Après une série de victoires samedi dans l'ouest, les rebelles ont annoncé la chute sur le front Est de Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte. Ville natale de M.Kadhafi, qui pourrait y avoir trouvé refuge, Syrte est désormais prise en étau entre des forces rebelles venues de Benghazi, qui ne se trouvent plus qu'à 100 km à l'est, et de Misrata, qui sont à 30 km à l'ouest.
Des négociations sont en cours avec les leaders tribaux de Syrte en vue d'une reddition de la ville. Un porte-parole des rebelles a prévenu dimanche qu'elles ne dureraient pas éternellement et que faute d'un accord rapide, la situation serait réglée par les armes.
Un grand nombre de partisans inconditionnels de Mouammar Kadhafi seraient retranchés à Syrte, dernier bastion du régime sur la côte méditerranéenne. Les insurgés devraient ensuite se tourner vers l'oasis de Sebha, en plein Sahara. Un porte-parole militaire des rebelles a indiqué dimanche que les insurgés contrôlaient désormais la route menant de Tripoli à Sebha.
Combats sur le front Ouest
Sur le front ouest, de violents combats avaient lieu autour de la localité de Ragdaline, à 60 km à l'est de la frontière tunisienne, où les rebelles sont tombés dans un piège tendu par les pro-Kadhafi.
Les rebelles ont par ailleurs conforté leurs positions, après la prise du poste-frontière avec la Tunisie de Ras Jdir, puis de deux localités voisines. Tunis a rouvert dimanche le poste-frontière de Ras Jdir, d'une importance cruciale pour le ravitaillement des Libyens, d'autant que les pénuries se poursuivent à Tripoli.
Désormais maîtres de la capitale, les rebelles ont commencé à remettre la ville en état de marche. Des policiers officiaient à certains carrefours et les magasins qui ont commencé à rouvrir étaient achalandés à quelques jours de la fin du ramadan.
Coupures d'eau et d'électricité
Les coupures d'eau et d'électricité restaient cependant un souci. Selon un responsable technique des rebelles, 70% des foyers du centre-ville avaient peu ou pas d'eau courante, mais un système de distribution d'eau potable a été mis en place dans les mosquées.
Samedi, Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles, avait lancé un appel d'urgence humanitaire pour la capitale, qui manque de produits médicaux et alimentaires de première nécessité.
Massacres
La ville était calme dimanche, après une nuit émaillée d'incidents. La dernière base militaire encore aux mains des forces loyalistes est tombée samedi. Une cinquantaine de squelettes carbonisés, probablement victimes d'un massacre mardi selon les riverains, ont été découverts lors de la prise de ce camp.
Après Amnesty International, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dimanche dans un communiqué des exécutions sommaires par les pro-Kadhafi d'au moins 17 prisonniers, ainsi que de civils, y compris du personnel médical, qui pourraient se compter par dizaines.
A Benghazi (est), bastion des insurgés, le colonel Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire de la rébellion, a annoncé dimanche que les rebelles avaient libéré plus de 10'000 détenus des prisons du régime depuis la prise de Tripoli. Mais près de 50'000 "personnes arrêtées ces derniers mois" sont toujours manquantes.
Il a exprimé son inquiétude sur leur sort alors que "beaucoup d'habitants de Tripoli découvrent en ce moment des fosses communes autour des anciens centres de détention, et de la prison Abou Slim".
ats/rber
TENSIONS ENTRE LE CNT ET L'ALGERIE
Alger devra "répondre" de son attitude à l'égard de la rébellion libyenne, a affirmé dimanche le porte-parole militaire des insurgés lors d'une conférence de presse à Benghazi, bastion rebelle dans l'Est libyen.
"Nous avons prouvé au monde que nous méritions d'être reconnus et les pays puissants l'ont fait, les autres, nous n'attendons pas leur reconnaissance. Un jour viendra où ils devront répondre de leur attitude vis-à-vis des révolutionnaires libyens", a déclaré le colonel Ahmed Omar Bani, en faisant notamment allusion à l'Algérie.
L'Algérie, qui partage une longue frontière avec la Libye, n'a pas reconnu le Conseil national de transition libyen (CNT), organe politique de la rébellion, et n'a jamais demandé officiellement le départ de Mouammar Kadhafi. Alger a néanmoins gelé les avoirs de la famille Kadhafi et de ses proches, conformément aux recommandations de l'ONU.
La traque de Kadhafi se poursuit
Les insurgés poursuivent en outre leur traque de l'ancien "Guide" et de ses fils. "Nous espérons que Kadhafi est toujours en Libye pour que nous puissions débarrasser le monde de cet insecte", a déclaré le colonel Bani.
Les rebelles ont par ailleurs indiqué qu'un de ses fils, Khamis Kadhafi, pourrait avoir été tué samedi lors d'un accrochage au sud-est de Tripoli.