Modifié

Libye: l'insurrection prépare l'après-Kadhafi

Des insurgés patrouillent à Zawiyah, un port pétrolier stratégique situé à l'ouest de la capitale libyenne Tripoli. [Marc Hofer]
Des insurgés patrouillent à Zawiyah, un port pétrolier stratégique situé à l'ouest de la capitale libyenne Tripoli. - [Marc Hofer]
Les rebelles libyens qui se disent aux portes de Tripoli, prêts à faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi, ont commencé activement à préparer l'après-Kadhafi, sur un plan politique, publiant mercredi leur "déclaration constitutionnelle".

La rébellion libyenne a défini sa nouvelle feuille de route pour l'après-Kadhafi, dans un document dont l'AFP a obtenue une copie mercredi. Il s'agit d'une "déclaration constitutionnelle" qui prévoit de remettre le pouvoir à une Assemblée élue dans un délai de moins d'un an et l'adoption d'une nouvelle Constitution.

Ce document est une version modifiée et détaillée de la feuille de route, présentée en mars par le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, basé à Benghazi. Il décrit en 37 articles, et sur une dizaine de pages, les grandes étapes de la période de transition suivant une éventuelle chute du colonel Mouammar Kadhafi.

Le Conseil national de transition réaffirme être "la plus haute autorité de l'Etat (...), il est le seul représentant légitime du peuple libyen, et tire sa légitimité de la révolution du 17 février". Dès la "déclaration de libération", il quittera la capitale rebelle Benghazi pour venir siéger à Tripoli.

Les insurgés aux portes de Tripoli

Parallèlement sur le terrain, les responsables des forces rebelles se déclarent proches d'une victoire finale grâce notamment à la prise de contrôle de trois localités, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, bastion du régime du colonel Kadhafi.

"Nous entrons dans une phase décisive, bientôt nous libérerons tout le sud de la Libye. Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du ramadan", fin août, a déclaré mardi Mansour Saif al-Nasr, représentant en France du Conseil national de transition. "Nos forces contrôlent totalement Zawiyah, qui ouvrira la porte vers Tripoli. Ceci permettra à la population de s'y révolter", a-t-il ajouté.

Les rebelles indiquent contrôler désormais trois villes: la "majeure partie" de Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, les villes de Gharyane et Sorman, situées respectivement à 50 km au sud et à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne. A une dizaine de km à l'ouest de la ville, les rebelles tiennent également une grande partie de la soixantaine d'hectares du site stratégique de la raffinerie, a constaté le correspondant.

La conquête de Zawiyah, Sorman et Gharyane a permis également aux rebelles de contrôler un segment de la route côtière et de couper la ligne d'approvisionnement entre la Tunisie et Tripoli, essentielle pour le régime de Mouammar Kadhafi, confronté depuis six mois à une rébellion transformée en conflit armé.

A Brega, poste avancé depuis avril des pro-Kadhafi dans l'Est, les insurgés ont aussi progressé ces derniers jours et ils contrôlent désormais la quasi-totalité de la zone résidentielle.

A Tripoli, le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, a assuré que l'armée avait le "contrôle total" de Zawiyah et de Sorman et qu'elle était en train de "traiter la situation" dans plusieurs autres localités de la région, en proie à des "bandes armées".

Confusion sur le plan diplomatique

Les présidents vénézuélien Hugo Chavez et iranien Mahmoud Ahmadinejad ont dénoncé ce qu'ils ont qualifié d'"agression impérialiste" de l'Occident en Libye et en Syrie, selon un communiqué publié à Caracas après une conversation téléphonique entre les deux hommes.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye Abdul Ilah al-Khatib a quant à lui quitté la Tunisie mardi après une visite de 24 heures au cours de laquelle il a rencontré des représentants libyens dans un contexte de confusion autour d'éventuels pourparlers entre rebelles et pro-Kadhafi.

Selon plusieurs sources concordantes, des pourparlers secrets ont bien eu lieu dimanche à Djerba, non loin de la frontière tuniso-libyenne. Mais la rébellion a catégoriquement démenti toutes "négociations, directes ou indirectes, avec le régime de Kadhafi".

afp/hof

Publié Modifié