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Obama présente un nouveau plan pour l'emploi

Barack Obama, très pugnace, a incité les Chambres à adopter "immédiatement" son plan. [Kevin Lamarque]
Barack Obama, très pugnace, a incité les Chambres à adopter immédiatement son plan. - [Kevin Lamarque]
Le président américain Barack Obama a présenté jeudi soir un plan emploi de 447 milliards de dollars destiné à donner un "choc électrique" à l'économie américaine. Il a exhorté le Congrès, où ses adversaires républicains sont en position de force, à l'adopter "immédiatement".

Ce plan, intitulé "American jobs act" (proposition de loi pour l'emploi américain), propose 240 milliards de dollars d'allègements d'impôts et de charges sociales pour les PME, des mesures en faveur des chômeurs ainsi que des investissements dans les infrastructures afin de relancer l'activité.

Le but de ce texte "est simple: remettre davantage de gens au travail et mettre davantage d'argent dans les poches de ceux qui travaillent", a déclaré un président dont le pays fait face à un taux de chômage de 9,1%, héritage de la récession de 2007-2009 qui a détruit plus de huit millions d'emplois.

"Ce plan donnera un choc électrique à une économie qui a calé, donnera confiance aux entreprises sur le fait que si elles investissent et embauchent, il y aura des clients pour leurs produits et leurs services", a ajouté Barack Obama face aux élus de la Chambre des représentants et du Sénat.

Convaincre les républicains

A plusieurs reprises, Barack Obama, très pugnace, a ponctué ce discours de présentation de son plan de l'exclamation: "vous devez l'adopter immédiatement!". Ce dispositif "créera davantage d'emplois dans le bâtiment, dans l'enseignement, davantage d'emplois pour les anciens combattants, davantage d'emplois pour les chômeurs de longue durée", selon Barack Obama.

Il va toutefois devoir convaincre les républicains, majoritaires à la Chambre et dotés d'une minorité de blocage au Sénat, de voter ces mesures.

Le président, qui a ferraillé avec acharnement avec les élus républicains au début de l'été pour obtenir un accord sur le relèvement du plafond de la dette et la réduction du déficit, a juré que ce nouveau plan serait "totalement financé".

Crainte d'une récession

Le discours a été très applaudi par les démocrates présents. [KEYSTONE - Charles Dharapak]
Le discours a été très applaudi par les démocrates présents. [KEYSTONE - Charles Dharapak]

Lors de ce discours d'un peu plus d'une demi-heure et qui a été très applaudi, il a aussi annoncé qu'il dévoilerait le 19 septembre "un plan de réduction de déficit plus ambitieux, un plan qui couvrira non seulement le coût engendré par cette proposition de loi pour l'emploi, mais qui stabilisera aussi notre dette à long terme".

Les 447 milliards évoqués par Barack Obama sont à mettre en rapport avec le plan de relance massif qu'il avait promulgué un mois après son arrivée au pouvoir début 2009, dont le coût initial était de 787 milliards de dollars.

Mais deux ans et demi plus tard, la situation sur le front du chômage, même stabilisée, reste préoccupante. L'économie américaine a détruit autant d'emplois qu'elle en a créés en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes.

Ce chiffre, conjugué à d'autres indicateurs économiques à l'orange, alimente les craintes d'une replongée dans la récession.

Réaction républicaine

Peu avant le discours de Barack Obama, la banque centrale des Etats-Unis s'est dite prête à intensifier encore un peu plus son soutien monétaire à la reprise. Son président Ben Bernanke a souligné que "la Réserve fédérale dispose d'instruments variés qui peuvent être utilisés pour augmenter son concours financier à l'économie".

Avant jeudi soir, les républicains avaient réagi avec méfiance aux détails du plan Obama ayant filtré. "Ce qui est surprenant, c'est la détermination apparente du président à appliquer les mêmes politiques qui ont déjà été tentées et ont échoué", a indiqué jeudi le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell.

Ton plus nuancé après le discours de la part du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner. "Les propositions de Barack Obama pour soutenir l'emploi aux Etats-Unis méritent d'être étudiées", a-t-il déclaré. "Nous espérons qu'il prendra également en compte sérieusement nos idées", a ajouté le dirigeant républicain.

Réactions patronales et syndicales

Le plan pour l'emploi présenté jeudi par le président américain Barack Obama a été accueilli par des critiques de certaines organisations patronales et des encouragements mêlés de scepticisme par certains syndicats d'employés. "Nous sommes déçus que le président n'ait présenté aucune idée nouvelle", a réagi un syndicat patronal de la construction, Associated Builders and Contractors (ABC) dans un communiqué.

Ce plan "ne résistera pas à l'examen", a-t-il ajouté. Un son de cloche semblable est venu d'une des principales organisations d'industriels, la NAM, pour qui "le président a malheureusement faux sur toute la ligne ce soir".

Les réactions ont été plus positives du côté du syndicat des employés de la métallurgie (USW) pour qui le plan de Barack Obama est un "outil prometteur pour ramener les gens à avoir confiance dans la volonté d'action du gouvernement pour accélérer la croissance".

L'USW a appelé "les républicains à se joindre aux démocrates" et à "mettre fin à leur tactique d'obstruction et d'affrontement" afin de permettre l'adoption de ce plan. Lançant un appel similaire en des termes plus feutrés, l'America's Building Trades Unions, alliance de syndicats d'employés de la construction, a dit être "encouragée" par le plan de Barack Obama.

agences/mre

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Les principaux points du plan

1) "Des réductions d'impôts pour aider les PME américaines à embaucher et croître"

- réduction de moitié des cotisations patronales sur les 5 premiers millions de dollars de masse salariale (coût: 65 milliards de dollars).

- suppression des cotisations patronales pour les entreprises qui accroissent leur masse salariale par des embauches ou des augmentations (5 milliards)

2) "Remettre les salariés au travail tout en reconstruisant et en modernisant l'Amérique"

- crédits d'impôt de 5600 à 9600 dollars pour l'embauche d'anciens combattants (coût non chiffré)

- gel de jusqu'à 280'000 suppressions d'emplois d'enseignants, maintien d'emplois de policiers et pompiers (35 milliards de dollars)

- modernisation d'au moins 35'000 écoles publiques (30 milliards)

- modernisation d'infrastructures de transport (50 milliards)

- création d'une Banque nationale des infrastructures (10 milliards)

- projets publics de rénovation ou réinvestissement de logements ou locaux d'entreprise vacants (15 milliards)

- expansion du réseau internet sans fil à haut débit (coût nul car compensé par la vente de concessions au privé)

3) "Des passerelles pour un retour vers l'emploi des Américains à la recherche d'un travail
"

- réforme des allocations de chômage, avec le maintien de ces allocations pour des salariés à temps partiel, des formations et les créateurs d'entreprise (49 milliards de dollars)

- crédit d'impôt de 4000 dollars pour les employeurs embauchant des chômeurs de longue durée (8 milliards)

- fonds de financement d'initiatives pour le retour à l'emploi, en direction des travailleurs non qualifiés et défavorisés (5 milliards)

4) "Allègement fiscal pour tous les travailleurs et toutes les familles d'Amériqu
e"

- prolongation en 2012 de la réduction de moitié des cotisations salariales, soit 1500 dollars d'impôts en moins pour un ménage moyen (175 milliards de dollars)