Publié

Triple attaque mortelle dans le sud israélien

Israel [Ariel Hermoni]
L'un des véhicules pris pour cible par les assaillants. - [Ariel Hermoni]
Sept Israéliens et sept assaillants ont été tués jeudi lors de trois attaques synchronisées perpétrées près de la station balnéaire israélienne d'Eilat, à proximité des frontières égyptienne et jordanienne. Quelques heures plus tard, six Palestiniens ont été tués dans un raid israélien sur la ville de Rafah, selon des sources médicales palestiniennes.

Deux femmes et cinq hommes israéliens ont trouvé la mort et près de 30 autres personnes ont été blessées dans ces violences, selon les services d'urgence. Des sources des services de sécurité israéliens ont fait état de la mort de six ou sept assaillants, tués dans des échanges de tirs avec des policiers et des soldats israéliens accourus sur les lieux.

Trois attaques coordonnées

La première attaque a visé un autobus de la compagnie publique Egged à midi (09H00 GMT), tout près de la frontière égyptienne, près du poste israélien de Netafim. L'autocar, qui transportait surtout des militaires, a été mitraillé avec des armes automatiques qui ont fait neuf blessés. Une demi-heure plus tard, un véhicule militaire qui venait à la rescousse de l'autobus a été la cible d'une attaque à la bombe télécommandée.

L'incident le plus meurtrier, au cours duquel cinq Israéliens ont été tués, s'est produit à 13H00 locales quand un véhicule privé a été éventré par une roquette RPG antichar près de Beer Ora, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Eilat, cette fois près de la frontière jordanienne.

Raid de représailles sur Gaza

En début de soirée, six Palestiniens ont été tués lors d'un raid aérien israélien sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a-t-on appris de sources médicales palestiniennes. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a confirmé le raid, lors d'une conférence de presse, affirmant qu'il "visait des militants des Comités de résistance populaire (CRP)", une organisation radicale palestinienne armée.

Selon la chaîne de télévision 10 israélienne, un drone israélien a tiré un missile sur un véhicule transportant des cadres militaires des CRP. Les CRP ont démenti être responsables de ces attaques. Ils ont juré de se venger de l'agression israélienne.

Jeudi soir, des échanges de tirs se poursuivaient à la frontière entre l'Egypte et Israël, mais on ignorait si les assaillants étaient toujours en territoire israélien, selon le vice-ministre de la Défense Matan Valnai. Des militants de Gaza ont tiré une roquette sur Ashkelon (sud), mais l'attaque a été déjouée par le nouveau système de défense antimissile d'Israël, a rapporté le porte-parole en chef de l'armée, le général Yoav Mordechai.

Netanyahu promet "le prix fort"

Israël a affirmé que les attaques, soigneusement coordonnées, ont été lancées à partir de Gaza par des combattants palestiniens qui se seraient infiltrés dans la péninsule égyptienne du Sinaï, profitant des troubles en Egypte. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié ce "grave incident", sans précédent, d'"atteinte à la souveraineté de l'Etat" et averti que son pays "réagira en conséquence".

Benjamin Netanyahu a promis de faire payer "un prix très fort" à ceux qui attaquent des Israéliens, lors d'une brève intervention télévisée. "Si les organisations terroristes pensent qu'elles peuvent blesser nos concitoyens sans que nous répondions, elles se trompent. Israël leur fera payer un prix très fort", a affirmé Benjamin Netanyahu. "J'ai fixé un principe: quand on attaque des Israéliens, nous répondons immédiatement et très fermement. Ce principe a été appliqué aujourd'hui", a-t-il dit.

Israël accuse les Palestiniens

Le ministre de la Défense Ehud Barak a affirmé que les attaques "viennent de Gaza" et menacé de "réagir avec toute la force et la détermination" nécessaires. "Il s'agit d'une grave attaque terroriste coordonnée, qui traduit l'affaiblissement du contrôle de l'Egypte sur la péninsule du Sinaï et l'extension de l'activité terroriste", a ajouté le ministre dans un communiqué.

Ehud Barak a annoncé qu'il tenait des consultations d'urgence pour "examiner la situation". "Nous avons des informations spécifiques et concrètes selon lesquelles ces terroristes qui ont tué des Israéliens aujourd'hui sont venus de la bande de Gaza", a déclaré Mark Regev, porte-parole de Benjamin Netanyahu. "Il ne s'agit pas de spéculation. C'est une information concrète".

Selon un responsable israélien s'exprimant sous couvert de l'anonymat, les assaillants sont entrés en Israël via la péninsule du Sinaï égyptienne. "Ils ont quitté Gaza pour aller vers le sud dans le Sinaï, ils sont restés là un moment, puis ils sont remontés vers le nord pour entrer en Israël. Nous avons vu ce mode opératoire avant", a-t-il expliqué.

Le Hamas dément

"Le gouvernement (du Hamas) dément les accusations de Barak sur les incidents à Eilat et affirme qu'il n'y a pas de lien entre la bande de Gaza et ce qui est arrivé près d'Eilat", a déclaré un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou.

En Egypte, le gouverneur de la province du Nord-Sinaï, Abdel Wahab Mabrouk, a assuré que les assaillants n'étaient pas venus du territoire égyptien et exclu qu'ils se soient infiltrés par la voie d'un tunnel de Gaza, faisant état de strictes mesures de sécurité en raison d'une opération militaire égyptienne en cours depuis quelques jours dans le Sinaï.

L'armée et la police égyptiennes mènent une campagne dans le Sinaï contre les membres d'un groupe armé soupçonné d'avoir fait exploser le gazoduc livrant Israël et d'avoir attaqué un poste de police dans la ville d'Al-Arich (nord du Sinaï).

afp/cer

Publié

Les attaques condamnées

La Maison Blanche a condamné les attaques "terroristes brutales" et espéré que les auteurs de ces attentats seront traduits en justice "rapidement", a déclaré jeudi le porte-parole du président américain, Jay Carney, dans un communiqué. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a en outre pressé l'Egypte de sécuriser le Sinaï.

L'Union européenne a aussi condamné "sans réserve" les attaques survenues jeudi. "J'ai pris connaissance avec une profonde préoccupation de la série d'attaques terroristes qui ont eu lieu dans le sud d'Israël aujourd'hui notamment contre des civils et au cours desquelles plusieurs Israéliens sont morts ou ont été blessés", a affirmé la cheffe de la Diplomatie européenne, Catherine Ashton, avant d'adresser ses condoléances aux familles des victimes.

La Fran
ce a condamné jeudi "avec la plus extrême fermeté" les attaques meurtrières perpétrées près de la station balnéaire israélienne d'Eilat. "Rien ne saurait justifier de tels actes, à l'heure où toutes les énergies devraient être mobilisées au service de la paix", a indiqué le Quai d'Orsay. "Dans ce moment particulièrement difficile, la France se tient aux côtés du peuple israélien", a-t-elle affirmé.

"Le résurgence du terrorisme dans une région aussi sensible (...) devrait pousser la communauté internationale à multiplier les efforts pour coordonner les actions de prévention dans des régions devenues plus vulnérables après les révoltes arabes", a indiqué le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.

Quant au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, il a exprimé ses craintes de voir une "escalade" de la violence dans le conflit israélo-palestinien.