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Libye: Amnesty s'inquiète pour les mercenaires

Cet homme se cache dans une ferme de la périphérie de Tripoli de peur d'être pris pour un mercenaire ayant servi pour les forces loyalistes. [Zohra Bensemra]
Cet homme se cache dans une ferme de la périphérie de Tripoli de peur d'être pris pour un mercenaire ayant servi pour les forces loyalistes. - [Zohra Bensemra]
Les mercenaires suspectés d'avoir combattu au sein des forces loyalistes du colonel Kadhafi sont en situation de "grand risque" en Libye, a averti mardi Amnesty International. Les ressortissants noirs et les Africains sub-sahariens sont exposés. Amnesty International a pu constater sur place des cas de mauvais traitements.

Amnesty International indique que "lors de visites dans des centres de détention à Zawiyah et Tripoli" mardi, l'organisation a appris "qu'entre un tiers et la moitié des détenus étaient des Africains sub-sahariens".

Mauvais traitements constatés

Amnesty dit avoir été témoin de scènes de mauvais traitements. [REUTERS - Youssef Boudlal]
Amnesty dit avoir été témoin de scènes de mauvais traitements. [REUTERS - Youssef Boudlal]

Amnesty International affirme aussi avoir été témoin lundi de scènes lors desquelles "des Libyens noirs étaient pris pour cible à Tripoli" par des forces anti-Kadhafi.

"Une délégation d'Amnesty International qui visitait l'hôpital central de Tripoli a vu trois thouwars (rebelles), tirer un patient noir, originaire de la ville de Tawargha, de son lit et le détenir", selon le texte.

"Les thouwars ont dit que l'homme serait amené à Misrata (est de Tripoli) pour y être interrogé, arguant du fait que ceux qui menaient les interrogatoires à Tripoli laissaient les tueurs libres".

"Les forces anti-Kadhafi ont prévenu deux autres Libyens noirs, traités à l'hôpital pour des blessures par balles, que leur tour viendrait. La délégation a encore vu un groupe de thouwars battre un homme à l'extérieur de l'hôpital", selon la même source.

Amnesty demande des enquêtes

"Les Sub-sahariens sont particulièrement vulnérables aux mauvais traitements. Beaucoup risquent des représailles du fait des allégations selon lesquelles les forces pro-Kafhafi ont utilisé des mercenaires africains pour commettre d'importants abus durant le conflit", précise encore Amnesty International dans son communiqué.

Amnesty salue enfin les appels du Conseil national de transition (CNT), l'organe gouvernemental des rebelles, à "traiter les détenus avec dignité et à ne pas mener d'actes de représailles (...) Mais le conseil doit faire plus pour s'assurer que ses combattants ne maltraitent pas les détenus".

"Les combattants ayant participé à des mauvais traitements devraient être immédiatement relevés de leurs fonctions le temps de l'enquête. Tous les crimes (...) doivent faire l'objet d'enquêtes et les responsables être jugés", conclut Amnesty International.

ats/afp/hof

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La Libye était un des créditeurs du FMI

La Libye faisait toujours partie fin mars, en plein conflit civil, des pays qui prêtaient au reste du monde via le Fonds monétaire international, selon des données publiées par l'institution mardi.

Ces chiffres portant sur la période de novembre à mars montrent que le pays à l'époque dirigé par Mouammar Kadhafi est resté parmi les Etats membres créditeurs, dont le nombre a diminué de 54 fin octobre à 53 fin mars.

Mieux: la Libye a accru de 19% son soutien à la communauté internationale sur cette période. Il était de 469 millions de dollars au 31 mars. A cette date, le régime de Mouammar Kadhafi combattait des forces rebelles qui commençaient à bénéficier de l'aide de l'Otan mais ne contrôlaient que l'Est du pays.

Le FMI puise dans l'apport permanent de ses Etats membres à son capital, les quotes-parts, pour prêter à d'autres Etats membres. Il choisit lesquels seront créditeurs parmi ceux qui ont la position extérieure la plus solide, et cherche à refléter sa nature coopérative en mêlant pays développés et en développement.

Cette liste, qui a perdu l'Irlande, devenue débitrice en décembre, compte aussi bien des pays riches, dont tous ceux du G7, qu'émergents, ou de petits Etats membres comme Brunei ou Trinidad-et-Tobago.

La rapide escalade de la contestation populaire en Libye en début d'année avait surpris le FMI. Dans un résumé de son rapport annuel sur l'économie libyenne rédigé début février, il avait écrit que le pays avait peu souffert économiquement des révolutions qui avaient provoqué le départ des présidents de deux pays voisins, la Tunisie et l'Egypte. Ce rapport, qui devait être publié dans les semaines suivantes, n'a jamais pu l'être.

Jeudi, quatre jours après la prise de la capitale Tripoli par les opposants à Mouammar Kadhafi, un porte-parole du FMI, David Hawley, avait indiqué que l'institution serait prête à s'engager dans le pays après en avoir discuté avec un nouveau gouvernement "reconnu internationalement".

Kadhafi serait toujours en Libye

Mouammar Kadhafi est très certainement en Libye, ont indiqué mercredi de hauts responsables du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles), et "s'il ne se rend pas, c'est notre droit de le tuer", a ajouté l'un d'eux.

Selon les rebelles, Mouammar Kadhafi se cache soit à Bani Walid, au sud-est de Tripoli, ou dans les environs de la capitale. Des rumeurs le donnent également proche de la ville de Syrte, sa région d'origine.

Auparavant, Ali Tarhuni, un des plus hauts responsables du CNT avait laissé entendre devant des journalistes que les rebelles savaient où se trouvait le dirigeant en fuite mais refusait de donner des détails.

Dans un entretien mercredi au journal égyptien Al-Ahram, le chef des rebelles, Moustapha Abdeljalil, a indiqué vouloir capturer Mouammar Kadhafi vivant pour qu'il puisse être jugé.

La tête de Mouammar Kadhafi a été mise à prix ( 1,7 million de dollars)mort ou vif par les rebelles depuis la semaine dernière. Attraper l'ancien homme fort de la Libye est un des tout premiers objectifs des rebelles qui se targuent d'avoir "libéré" la plupart des zones de la Libye.

Les rebelles ont lancé un ultimatum aux partisans de Mouammar Kadhafi pour qu'ils se rendent et abandonnent les bastions qu'ils contrôlent encore avant samedi, faute de quoi ils emploieraient les moyens militaires.