La campagne, baptisée "Campagne nationale pour la Palestine, 194e Etat (l'ONU compte 193 membres, NDLR)", a été lancée à Ramallah, où une centaine de Palestiniens, brandissant drapeaux et pancartes, ont défilé jusqu'au QG de l'ONU et remis une lettre sollicitant le soutien du secrétaire général Ban Ki-moon à l'adhésion d'un Etat de Palestine.
"Nous avons droit à notre Etat"
"Aujourd'hui, nous avons commencé notre campagne sur le terrain et nous espérons que les Nations Unies répondront à nos demandes", a expliqué à l'AFP un des coordinateurs de la campagne Ahmad Assaf. La lettre a été symboliquement déposée par une réfugiée du camp d'Al-Amari, près de Ramallah, Latifa Abou Hmed, 60 ans, dont six fils sont ou ont été détenus par Israël et un septième été tué par l'armée israélienne.
"J'adresse ce message à l'ONU pour dire que nous avons droit à notre Etat comme n'importe qui dans le monde et droit à la fin de l'occupation", a-t-elle déclaré. Le président palestinien Mahmoud Abbas doit lui-même remettre en personne la demande d'adhésion à Ban Ki-moon le 20 septembre, faute de perspective de reprise des négociations de paix avec Israël.
La direction palestinienne appelle à "une large mobilisation en Palestine, dans les camps (de réfugiés, NDLR) dans le monde arabe et dans tous les pays du monde pour soutenir la démarche aux Nations unies", selon un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion à Ramallah autour de Mahmoud Abbas.
Elle "affirme la nécessité de poursuivre la démarche à l'ONU pour obtenir la reconnaissance de l'adhésion d'un Etat de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale", soit la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, selon le texte lu par le secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine Yasser Abed Rabbo.
"La direction palestinienne estime que parvenir à ce but favorisera la relance d'un processus de paix sérieux et de nouvelles négociations avec l'objectif clair d'une solution à deux Etats sur les frontières de 1967", précise-t-elle. Un participant, Azzam al-Ahmad, a qualifié avant la réunion la décision "de "définitive et irréversible", affirmant que "la demande d'adhésion serait soumise au Conseil de sécurité et non à l'Assemblée générale".
L'épouvantail américain
Le président palestinien et deux émissaires américains ont constaté mercredi leurs divergences sur l'opportunité de cette demande. Résultat, les Etats-Unis ont annoncé formellement jeudi qu'ils "opposeraient leur veto" à une démarche des Palestiniens auprès du Conseil de sécurité. "Cela ne devrait pas surprendre (...) que les Etats-Unis sont opposés à une démarche des Palestiniens à New York pour essayer d'établir un Etat qui ne peut être obtenu que par la négociation", a dit la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland.
agences/bkel
"Difficile d’être optimiste"
George Mitchell, l'ex-émissaire américain pour le Proche-Orient qui a démissionné en mai, s'est montré jeudi pessimiste sur les chances "à court terme" de la paix entre Israël et les Palestiniens. "Il est difficile d'être très optimiste pour les quelques prochains mois (...) A court terme, il devrait y avoir plus de turbulences", a estimé ce vétéran des négociations de paix, invité à parler à une conférence à l'université Georgetown de Washington.
L'ancien sénateur Mitchell a indiqué ne pas croire qu'une alternative pourrait émerger dans les jours à venir au projet des Palestiniens de demander à l'ONU de reconnaître leur Etat, fin septembre à New York. En particulier, il est "peu probable" qu'aboutissent les efforts de l'administration Obama pour freiner les Palestiniens. Dès lors, un veto des Etats-Unis à l'ONU serait "une certitude".
George Mitchell a dit cependant espérer la paix à plus long terme, jugeant que les parties n'avaient pas d'autre choix. L'existence d'Israël, a-t-il souligné, est sous la triple menace de la démographie, des armes nouvelles et de la "délégitimation".
Selon George Mitchell, les Palestiniens doivent, de leur côté, se préparer à accepter une solution à deux Etats qui ne soit "pas parfaite".
George Mitchell, qui vient d'avoir 78 ans, avait démissionné le 13 mai, après plus de deux ans de navettes incessantes dans la région, sans jamais obtenir des parties un compromis suffisant pour relancer un dialogue direct entre elles. Il s'était fait une réputation de négociateur hors-pair en parrainant les pourparlers de paix dans le conflit nord-irlandais, aboutissant à l'accord historique du Vendredi Saint en 1998.