Modifié

Les Occidentaux veulent éviter un ultime carnage

Le secrétaire général  Ban Ki-Moon  décide de retirer une partie de son personnel en  Syrie [REUTERS/Yuriko Nakao]
Ban Ki-moon a annoncé un sommet pour organiser l'après-Kadhafi. - [REUTERS/Yuriko Nakao]
Sans attendre la chute de Tripoli, la communauté internationale a estimé lundi que le régime libyen "touchait à sa fin" et a exhorté Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir pour éviter un bain de sang final. L'Occident s'inquiète aussi de l'avenir et l'espère démocratique.

De nombreuses capitales occidentales étaient préoccupées par l'incertitude concernant un possible avenir démocratique de la Libye, alors que des responsables arabes s'inquiétaient pour son intégrité territoriale.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé un sommet pour cette semaine, avec la participation des dirigeants de l'Union africaine et de la Ligue arabe ainsi que d'autres organisations régionales.

L'ère du régime de Mouammar Kadhafi "touche à sa fin", a estimé le président américain Barack Obama, exhortant le dirigeant libyen à renoncer "expressément" au pouvoir. Il a appelé les rebelles à préserver les institutions de l'Etat et chercher une transition vers la démocratie qui soit "juste et inclue tout le peuple libyen". Le Pentagone estime que Kadhafi "est toujours dans le pays. Nous n'avons pas d'information selon laquelle il aurait quitté le pays", a déclaré un porte-parole.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, ce mardi 16 août 2011 à l'Elysée. [Philippe Wojazer]
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, ce mardi 16 août 2011 à l'Elysée. [Philippe Wojazer]

En France, qui a été à l'avant-garde avec la Grande-Bretagne dans la lutte contre le régime libyen, le président

Nicolas Sarkozy

a appelé les combattants pro-Kadhafi à cesser "immédiatement" le feu" et condamné "les appels irresponsables et désespérés" du colonel à poursuivre les combats. Il a invité Mahmoud Jibril, Premier ministre des rebelles du CNT (Conseil national de transition), à venir en France mercredi. Paris propose aussi une réunion la semaine prochaine du Groupe de contact sur la Libye.

De son côté, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé le colonel Kadhafi à "arrêter le combat sans condition". "Son régime s'effondre et bat en retraite", a indiqué David Cameron, rentré de vacances pour tenir lundi une réunion d'urgence. "Il y aura sans aucun doute des jours difficiles. Aucune transition n'est aisée et sans heurts", a-t-il convenu. "Mais aujourd'hui, le printemps arabe est un pas (...) vers la liberté et la démocratie et le peuple libyen est plus près de son rêve d'un avenir meilleur", a estimé David Cameron.

A Bruxelles, la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a aussi jugé qu'on assistait à la fin. "J'appelle Kadhafi à quitter le pouvoir immédiatement et éviter que le sang ne soit davantage versé", a-t-elle dit.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a souligné l'importance d'éviter d'autres "bains de sang" en Libye, au moment où le régime de Mouammar Kadhafi est en train de "s'écrouler". Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a appelé le colonel Kadhafi, son ex-allié, à se rendre pour "épargner à son peuple de nouvelles souffrances".

La Russie, qui avait critiqué l'OTAN, a dit s'attendre à un transfert "imminent" du pouvoir aux rebelles, pour "mettre un terme au carnage entre Libyens". "Un processus politique (...) doit suivre immédiatement la fin des hostilités", a souligné le ministère des Affaires étrangères.

Moustapha Abdeljalil a annoncé la fin proche du colonel Kadhafi. [AFP - Gianluigi Guercia]
Moustapha Abdeljalil a annoncé la fin proche du colonel Kadhafi. [AFP - Gianluigi Guercia]

Dans le monde musulman,

l'Organisation de la coopération islamique

(OCI), qui regroupe 57 pays, a félicité le peuple libyen pour "la réussite de sa révolution" et a exhorté la Libye à préserver son unité et son intégrité territoriale. La

Ligue arabe

a souhaité au gouvernement rebelle de "réussir à mener à bien une nouvelle ère et préserver l'intégrité régionale de la Libye ainsi que sa souveraineté et son indépendance". L'

Egypte

reconnaît le CNT comme le gouvernement légitime de la Libye, a indiqué lundi le ministre égyptien des Affaires étrangères Mohammed Amr.

Le Maroc, via son ministre des Affaires étrangères, Taeib Fassi Fihri, se rendra mardi à Benghazi, porteur d'un message du roi Mohammed VI au président du CNT Moustafa Abdeljalil, le royaume reconnaissant ainsi "de facto" les nouvelles autorités libyennes. Le Maroc devient ainsi le premier Etat maghrébin à établir un contact direct --à un haut niveau ministériel -- avec ce qu'il considère être désormais les représentants du nouveau régime libyen.

L'Union africaine a de son côté convoqué une réunion au niveau des chefs d'Etat de son Conseil de paix et de sécurité vendredi à Addis Abeba, consacrée à la situation en Libye. Un départ de Libye du colonel Kadhafi a été évoqué mais l'Afrique du Sud, qui joue un rôle de médiateur africain, a démenti avoir envoyé un avion le chercher.

Pékin, qui a d'importants intérêts économiques en Libye, a déclaré lundi "respecter le choix du peuple libyen". "La Chine espère un retour rapide de la stabilité en Libye", a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Enfin, l'n des rares alliés du dirigeant libyen, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a accusé les Occidentaux "de détruire Tripoli sous leurs bombes" et de vouloir "s'emparer d'un pays et de ses richesses".

afp/mej

Publié Modifié

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a appelé lundi l'instance dirigeante de la rébellion libyenne (CNT) à "garantir que la transition se fera dans le calme et sur une base inclusive, que le pays reste uni et que l'avenir soit fondé sur la réconciliation et le respect des droits de l'Homme", a-t-il ajouté.

Et la cheffe de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a invité les dirigeants des insurgés "à agir avec le sens de la responsabilité en vue de maintenir la paix et la stabilité dans tout le pays".