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Crise en Italie: l’Église remise en cause

Les avantages fiscaux de l'Église italienne et du Vatican sont contestés par une partie de la population.
Les avantages fiscaux de l'Église italienne et du Vatican sont contestés par une partie de la population.
C'est un tabou pour la majorité de la classe politique italienne et le Vatican: remettre en cause les avantages fiscaux de l'Église catholique au moment où Silvio Berlusconi s'apprête à imposer au pays une cure d'austérité. Un mouvement de citoyens, soutenu par une partie de la gauche, s'insurge.

Plus de 130'000 Italiens ont déjà rejoint un mouvement sur Facebook réclamant la fin des privilèges fiscaux de l'Église et du Vatican. Le parti radical italien, initiateur du mouvement, demande notamment que des milliers de biens immobiliers de l'Église cessent d'être exemptés des taxes immobilières locales.

Selon les radicaux, la seule présence d'une chapelle dans un hôtel, une installation sportive ou un organisme touristique suffit pour que ces propriétés, parfois très lucratives, échappent à ces taxes.

Privilèges particuliers

Outre des exemptions fiscales sur certains biens immobiliers, l'Église bénéficie du "cinq pour mille", une part de l'impôt sur le revenu destinée aux caisses du clergé, et du "huit pour mille", une autre part redistribuée à un certain nombre de cultes, mais qui bénéficie surtout à l'Église catholique.

Selon les défenseurs de l’Église catholique italienne mettent en garde contre l'écroulement de ce système. Selon eux, l’impôt permet à l’Église de conserver son  niveau de vie et de remplir des oeuvres éducatives, hospitalières, de lutte contre la pauvreté, que l'État italien n'assume pas suffisamment.

Pressions sur les gouvernements

L'hebdomadaire de gauche "L'Espresso" lance lui aussi une charge contre l'Église dans sa dernière édition. Dans un article intitulé "la sainte évasion", il affirme que "la loi n'est pas la même pour tous".

Selon l'hebdo, la puissante conférence des évêques a fait pression sur tous les gouvernements italiens de droite comme de gauche pour qu'ils refusent tout changement du régime fiscal de l'Église.

Angelino Alfano, secrétaire du parti de Silvio Berlusconi, le Peuple de la Liberté (PdL), a pris la défense de l'Église: "tenter de pénaliser l'Église signifie faire du mal aux personnes qui sont le plus sans défense". Dans les partis de centre-gauche, dont une partie de l'électorat est catholique, la réticence est aussi perceptible face aux revendications des radicaux.

Plusieurs milliers de personnes avaient manifesté durant 3 jours consécutifs en août à Madrid contre la venue de Benoît XVI à Madrid dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse. Elles s'insurgeaient contre le coût de la visite du pape. Les manifestations s'étaient accompagnées de violences policières qui avaient fait des dizaines de blessés, rajoutant encore à la colère des contestataires.

ats/ffi

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L'Église dénonce une cabale

La conférence des évêques a vivement réagi aux critiques des citoyens. Son quotidien "Avvenire" a dénoncé "une impressionnante campagne politico-médiatique" faisant état de chiffres fantaisistes et non confirmés concernant les richesses de l'Église.

Au Vatican, la "désinformation" et les simplifications qui tendent notamment à assimiler dans l'esprit des Italiens les biens de l'Église italienne et ceux de l'État du Vatican, régis par les accords de Latran de 1929, ont été dénoncés.

Selon Radio Vatican, cette campagne joue avec "l'imaginaire collectif de l'Italien moyen".

Pour le vaticaniste Bruno Bartoloni, si "les ordres religieux font valoir que ces exemptions leur permettent de mener des oeuvres caritatives", il faudra cependant un jour que "tout ce système soit changé de manière claire, l'Église devant se montrer plus solidaire avec les contribuables".