Les insurgés ont ouvert depuis mercredi trois nouveaux fronts, l'un à Ajaylat, dans l'Ouest, l'autre dans l'Est à Al-Hicha, à mi-distance entre Misrata et Syrte, ville natale du colonel Mouammar Kadhafi, et un troisième à Morzuk, dans le Sud-Ouest saharien.
Parallèlement, des combats se déroulaient à Brega, dans l'Est, et à Zawiyah, à une quarantaine de km à l'ouest de Tripoli. Les rebelles ont affirmé contrôler la raffinerie de Zawiyah, la seule de l'Ouest libyen et l'une des dernières sources d'approvisionnement du régime en pétrole et en gaz. Mais le régime a démenti.
Vendredi matin, d'intenses combats de rues se déroulaient dans le centre de Zawiyah entre rebelles et loyalistes. De nombreux bâtiments y sont détruits et des snipers sont postés sur les toits. Les insurgés ont également affirmé vendredi avoir progressé et fait subir de lourdes pertes aux forces pro-Kadhafi sur la ligne de front de Zliten, ville disputée à 150 km à l'est de Tripoli.
Venus de l'enclave de Misrata, à une cinquantaine de kilomètres plus à l'est, les rebelles tentent depuis début août de s'emparer de cette ville de 200’000 habitants le long de la côte méditerranéenne. Ils ont affirmé dans un communiqué avoir tué "entre 40 et 50 soldats gouvernementaux" tandis que "12 mercenaires africains ont été faits prisonniers".
Le conflit en Libye a débuté le 15 février par un soulèvement contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi. La révolte, réprimée dans le sang, s'est rapidement transformée en guerre civile. Fin mars, l'Otan a pris les commandes d'une coalition internationale intervenue sur mandat de l'ONU pour protéger la population civile. L'Alliance atlantique mène des raids quotidiens en Libye et notamment sur la capitale d'où elle veut déloger le colonel Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans.
Tripoli pilonnée
Vendredi vers 01H00 (23H00 GMT jeudi), plusieurs détonations ont été entendues dans le secteur de la résidence du colonel Kadhafi dans le centre de Tripoli, ainsi qu'à l'ouest de la capitale. Dans la journée, le centre de Tripoli et sa banlieue-est, Tajoura, avaient été également la cible de raids, selon des témoins. L'Alliance atlantique a intensifié ces raids ces derniers jours sur les environs de la capitale.
Au moment où les rebelles s'approchent de la capitale, bastion du régime, le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi a lancé un appel à "un cessez-le-feu immédiat" et au dialogue, tout en excluant un départ de Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion basé à Benghazi (est), Moustapha Abdeljalil, a en revanche rappelé que le départ de Mouammar Kadhafi était un préalable à toute discussion.
En attendant, les rebelles semblent marquer des points sur le terrain. A une trentaine de km au nord-ouest de la ville côtière de Zawiyah, ils contrôlaient la quasi-totalité de Sabrata, à l'exception de la partie orientale de la ville, selon Abdel-Salam Othman, un porte-parole des rebelles. Sabrata et Zawiyah sont situées sur la route côtière reliant la Tunisie à Tripoli, qui sert à l'approvisionnement du régime.
afp/cht
Crise humanitaire en vue?
Sur le plan humanitaire, "l'intensification" des combats entre rebelles et forces pro-Kadhafi en Libye a entraîné une "rapide détérioration de la situation humanitaire dans et autour de Brega (est), Zawiyah, Gharyan, Sabrata (périphérie ouest et sud-ouest de Tripoli) et près de Misrata", a indiqué le CICR dans un communiqué.
"On entend dire que des hôpitaux ont été attaqués ou utilisés à des fins militaires. Mardi, à Brega, nos délégués ont vu plusieurs ambulances qui avaient essuyé des tirs", selon le CICR.
A Genève, l'OIM s'est inquiétée du sort de milliers de migrants qui cherchent à quitter Tripoli. "Il y a déjà des milliers d'Egyptiens prêts à être évacués et chaque jour il y de plus en plus de demandes", a indiqué une porte-parole de l'OIM, Jemini Pandya.
L'OIM est en train de préparer des plans d'évacuation, probablement par voie maritime, pour permettre un départ de la capitale "dès que possible", a précisé Mme Pandya. Plus de 600.000 migrants ont déjà quitté la Libye depuis le début de la crise.