Modifié

Les rebelles veulent Kadhafi, mort ou vif

Les combats n'ont pas cessé depuis 3 jours à Tripoli. [Zohra Bensemra]
Les combats n'ont pas cessé depuis 3 jours à Tripoli. - [Zohra Bensemra]
D'intenses combats ont à nouveau duré toute la journée mercredi à Tripoli entre les rebelles libyens et les forces fidèles au régime, au lendemain de la prise du QG de Kadhafi, toujours introuvable. Les rebelles ont mis sa tête à prix et offrent 1,3 million de francs en échange de l'arrestation ou de la mort du dirigeant.

Quant à un porte-parole des rebelles, le colonel Ahmed Bani, il a précisé que les insurgés proposaient l'amnistie à quiconque leur remettait le "Guide" libyen ou le tuait. "Le plus gros prix est d'offrir une amnistie, pas de l'argent", a-t-il dit.

Kadhafi se voit en martyre

Dans un message audio diffusé au cours de la nuit, Mouammar Kadhafi a lui juré qu'il lutterait "jusqu'à la victoire ou le martyre" et a appelé ses partisans à libérer la capitale des "diables et des traîtres".

Si on ignore où se trouve le dirigeant libyen (lire à ce propos: Disparition de Kadhafi), l'après-Kadhafi s'organise, et des membres du Conseil national de transition (CNT), jusqu'ici à Benghazi, prennent un par un le chemin de Tripoli, selon le nouvel ambassadeur du CNT en France, Mansour Seyf al-Nasr.

Les journalistes retenus au Rixos ont finalement pu s'en aller après quatre jours. [Paul Hackett]
Les journalistes retenus au Rixos ont finalement pu s'en aller après quatre jours. [Paul Hackett]

Alors que sur place les combats ont continué toute la journée de mercredi (lire: Insurrection en Libye), le Premier ministre du CNT, Mahmoud Jibril, a été reçu mercredi à Paris par le président français Nicolas Sarkozy, avant de s'entretenir avec Silvio Berlusconi jeudi à Milan.

Déblocage des avoirs libyens?

De sources diplomatiques britanniques, on précisait que les membres du Conseil de sécurité de l'ONU devaient discuter dans la journée d'un projet de résolution sur le déblocage de milliards de dollars d'avoirs libyens gelés, et qu'un vote sur le texte élaboré par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pourrait intervenir avant la fin de la semaine. Ils espèrent "ouvrir la voie au dégel des avoirs (...) qui appartiennent au peuple libyen", a déclaré le chef de la diplomatie britannique William Hague.

Selon le ministre turc des Affaires étrangères, la question sera évoquée jeudi à Istanbul. Elle devrait aussi faire partie des sujets clés de la réunion des chefs de la diplomatie du "groupe de contact" sur la Libye, que doit accueillir la France la semaine prochaine. L'ONU travaille sur un plan post-conflit et à l'OTAN, des options sur un possible rôle de l'Alliance atlantique en Libye après la fin des combats sont à l'étude.

Après six mois de conflit et la très symbolique prise mardi de Bab al-Aziziya, place forte de Kadhafi, l'insurrection libyenne affirme désormais contrôler la majeure partie de Tripoli. Mercredi, les rues de la capitale étaient largement désertes, jonchées de débris, de verre brisé et de tas d'ordures.

Des insurgés étaient en faction à des barrages situés, pour certains, à une centaine de mètres de distance les uns des autres, fouillant les coffres de tous les véhicules à la recherches d'armes. Mais d'intenses combats se poursuivaient dans le quartier d'Abou Salim près de Bab al-Aziziya, où les combattants de l'opposition n'ont découvert mardi aucune trace de Kadhafi.

Pas encore réellement la victoire

Si la conquête de ce lieu signale la fin du régime, en dépit des poches de résistance auxquelles ils devraient se heurter pendant un certain temps, les insurgés savent qu'ils ne peuvent pas vraiment proclamer la victoire tant que Kadhafi n'aura pas été retrouvé et arrêté. Mercredi matin, ils disaient contrôler la majeure partie de Bab al-Aziziya mais pas la totalité du complexe, dont ils se servent désormais pour organiser leurs opérations, chargeant des munitions dans d'énormes camions et s'entretenant des déploiements à venir.

Une vingtaine de rebelles s'abritant derrière un mur du complexe ont ouvert le feu et lancé des grenades en direction de tireurs loyalistes encore installés dans les plus hauts bâtiments d'Abou Salim, quartier considéré comme un des derniers bastions du régime.

Si l'insurrection affirme contrôler l'aéroport de Tripoli, des combats se poursuivaient mercredi dans les environs. Selon des journalistes de l'Associated Press, la route menant à l'aéroport était fermée en raison des violents tirs de combattants loyalistes.Enfin, un groupe de journalistes étrangers, retenus depuis plusieurs jours par des hommes armés fidèles à Kadhafi à l'hôtel Rixos, non loin d'Abou Salim, ont été libérés.


LES JOURNALISTES ONT PU QUITTER LE RIXOS

La trentaine de journalistes étrangers retenus depuis dimanche à l'hôtel Rixos au centre de Tripoli ont été relâchés mercredi après-midi et l'établissement est désormais sous contrôle des rebelles, selon un journaliste de l'AFP qui s'est rendu sur place.

Les journalistes ont pu quitter vers 15h00 GMT (17h00 en Suisse) l'établissement d'où ils étaient empêchés de sortir depuis dimanche par les forces loyales à Mouammar Kadhafi. Ils se sont rendus à l'hôtel Corinthia, un autre grand établissement de la capitale libyenne. La comité international de la Croix-Rouge a aidé les journalistes à quitter l'hôtel: "Nous avons emmené 33 journalistes et deux autres étrangers de l'hôtel Rixos vers un lieu sûr", a déclaré Georges Comninos, responsable de la mission en Libye, cité dans un communiqué de la Croix-Rouge.

ap/afp/mej

Publié Modifié