Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, s'est félicité mercredi de ce que le pays soit soumis au contrôle de la troïka de ses créanciers. Il y voit le seul moyen d'éviter un nouveau dérapage budgétaire et de garantir la sortie de crise. En effet, à l'issue d'une téléconférence du ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, avec la troïka représentant les créanciers du pays, zone euro et FMI, le ministère et la Commission ont annoncé le retour à Athènes la semaine prochaine de cette délégation tripartite. Elle en était partie le 2 septembre en suspendant un audit trimestriel des comptes grecs juste entamé, face aux retards grecs en matière de rigueur et privatisations.
Enjeu vital: le déblocage de la 6e tranche de prêt
Le gouvernement grec s'est depuis engagé à se plier aux diktats des créanciers du pays, via notamment de nouvelles mesures de compression du secteur public. Pour les Grecs un "progrès satisfaisant" et pour le Commission "de bons progrès" ont été enregistrés au cours des discussions de mardi soir, faisant suite à une première téléconférence lundi.
Evangélos Vénizélos doit aussi poursuivre ces discussions, portant sur les mesures convenues jusqu'en 2014 en échange du maintien du pays sous perfusion de prêts internationaux, ce week-end à Washington lors de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international, tandis que continueront des discussions techniques. L'enjeu est le déblocage en octobre - vital pour la Grèce - de la sixième tranche de 8 milliards d'euros du prêt consenti en mai 2010 au pays.
Dans l'attente d'un accord final, le gouvernement socialiste grec doit détailler mercredi, selon les médias, ce nouveau tour de vis, qui suscite déjà la colère sociale. Un conseil ministériel restreint est prévu en fin de matinée.
Déficit public révisé
Les prévisions rendues publiques plus tôt dans la journée par le FMI tablent sur un total respect par les Grecs des exigences de leurs créanciers, avec un déficit public révisé à 8% du PIB contre 7,6% prévu, l'écart découlant de la récession, plus grave que prévu (-5%) et non d'un quelconque relâchement.
Une discipline budgétaire d'autant plus impérative que le FMI a fortement relevé sa prévision pour le pic de la dette publique de la Grèce à 189% du PIB en 2012 contre 172% dans sa projection précédente de juin.
ats/sbad
L'Italie aussi sous pression
Les inquiétudes sur la crise de la dette et sa possible contagion avaient plus tôt été relancées par la dégradation de l'Italie, dont l'agence américaine Standard & Poor's a abaissé la note à long terme d'un cran à "A", contre "A+" invoquant la fragilité de la coalition au pouvoir et l'important endettement. Assortie d'une menace de nouvelle dégradation, via une mise en "perspective négative", cette décision ne remet toutefois pas en cause à moyen terme la solvabilité de la troisième économie de l'Union monétaire.
Face à un endettement de 1900 milliards d'euros, équivalant à 120% de son produit intérieur brut (PIB), l'Italie a adopté la semaine dernière un plan d'austérité draconien de 54,2 milliards d'euros, mais sans vraiment convaincre.
Comme avec Athènes, la Commission européenne a du coup insisté mardi sur la nécessité pour l'Italie de dégager un "consensus politique national" et d'obtenir le soutien des "partenaires sociaux" au programme de rétablissement des comptes publics.
BNP Paribas prête à soutenir la Grèce
La première banque française BNP Paribas a indiqué mercredi être prête à abandonner encore une partie de ses créances dues par la Grèce, si un nouvel effort est demandé aux investisseurs privés. Mais elle estime que la priorité reste à l'application du plan actuel de sauvetage.
Les créanciers privés de la Grèce (banques, assurances, fonds de pension...) ont accepté lors du sommet de la zone euro pour sauver la Grèce réuni à Bruxelles le 21 juillet de participer à l'effort, pour un montant d'environ 50 milliards sur la période 2011-2014. Sur cette somme, 37 milliards viendront d'une "contribution volontaire" et 12,6 milliards consisteront en un rachat de dettes sur le marché.
BNP-Paribas est exposée à hauteur de 3,5 milliards d'euros en Grèce. L'établisssement, comme les autres grandes banques françaises, a été particulièrement chahutée ces dernières semaines à la Bourse de Paris, en raison de son exposition à la dette des pays les plus vulnérables de la zone euro.