Sous une pluie fine, les familles et amis des victimes de la tuerie qui a eu lieu en Norvège il y a exactement quatre semaines ont, pour la première fois depuis le drame, visité Utoya, une petite île à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest d'Oslo.
"Paradis devenu un enfer" selon l'expression du Premier ministre Jens Stoltenberg, l'île de 0,12 km2 a été nettoyée des centaines de douilles qui la jonchaient depuis qu'Anders Behring Breivik, un extrémiste hostile à l'islam et au multiculturalisme, a ouvert le feu sur des centaines de jeunes.
Un soutien psychologique
La plupart des victimes de l'extrémiste étaient des adolescents, dont le plus jeune était âgé de tout juste 14 ans. Les dernières obsèques, celles d'Elisabeth Troennes Lie, 16 ans, ont eu lieu jeudi, une date tardive qui s'explique par le souhait de la famille que la soeur de la victime, Cathrine, 17 ans, elle-même gravement blessée dans la fusillade, puisse y assister.
Sur l'île d'Utoya, qui a été fermée à la presse, la Sécurité civile norvégienne qui organisait la visite a mis en place un dispositif de soutien comprenant des psychologues, des pasteurs, des imams mais aussi des policiers susceptibles d'aider les familles et de répondre à leurs questions, même les plus délicates.
Si elles le souhaitaient, les familles ont pu demander à la police qu'elle leur montre l'endroit où le corps de leur proche a été retrouvé, a expliqué à un des responsables de la Sécurité civile. "Nous avons tout fait pour entourer cette visite de la sécurité et de la dignité nécessaires: nous faisons en sorte que cela soit calme et paisible", a-t-il ajouté.
Essentiel pour les familles
Pour Lars Weisaeth, professeur au Centre d'études de la violence et du stress post-traumatique, une visite sur les lieux du crime est une étape essentielle pour les familles.
"Le plus important, c'est d'essayer de comprendre l'incompréhensible", a-t-il dit, soulignant que la même question tourmente bon nombre de parents: "Mon fils ou ma fille ont-ils souffert?"
L'expérience montre qu'on supporte davantage la réalité, aussi brutale soit-elle, que les incertitudes". "C'est aussi un geste de solidarité avec le disparu. Se mettre dans la situation où il se trouvait lors de ses derniers instants, c'est se rapprocher de lui", a-t-il ajouté.
Samedi, ce sera au tour des survivants de la fusillade et de leurs proches, soit un millier de personnes au total, de se rendre sur Utoya.
agences/boi
Anders Behring Breivik maintenu en isolement
Presque au même moment à Oslo, Anders Behring Breivik a comparu pour la deuxième fois depuis son arrestation devant un tribunal.
Le juge a prolongé sa mise en isolement totale de quatre semaines.
L'extrémiste de 32 ans réclamait la levée de cette mesure, qu'il a comparée à une "méthode de torture
sadique".
Behring Breivik, qui se dit en guerre contre le multiculturalisme et l'"invasion musulmane" en Europe, pourra rester confiné en isolement jusqu'au 19 septembre, a tranché le juge.
Le magistrat a justifié sa décision par le risque que d'éventuelles communications avec le monde extérieur puissent déboucher sur la disparition de preuves.
Faute d'avoir été autorisé à porter une queue-de-pie, Behring Breivik a comparu "dans un costume ordinaire", a précisé son avocat.
Le tribunal d'Oslo avait rejeté mercredi sa requête de comparaître en queue-de-pie, estimant que cette tenue pourrait être "perturbante, offensante et provocante", comme il avait déjà rejeté son souhait de porter un "uniforme" lors de la première audience le 25 juillet.