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Jacques Chirac ne participera pas à son procès

FRANCE, Saint-Tropez : (FILES) France's former president Jacques Chirac sits at a table outside the famous Le Senequier café in the French Riviera searesort of Saint-Tropez on August 14, 2011. France's former President Jacques Chirac's son-in-law Frederic Salat-Baroux declared in an interview to AFP on September 3, 2011, that the former President acknowledged his failing memory, which, according to his lawyers, would impede upon his capacity to attend his trial. AFP PHOTO SEBASTIEN NOGIER [Sébastien Nogier]
Jacques Chirac avait paru fortement affaibli lors de ses vacances à St-Tropez cet été. - [Sébastien Nogier]
La justice française autorise Jacques Chirac à être jugé en son absence au procès des emplois fictifs de la ville de Paris. L'ancien président français, qui n'était pas présent au tribunal lundi, avait envoyé une expertise médicale annonçant qu'il souffre de graves troubles neurologiques.

Jacques Chirac, chef de l'Etat de 1995 à 2007, est notamment poursuivi pour "détournements de fonds publics" quand il était maire de Paris et risque jusqu'à dix ans de prison. Il lui est reproché d'avoir organisé un système d'emplois fictifs payés par la Ville de Paris.

Les avocats de l'ancien président avaient annoncé samedi, rapport médical à l'appui, que l'ex-président "n'a plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences". Ils ont évoqué une extrême "vulnérabilité" résultant de troubles neurologiques et l'ex-maire de Paris ne s'est pas présenté au tribunal à l'ouverture du procès.

La contre-expertise refusée

Jacques Chirac, qui aura 79 ans en novembre, avait demandé à être représenté par ses avocats jusqu'à la fin du procès, le 23 septembre, ce que la justice a accepté: "La comparution personnelle ne sera pas ordonnée", a annoncé le président de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les débats sur le fond commenceront dès mardi après-midi.

L'ancien président ne viendra donc jamais au tribunal, mais il sera quand même jugé pour détournement de fonds publics, avec la perspective d'une éventuelle condamnation pénale. Le tribunal a refusé la contre-expertise demandée par la partie civile, l'association anti-corruption Anticor, car elle aurait impliqué, soulignent les juges, un nouveau renvoi.

Etat de santé de moins en moins bon

Chirac [AFP - BERTRAND LANGLOIS /]
Chirac [AFP - BERTRAND LANGLOIS /]

Selon son gendre Frédéric Salat-Baroux, Jacques Chirac n'a "plus la mémoire" pour participer aux audiences, car "son état de santé s'est dégradé depuis quelques mois".

Le procès de Jacques Chirac avait tourné court pour des raisons de procédure en mars et avait été reporté à lundi. La présence aux audiences de l'ex-maire de Paris était restée incertaine, son état de santé continuant de susciter des spéculations. Il aurait même certaines difficultés à s'exprimer clairement.

Des articles de presse l'ont décrit comme fatigué à son arrivée début août en vacances à Saint-Tropez, dans le sud-est de la France. Une vidéo le montrant en train de se tenir à des amis pour pouvoir se déplacer avait été diffusée. Il avait ensuite été vu en train de signer des autographes et de poser avec les touristes. En janvier, son épouse Bernadette avait dû démentir que Jacques Chirac souffre de la maladie d'Alzheimer.

Premier président à être jugé

Premier ancien président de la République à être renvoyé en correctionnelle, Jacques Chirac, protégé par son immunité présidentielle pendant ses 12 ans à l'Elysée (1995-2007), doit être jugé pour des faits remontant au début des années 1990, lorsqu'il était maire de Paris (1977 à 1995).

L'ex-chef de l'Etat est soupçonné d'avoir permis que des personnes travaillant pour son parti, le RPR (ancêtre de l'UMP, le parti de l'actuel président Nicolas Sarkozy), ou occupant des emplois de complaisance, soient rémunérées par la mairie de Paris. Il n'a cessé de récuser l'existence d'un "système organisé".

Renvoyé pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance" et "prise illégale d'intérêt", Jacques Chirac encourt dix ans de prison et 150'000 euros d'amende. Mais le parquet avait requis un non-lieu pendant l'instruction et devrait logiquement demander sa relaxe. La ville de Paris a renoncé à se porter partie civile à la suite d'un accord d'indemnisation conclu avec l'UMP et Jacques Chirac, l'indemnisant à hauteur de 2,2 millions d'euros.

agences/boi

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Des suites de l'AVC de 2005?

Les symptômes invoqués par les avocats de Jacques Chirac pourraient résulter des suites de maladies neurodégénératives comme Alzheimer, d'un AVC ou d'une "démence vasculaire", selon plusieurs spécialistes.

Jacques Chirac avait été hospitalisé pour un accident vasculaire cérébral en 2005. Plusieurs années après peuvent apparaître des troubles de mémoire ou des anomalies dans d'autres régions du cerveau, concernant par exemple la mémoire ou le langage.

Après un premier AVC important, un patient peut "récidiver à bas bruit", avec "de petits AVC qui passent inaperçus sur le plan clinique" mais qui peuvent à long terme entraîner "une anomalie cognitive importante", explique Françoise Forette, spécialiste en gériatrie. Il peut en résulter une démence vasculaire

Les lésions dues à un AVC ou une démence vasculaire peuvent coexister avec une maladie neurodégénérative. La maladie d'Alzheimer, que le grand public associe généralement aux problèmes de mémoire, est la plus connue et la plus fréquente. Mais d'autres maladies peuvent entraver la conscience.