Seif al-Islam a affirmé mercredi se trouver dans la banlieue de Tripoli et a appelé à "résister" malgré la chute de la capitale libyenne aux mains des insurgés, dans un message sonore diffusé par la télévision Arrai, basée à Damas.
"Je vous parle d'une banlieue de Tripoli. Nous voulons tranquilliser le peuple libyen, nous sommes toujours là, la résistance continue et la victoire est proche", a dit Seif al-Islam, traqué par la rébellion de même que sa famille, selon ce message. "Chaque Libyen est Mouammar Kadhafi, chaque Libyen est Seif al-Islam (...) Là où vous vous trouvez face à un ennemi, combattez-le", a-t-il ajouté. "Le guide se porte bien", a-t-il encore dit.
Reddition de Saadi?
Plus tôt, le chef militaire rebelle de Tripoli a de son côté affirmé que Saadi Kadhafi était prêt à "rejoindre la révolution", mais l'intéressé a démenti cette information dans un courriel à CNN. "Aujourd'hui, j'ai eu une conversation téléphonique avec Saadi, le fils de Kadhafi, durant laquelle il a demandé à faire partie de la révolution et à avoir des garanties pour qu'il puisse revenir auprès de son peuple à Tripoli", a déclaré Abdelhakim Belhadj à la chaîne Al-Jazeera. "Il a fait des allusions à l'endroit où il se trouvait et nous serons en contact avec lui pour continuer de discuter de cette question", a-t-il ajouté.
Une autre source a indiqué que Saadi était "hésitant" à se rendre aux rebelles mais s'il le fait, les insurgés "assureront sa sécurité", selon un responsable de la rébellion. Il y a eu des "négociations avec Saadi jusqu'à hier soir 20H00" sur sa reddition, a indiqué le vice-président du conseil militaire, Mehdi Harati. "Il est hésitant, s'il veut se rendre, nous assurerons sa sécurité, Inch Allah. S'il y a un accord (...) il n'y aura pas de problème", a-t-il ajouté.
Mais Saadi Kadhafi, qui avait selon CNN fait part de sa volonté de négocier dans de précédents courriels à la chaîne américaine, a affirmé qu'il ne se rendrait pas, dans un nouveau mail à la chaîne américaine. "Ils ont déjà tué des milliers de gens et détruit le pays. Je préférerais me rendre à un vrai gouvernement plutôt... qu'à ces types", a-t-il affirmé, toujours selon CNN.
Incertitude autour du colonel
Quant à Mouammar Kadhafi, il se cacherait soit à Bani Walid, au sud-est de Tripoli, ou dans les environs de la capitale. Sous couvert d'anonymat, un responsable rebelle de la grande ville côtière de Misrata (210 km à l'est de Tripoli), toute proche, a évoqué lui la présence à Bani Walid de ses fils Saadi - lequel négociait sa reddition mercredi après-midi selon les rebelles - et Seïf al-Islam, mais pas de l'ex-Guide libyen lui-même.
La localité de Bani Walid est considérée comme fidèle au colonel. Située dans le district de Misrata, elle est un des fiefs de la tribu des Warfalla, une des plus puissantes du pays et qui compte environ un million de personnes.
Combats sporadiques
"La route de la côte (menant jusqu'à Tripoli) est sûre. Sur la route du désert (menant de Zliten à Bani Walid), il y a encore des forces de Kadhafi. Inch Allah, nous allons bientôt les éliminer", a expliqué un commandant rebelle local, Omar Swihli.
Les rebelles contrôlent à peu près la ville de Zliten (100.000 habitants), mais des snipers pro-Kadhafi, équipés de mortiers, se cachent toujours dans les faubourgs sud, rendant impossible l'accès à la route de Bani Walid elle-même. "Nous sommes en train de nettoyer la zone", selon Omar Swihli.
Deux tirs d'obus de mortier pro-Kadhafi ont visé un checkpoint en matinée près de Dafniyah, à 15 km à l'ouest de Zliten (environ 100 km à l'est de Tripoli), sans faire de victimes, ont indiqué les mêmes sources. Et des détonations sporadiques d'armes lourdes étaient audibles à la mi-journée non loin de Zliten, ont constaté des journalistes.
