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Répressions dans l'est de la Syrie

"En faisant le choix de la répression plutôt que de tenir les promesses de réformes de grande ampleur qu'il a lui-même faites, le régime sape sa légitimité", souligne le texte.
Archives: photo d'une manifestation d'opposition à Bachar al Assad dans la ville de Deir al-Zour, à proximité de la frontière irakienne, le 17 juin 2011.
Les forces de Bachar al Assad sont intervenues jeudi pour la deuxième journée consécutive dans l'est de la Syrie pour tenter de mater les manifestants réclamant la chute du régime. Des chars et des véhicules blindés sont entrés dans Chouhaïl, une ville située au sud-est de la capitale provinciale Deir Ezzor.

"D'après les premières informations transmises par les habitants, des dizaines de chars sont entrés dans la ville à l'aube en tirant au hasard. Chouhaïl a été très active dans les manifestations et le régime emploie une force écrasante pour effrayer la population", a dit un activiste sur place. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une villageoise a été tuée par balle lors d'une opération militaire dans cette région.

A Damas, le caricaturiste et opposant Ali Ferzat a été passé à tabac par un groupe d'hommes armés et abandonné dans la rue, a-t-on appris de même source. Ali Ferzat a été hospitalisé pour des blessures au visage et aux mains. Il est connu pour ses caricatures dénonçant la répression et l'injustice dans le monde arabe.

"Ton tour arrive Bachar"

La chute de Mouammar Kadhafi en Libye, après plusieurs mois d'insurrection, semble galvaniser les opposants à Bachar al Assad, qui a succédé en 2000 à son père, lui-même parvenu au pouvoir en 1970. "Au revoir Kadhafi, ton tour arrive Bachar", ont scandé des manifestants après les prières à Douma, un faubourg de Damas, selon une vidéo filmée par des habitants.

Mercredi, les opérations des forces de l'ordre avaient fait onze morts selon l'OSDH: sept morts à Homs, deux à Deir Ezzor, un à Idleb et un à Damas. Parallèlement, huit militaires syriens ont été tués mercredi dans deux attaques près de Homs, a annoncé jeudi l'agence officielle Sana. Un officier et deux soldats ont péri dans l'attaque d'un bus militaire à Talbiseh, et cinq soldats sont morts dans l'attaque de leur véhicule à Ar Rastan.

Harcèlement des avocats dénoncé

Le gouvernement syrien n'a jamais publié le chiffre total des morts dans les rang de l'armée et des services de sécurité. Mais les opposants et les militants des droits de l'homme font état de près de 400 morts parmi les forces de l'ordre. Au total, plus de 2200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées depuis le début mi-mars du mouvement de contestation en Syrie, selon l'ONU.

Les autorités syriennes ont expulsé du pays la majeure partie des journalistes indépendants, ce qui rend difficile la vérification des affirmations en provenance de Syrie.

Plusieurs ONG ont dénoncé jeudi le harcèlement continu et la multiplication des arrestations arbitraires et des agressions menées contre les avocats en Syrie. Ces trois derniers mois, au moins 80 avocats ont été arrêtés.

Embargo pétrolier en vue

Cité par l'agence de presse officielle Sana, Bachar al Assad a déclaré mercredi soir que l'Occident tentait de contraindre la Syrie "à se vendre, ce qui ne se produira pas car le peuple syrien a choisi d'être indépendant". L'Union européenne envisage d'imposer des sanctions contre le secteur pétrolier syrien, qui exporte un tiers de sa production de pétrole (385'000 barils par jour) vers l'Europe, principalement aux Pays-Bas, en Italie, en France et en Espagne.

Un embargo priverait la Syrie d'une source majeure de devises étrangères, qui aident à financer la répression. Les Etats-Unis et quatre pays européens, dont la France, ont soumis au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution imposant des sanctions à Bachar al Assad et à certains de ses proches.

Côté suisse, l'ambassadeur à Damas, rappelé la semaine dernière, reste pour l'heure en Suisse pour consultations sur la situation à Damas, a indiqué jeudi à l'ats le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Il a aussi participé cette semaine avec ses collègues à la conférence des ambassadeurs. L'ambassade reste toutefois ouverte et en contact permanent avec les Suisses sur place, selon le DFAE.

agences/olhor

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Une délégation de l'ONU a achevé sa mission

Une délégation de l'ONU a achevé jeudi une mission humanitaire en Syrie, après s'être notamment vue demander lundi par les autorités de quitter la ville de Homs, a indiqué un responsable onusien. La mission rendra ses conclusions dans les jours prochains. Le président Bachar al-Assad avait laissé entrer la délégation en Syrie après des mois de pressions de l'ONU. L'équipe s'est rendue à Damas, Homs, Banias, Lattaquié, Hama, Alep et Idlib, a indiqué au Conseil de sécurité Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des affaires politiques.

Elle devait permettre à l'ONU de réfléchir aux moyens de répondre aux besoins humanitaires de la population et d'assurer le fonctionnement des services publics (électricité, eau potable, santé, etc.). Les autorités syriennes avaient demandé lundi à la délégation de quitter Homs en raison de manifestations que sa présence a déclenchées. "Les forces syriennes continuent à faire un usage excessif et mortel de la force contre les manifestants", a ajouté Lynn Pascoe. "L'incapacité (du président Assad) à tenir la bride aux forces de l'ordre sape la crédibilité" de ses promesses de réformes, a-t-il estimé.

L'euro remplace le dollar en Syrie

La Syrie a cessé depuis mardi toutes ses transactions en dollars en raison des sanctions imposées par les Etats-Unis et s'est tournée complètement vers l'euro, a indiqué jeudi à l'AFP le gouverneur de la Banque centrale Adib Mayaleh.

"Depuis deux jours nous ne pouvons plus faire de transactions en dollars et nous nous sommes donc tournés vers l'euro. Depuis 2005, nous avions encouragé tous les secteurs économiques à faire des transactions en euros mais malheureusement ils continuaient dans leur très grande majorité à la faire en dollars", a-t-il dit. "Maintenant c'est complètement arrêté. C'est la première fois dans l'histoire du pays", a-t-il ajouté.