Les forces des nouvelles autorités en Libye ont opéré vendredi un repli tactique de Bani Walid mais avancé dans Syrte, après de violents combats dans ces deux principaux bastions du régime déchu de Mouammar Kadhafi.
Parallèlement, deux responsables du Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion qui a renversé l'ex-dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi, ont affirmé qu'un nouveau gouvernement de transition de 30 membres, représentatif de l'ensemble des Libyens, serait annoncé dimanche.
Sur le terrain, les combattants du CNT engagés dans l'offensive de Bani Walid ont procédé en soirée à un repli tactique après une incursion dans le coeur de la ville située à 170 km au sud-est de Tripoli, a indiqué un chef combattant.
Snipers dissuasifs
"Cela ne sert à rien de tenir des positions de nuit dans un environnement hostile", a dit à l'AFP ce commandant, laissant entendre que de nombreux snipers retranchés dans le centre de Bani Walid représentaient de nuit une menace pour ses hommes.
Pendant la journée, les forces-CNT sont entrées dans ce bastion pro-Kadhafi, y livrant une rude bataille. De violents combats avaient eu lieu dans le secteur du marché avec des tirs de roquettes. Des ambulances avaient évacué une quinzaine de blessés parmi les pro-CNT, ont indiqué des témoins.
Avant d'ouvrir cette nouvelle brèche dans les rares régions encore fidèles à Mouammar Kadhafi, les pro-CNT sont entrés jeudi soir à Syrte, la région natale de l'ex-leader en fuite située à 360 km à l'est de la capitale, six jours après l'expiration de l'ultimatum lancé aux pro-Kadhafi par les nouvelles autorités. Les combats se poursuivaient dans la ville méditerranéenne avec notamment de lourds combats autour de l'aéroport. Plusieurs dizaines de pick-up lourdement armés et trois chars des renforts pro-CNT venus de l'ouest y sont entrés.
Moitié de Syrte contrôlée
"Les révolutionnaires contrôlent déjà la moitié de Syrte et si Dieu le veut nous allons prendre la seconde moitié aujourd'hui", a déclaré Ibrahim Sweyib, un combattant du CNT. Les forces pro-CNT ont jusque-là déploré 11 morts et 34 blessés dans la bataille de Syrte. Mais le porte-parole du dirigeant déchu, Moussa Ibrahim, lui aussi en fuite, a assuré que les pro-Kadhafi étaient "très bien préparés" et déterminés à "résister jusqu'à la victoire", affirmant que "la bataille est loin d'être finie", dans une intervention par téléphone sur la chaîne Arraï basée en Syrie.
Le CNT veut trier les migrants
Le CNT a par ailleurs demandé à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) de stopper ses opérations d'évacuation de migrants. "Les autorités veulent s'assurer de leur identité et être sûrs qu'il s'agit de vrais migrants avant de nous permettre de les évacuer", a déclaré un porte-parole de l'OIM à Genève, Jumbe Omari Jumbe.
L'OIM cherche, en vain, depuis plusieurs jours, à évacuer un groupe de 3000 immigrés dans la ville de Sebha, un bastion des forces fidèles à Mouammar Kadhafi assiégé par les insurgés. Ce sont surtout des Tchadiens, Nigériens, Somaliens et Erythréens. Les autorités accusent un certain nombre d'entre eux d'avoir servi comme mercenaires au service de Mouammar Kadhafi.
agences /pym/olhor
Le siège libyen à l'ONU attribué au CNT et gel des avoirs libyens en partie levé
L'Assemblée générale des Nations unies a attribué vendredi le siège de la Libye au Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi.
L'assemblée de 193 Etats membres a voté à une majorité de 114 voix pour et 17 contre la remise au CNT du siège de la Libye à l'ONU, malgré l'opposition de gouvernements de gauche d'Amérique latine. Quelques pays africains avaient demandé que la décision soit remise à plus tard.
Ce vote permet au chef du CNT, Moustafa Abdeljalil, de prendre part à l'Assemblée générale annuelle de l'ONU la semaine prochaine à New York. En marge de celle-ci, il rencontrera notamment le président américain Barack Obama.
Ce vote intervient le même jour où le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité une résolution, présentée par la Grande-Bretagne, levant en partie le gel des avoirs libyens.
Le Conseil s'est réjoui dans le texte de la résolution "d'une amélioration de la situation" en Libye et a fait part de sa détermination à s'assurer que les dizaines de milliards de dollars d'avoirs libyens gelés en février et mars "seront dès que possible mis à la disposition du peuple libyen".
A la suite de discussions entre les quinze pays membres du Conseil ces derniers jours, une résolution complétée met davantage l'accent sur les droits de l'homme, la nécessité d'inclure des femmes dans le processus de décision et la protection des immigrants africains, qui ont été la cible d'attaques.
La résolution prévoit l'envoi d'une mission onusienne de trois mois pour aider le nouveau pouvoir dans la construction d'un nouvel Etat, la préparation d'élections et la rédaction d'une nouvelle constitution.
Elle lève le gel des avoirs et autres mesures imposées à la Corporation nationale du pétrole libyen et à la compagnie pétrolière Zweitina. Même chose pour la banque centrale, la Libyan Arab Foreign Bank, la Libyan Investment Authority et la société d'investissements Libyan African Investment Portfolio.