Par ailleurs, Abdelati Obeïdi, ministre des Affaires étrangères du régime déchu, a été arrêté par les forces du nouveau pouvoir libyen près de Tripoli, a rapporté un envoyé spécial de l'agence Reuters.
agences/cer
Conférence de l'après-Kadhafi à Paris
La communauté internationale se retrouve jeudi à Paris pour engager, autour de la France et de la Grande-Bretagne, la transition démocratique de la "Libye libre", sur fond d'ultimes combats entre la rébellion et le dernier carré des fidèles du colonel Mouammar Kadhafi. Près de six mois après avoir accueilli, le 19 mars, la conférence qui a lancé l'intervention militaire contre le "guide" libyen, le président français Nicolas Sarkozy a convié à partir de 17h00 à l'Elysée, avec le Premier ministre britannique David Cameron, les représentants d'une soixantaine de pays avec l'ambition affichée de concrétiser politiquement la victoire militaire qui a précipité la fin du régime Kadhafi.
"Sur le plan militaire, la partie est jouée", résume un proche du président français. "Il est maintenant fondamental de réussir la transition (...) mais si on attend, on risque de la faire échouer". Pour y parvenir, Nicolas Sarkozy a élargi le format de sa conférence en y invitant, outre la trentaine de membres du "groupe de contact" qui ont soutenu les frappes aériennes, les représentants de pays qui y étaient jusque-là hostiles à l'opération de l'OTAN ou jugé qu'elle dépassait le cadre fixé par la résolution 1973 des Nations unies.
Membres de la coalition, le Canadien Stephen Harper, l'Américaine Hillary Clinton, l'Italien Silvio Berlusconi et les secrétaires généraux de la Ligue arabe Nabil al-Arabi et de l'ONU Ban Ki-moon sont attendus à Paris. Mais aussi l'Allemande Angela Merkel, des ministres chinois et russe, ainsi que l'ambassadeur brésilien au Caire, Cesario Melantonio, présent, selon Brasilia, en tant qu'"ambassadeur extraordinaire pour le Moyen Orient". La participation de l'Afrique du Sud, également invitée, n'a pas été confirmée.
Les deux principaux responsables du Conseil national de transition (CNT, organe politique de la rébellion libyenne), Moustapha Abdeljalil et Mahmoud Jibril, doivent profiter de leur présence à Paris pour présenter leur "feuille de route" vers la démocratie et, surtout, leurs besoins urgents en matière d'aide et de reconstruction. Ils doivent aussi plaider pour le dégel des dizaines de milliards de dollars déposés par le clan Kadhafi dans les banques internationales.
Amnesty s'inquiète
Les mercenaires suspectés d'avoir combattu au sein des forces loyalistes du colonel Kadhafi sont en situation de "grand risque" en Libye, a averti mardi Amnesty International (AI). Les ressortissants noirs et les Africains sub-sahariens sont exposés.
AI a pu constater sur place des cas de mauvais traitements. AI indique que "lors de visites dans des centres de détention à Zawiyah et Tripoli" mardi, l'organisation a appris "qu'entre un tiers et la moitié des détenus étaient des Africains sub-sahariens".
AI affirme aussi avoir été témoin lundi de scènes lors desquelles "des Libyens noirs étaient pris pour cible à Tripoli" par des forces anti-Kadhafi.
L'après Kadhafi en préparation
La France et la Grande-Bretagne réunissent jeudi à Paris une conférence de "soutien à la Libye nouvelle". Leur ambition: rallier l'ensemble de la communauté internationale derrière le Conseil national de transition (CNT) pour entamer sans tarder l'après-Kadhafi.
Une soixantaine de délégations seront présentes, y compris celles de pays qui, comme la Chine et la Russie, ont exprimé de sérieuses réserves à l'intervention militaire de la coalition internationale aux côtés des insurgés libyens.
Celle de la Suisse sera dirigée par la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey.