L'explosion, selon des témoins, a eu lieu après qu'une voiture eut forcé son passage à travers le dispositif de sécurité et percuté l'entrée de l'immeuble. Le responsable de la police à Abuja, Mike Zuokumor, a indiqué que dix-huit personnes au moins avaient été tuées. "Pour l'instant, nous avons 18 morts et 8 blessés", a-t-il déclaré, précisant que les opérations de secours se poursuivaient.
Secte islamiste soupçonnée
"C'était une Honda Accord, le kamikaze est mort sur le coup", a ajouté Mike Zuokumor. Une radio nigériane a rapporté qu'au moins 60 personnes avaient été admises à l'hôpital national d'Abuja et des officiels ont appelé à des dons du sang. L'attentat a été revendiqué par une secte islamiste appelée Boko Haram, qui a déjà revendiqué plusieurs attaques à la bombe dans le passé. Mais ces attaques n'avaient jamais visé d'organisation internationale.
Les soupçons pesant sur Boko Haram sur ses éventuels liens avec notamment la branche maghrébine d'Al-Qaïda (AQMI) sont désormais renforcés. Boko Haram avait revendiqué un attentat à la bombe en juin contre le QG de la police à Abuja, ayant fait deux morts.
Des employés piégés
De nombreux Nigérians et expatriés travaillaient au siège de l'ONU abritant plusieurs agences dont l'Unicef, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Une Norvégienne de 30 ans compte parmi les morts, a indiqué le gouvernement norvégien. Des blessés étaient évacués sur des civières et transportés vers un hôpital, selon un correspondant de l'AFP.
L'ONU a été frappée ces dernières années par plusieurs attentats sanglants à travers le monde et celui de vendredi vient s'inscrire parmi les pires. A New York, le secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon a condamné cet attentat "abominable", déclarant s'attendre à des pertes "considérables". "C'est une agression contre ceux qui ont mis leur vie au service des autres. Nous condamnons vigoureusement cet acte abominable", a-t-il dit à des journalistes.
26 agences de l'ONU sur place
Ban Ki-moon, qui avait visité en mai ces bureaux à Abuja, a expliqué que du personnel de 26 agences de l'ONU se trouvait sur place lors de l'explosion. Le président américain Barack Obama a "fermement" condamné l'attentat "horrible et lâche". L'Union européenne et Londres ont également condamné l'attaque, tout comme le président nigérian Goodluck Jonathan qui a assuré que tous les efforts seraient déployés pour "traduire les auteurs devant la justice".
Un agent de sécurité sur place au moment de l'attentat a expliqué qu'"un homme au volant d'une Honda a forcé son passage à travers les barrières et a percuté le bâtiment. Une bombe a alors explosé". "J'étais au rez-de-chaussée quand j'ai entendu une forte explosion", a raconté Ado Kbwala, un employé du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
"J'ai couru me mettre à l'abri mais je n'ai toujours pas vu ma soeur qui travaille aussi pour le PNUD", a-t-il dit, devant le bâtiment. Une employée de l'ONU a affirmé que beaucoup de personnes étaient prises au piège à l'intérieur du bâtiment de plusieurs étages. Une partie de la façade a été soufflée, dévoilant l'intérieur des bureaux et un amas de câbles et barres métalliques.
Proximité de l'ambassade US
L'immeuble est situé dans le quartier diplomatique d'Abuja, non loin de l'ambassade des Etat-Unis. La sécurité autour du QG de l'ONU était en temps normal élevée. Les véhicules n'appartenant pas à l'ONU n'étaient généralement pas autorisés à s'approcher de l'entrée et le bâtiment lui-même est en retrait, à une centaine de mètres de la route.
La secte Boko Haram a multiplié depuis un an les attaques meurtrières, essentiellement dans le nord du Nigeria. Elle veut instaurer un Etat islamique au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique dont les 150 millions d'habitants vivent pour moitié dans le nord majoritairement musulman et pour moitié dans le sud à dominante chrétienne.
afp/hof/olhor
Les précédentes attaques contre l'ONU
19 août 2003, IRAK: un attentat suicide au camion piégé prend pour cible le quartier général des Nations unies à Bagdad, tuant 22 personnes dont l'envoyé spécial de l'ONU dans la capitale irakienne, Sergio Vieira de Mello.
11 déc 2007, AFGHANISTAN: dix-huit employés de l'ONU, dont trois expatriés, sont tués lors de l'explosion d'une voiture piégée devant les immeubles du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
5 oct 2009, PAKISTAN: quatre employés de l'ONU sont tués dans une explosion à Islamabad après qu'un homme eut réussi à passer les contrôles de sécurité des bureaux du Programme alimentaire mondial (Pam).
28 oct 2009, AFGHANISTAN: des talibans armés font irruption dans un hôtel de l'ONU à Kaboul, tuant six employés étrangers lors d'un assaut.
1er avr 2011, AFGHANISTAN: entre 2 et 3000 manifestants protestant contre l'autodafé public d'un Coran aux Etats-Unis prennent d'assaut les locaux de l'ONU: trois employés européens et quatre gardes népalais tués.