Publié

Près de 150 victimes ont signalé des abus sexuels

La Conférence des évêques à annoncé jeudi vouloir prendre des mesures contre les abus sexuels. [Alessandro della Valle]
La Conférence des évêques à annoncé jeudi vouloir prendre des mesures contre les abus sexuels. - [Alessandro della Valle]
L'an dernier, 146 victimes, dont 29 enfants de moins de 12 ans au moment des faits, ont signalé des abus sexuels dans le cadre de la pastorale. Au total, 125 prêtres, religieux ou laïcs ont été dénoncés, selon les chiffres de la Commission d'experts de la Conférence des évêques suisses (CES).

"Nous ne sommes qu'au début d'un processus mais nous avons fait un grand pas dans les derniers mois pour briser le tabou des abus sexuels dans l'Église mais aussi dans la société", a déclaré Mgr Martin Werlen, Père-Abbé d'Einsieldeln (SZ), devant la presse réunie jeudi à Berne. "Il ne faut pas oublier que derrière les chiffres, il y a des personnes qui souffrent", a-t-il ajouté.

Dans le détail, les garçons âgés de 12 à 16 ans sont la catégorie de victimes la plus importante, avec36 cas. Au total, 29 cas touchent les enfants de moins de 12 ans et 15 cas les filles de 12 à 16 ans. Les autres victimes ont atteint leur majorité sexuelle ou aucune information n'existe sur leur âge.

Dans la majorité des cas, les abus ont été perpétrés par des prêtres dans 62 des cas, ou des religieux (32 cas). Des théologiens laïcs et des enseignants dans des institutions catholiques sont aussi concernés dans 6 cas. Du côté féminin, 4 religieuses ont été mises en cause. Certains abuseurs n'ont pas pu être clairement identifiés.

SOS Prévention

Neuf abus annoncés en 2010 se sont passés dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. "Le peu de cas signalés dans ce diocèse s'explique par le fait que la Commission "SOS Prévention" venait d'être mise sur pied et que de nombreuses victimes avaient déjà été signalées", a indiqué Adrian von Kaenel, président de la Commission "Abus sexuels dans le cadre de la pastorale" de la CES.

Un seul abus annoncé en 2010 provient du diocèse de Sion. La majorité des cas,  provient des diocèses de Bâle avec 40 cas et de Coire, avec 43 cas.

Tendance à la baisse

La majorité des abus sexuels, annoncés en 2010, s'est déroulée entre 1950 et 1980. Neuf cas se sont produits de 1990 à 2000 et 13 de 2000 à 2010. Jusqu'en juin 2010, l'église catholique n'avait reçu que 104 plaintes de victimes d'abus sexuels, commis par 72 prêtres ou religieux. À la fin de l'année, ces nombres se montaient à 146 victimes d'actes commis par 125 personnes.

Le plus grand nombre de cas a donc été enregistré dans la première moitié de l'année. "La tendance est à la baisse. La prévention, la mise en réseau et l'échange d' informations entre diocèses commencent à porter leurs fruits", a ajouté Adrian von Kaenel.

Pour l'année 2011, Adrian von Kaenel s'attend à moins de cas, même si l'annonce en janvier d'environ 40 personnes abusées sexuellement par 15 moines de l'abbaye d'Einsiedeln (SZ) devrait avoir une influence sur les chiffres. En février, deux nouveaux cas ont aussi été signalés en Suisse romande: un dans le canton de Genève et l'autre sur Vaud.

ats/ffi

Publié

Attitude de l'Église face à l'apartheid

L'Église catholique suisse fait son mea culpa par rapport à son attitude face à l'apartheid en Afrique du Sud entre 1970 et 1990. La Conférence des évêques suisses (CES) reconnaît n'avoir pas assez clairement et rapidement réagi pour dénoncer les violations des droits humains.

"LÉglise catholique suisse a manqué d'intérêt face à la situation, elle a manqué de courage et elle a manqué d'amour", a déclaré jeudi devant la presse réunie à Berne Mgr Martin Werlen, responsable du département "Église et Monde" de la CES. Pour ces manques, "elle présente ses excuses à la population d'Afrique du Sud".

Pas d'appel au boycott

Ce n'est qu'à la deuxième moitié des années 80, lorsque des mouvements d'étudiants (Jeunesse Étudiante Chrétienne) et l'Action de Carême notamment ont dénoncé la situation que la CES a formellement condamné les violations des droits humains.

Concernant toutefois la question du boycott, les autorités ecclésiastiques n'ont jamais trouvé une position claire jusqu'à la fin de l'apartheid. "L'attitude de retrait de la CES s'explique par le fait que les actions des oeuvres d'entraide suscitaient de très fortes réactions des milieux politiques et économiques", a ajouté Mgr Werlen.