise économique déterminent ce que vous êtes, pour le meilleur et, bien souvent, pour le pire", a dit Mgr Rouco Varela dans son homélie, s'adressant aux jeunes. "En l'absence de fondements solides pour votre vie dans la culture et la société actuelles, et même, bien souvent, dans votre famille, la tentation est forte (...) de sortir du droit chemin", a-t-il ajouté.
Le temps fort de cette semaine sera, de jeudi à dimanche, la visite de Benoît XVI, second déplacement du pape en moins d'un an en Espagne, un pays où la tradition catholique cède du terrain face à de forts courants laïcs.
193 pays au total
Après leur installation lundi dans les écoles, gymnases ou paroisses, les pèlerins, venus de 193 pays, ont arpenté mardi les lieux touristiques de Madrid, sous un soleil torride, un sac sur le dos comme chacun des 450'000 jeunes officiellement inscrits, dont 1200 Suisses (350 Romands). (voir le site suisse consacré aux JMJ).
A l'intérieur, un éventail, une bière sans alcool, un plan de métro, un chapelet et même un crucifix qui "soigne toutes les maladies spirituelles". D'autres avaient choisi le recueillement dans l'un des 200 confessionnaux blancs, en forme de voiles de bateau, alignés dans le Retiro, le grand parc du centre de Madrid, où des prêtres venus du monde entier ont commencé à confesser les pèlerins en 30 langues.
Pas que des heureux
Avant la messe célébrée dimanche par le pape, en clôture de ces journées, une veillée géante doit réunir des centaines de milliers de pèlerins samedi soir sur la base militaire de Cuatro Vientos, grande comme 48 terrains de football.
Madrid a vu les choses en grand pour l'événement, qui aura coûté 50,5 millions d'euros (57,6 millions de francs) selon les organisateurs. Ces dépenses soulèvent des critiques dans un pays étranglé par la crise économique, où un cinquième de la population est au chômage.
Les organisateurs insistent sur le fait que l'événement est autofinancé par les contributions des pèlerins et les dons d'entreprises, et évaluent à cent millions d'euros les retombées pour l'économie locale.
Sur le thème "Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi", ces journées permettront au pape de délivrer aux jeunes un message d'encouragement et d'engagement pour la justice et l'éthique dans une époque de désenchantement social et de chômage, indique-t-on au Vatican. Ces JMJ constitueront aussi un test pour le pape âgé de 84 ans, en raison de la chaleur et des bains de foule, même si sa santé ne semble pas susciter d'inquiétudes particulières.
L'hymne officiel des JMJ 2011 à Madrid:
agences/boi
Les "JMJ" en chiffres
6 jours de manifestation
7 tonnes de rosaires sont distribués aux participants
11,5 tonnes de bananes seront offertes
48 stades de football: la surface totale de la messe finale à l'aéroport Cuatro Vientos de Madrid
50 médias et agences collaborent en diffusant des publicités et messages radio
120 sacs de farine de 25 kg ont été donnés par une minoterie espagnole pour réaliser les hosties des messes
150 équipes de bénévoles sanitaires seront présentes pour apporter les premiers soins
193 pays représentés
195 mètres de long, tel est la longueur de l'autel blanc conçu par l'architecte espagnol Ignacio Vicens sous un arbre parasol géant de 18 mètres
200 confessionnaux ont été installés au Parc du Retiro, au centre de Madrid
288 pages, la longueur du guide officielle de la manifestation
300 manifestations culturelles, concerts, expositions et excursions, sont prévues
800 évêques, le cinquième des évêques du monde entier, seront présents à la messe finale
4000 jeunes handicapés prennent part à la grande fête catholique
4700 journalistes ont été accrédités pour couvrir l'évènement.
10'000 kilomètres de fils ont été utilisés pour confectionner les ornements des messes
10'000 agents des forces de l'ordre seront mobilisés
14'000 prêtres concélébreront la messe finale avec le pape Benoît XVI
30'000 volontaires ont été déployés, dont nombre de bénévoles étrangers.
Un million ou plus, le nombre de jeunes catholiques attendus à Madrid
4 à 5 millions, le nombre maximal de personnes à avoir assisté à la réunion, en 1985 à Manille, aux Philippines
50,5 millions d'euros: le budget global de la manifestation
100 millions d'euros: la somme que devraient rapporter les JMJ aux entreprises espagnoles et commerces madrilènes
La belle histoire
A 103 ans, Soeur Teresita s'apprête à vivre une aventure exceptionnelle: cloîtrée depuis 84 ans, cette religieuse espagnole sortira vendredi pour la première fois de son couvent pour rencontrer à Madrid le pape Benoît XVI.
Soeur Teresita a passé sa vie dans le couvent de Buenafuente del Sistal, à une centaine de kilomètres au nord-est de Madrid, où elle est entrée à l'âge de 19 ans le 16 avril 1927, jour même de la naissance de Joseph Ratzinger.
La religieuse n'est sortie du couvent qu'une seule fois, pendant la guerre civile espagnole (1936-39).
"Elle dit qu'elle pense faire tout le trajet les yeux fermés, pour que rien ne la distraie", a expliqué la mère supérieure du couvent.
"Qui peut passer 84 ans dans un couvent sans être heureuse? Bien sûr que je suis heureuse", a récemment confié la religieuse dans un livre qui lui est consacré.
Soeur Teresita reconnaît qu'en entrant au couvent, elle n'avait qu'une idée très vague de la vie qui l'attendait, mais qu'au cours des années, elle a su trouver le bonheur. "Chacun est heureux de sa profession. Le bonheur, on le ressent en suivant sa vocation".