Près d'un mois après la chute de Tripoli, Moustapha Abdeljalil, chef du CNT, a remercié mardi l'ONU et les Etats ayant soutenu le combat des ex-rebelles, lors d'un sommet à New York des pays "amis" de la Libye, en marge de l’Assemblé générale des Nations Unies. Le chef du CNT, qui s'est entretenu en tête-à-tête avec le président américain Barack Obama, a promis "un procès équitable" pour les membres du régime déchu, tout en précisant que la "révolution" libyenne avait fait 25’000 morts.
Nouveau gouvernement imminent
Pour sa part, le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, a déclaré devant les ministres des Affaires étrangères du G8, toujours à New York, que la Libye serait dotée d’un gouvernement dans "une semaine à dix jours maximum". Les ministres pourront être choisis tant à l'ouest qu'à l'est du pays, a-t-il ajouté.
Le président américain Barack Obama a appelé de son côté à la tenue d'élections "libres et justes", sans pour autant donner de date butoir. Il a promis la poursuite des opérations de l'OTAN tant que les Libyens seraient "menacés" et reconnu que la transition serait ardue: "Après des décennies d'un règne de fer par un seul homme, cela prendra du temps de construire les institutions nécessaires pour une Libye démocratique".
Même tonalité du côté du président français Nicolas Sarkozy, qui a réaffirmé que les partenaires de la coalition resteraient "pour faire le travail tant que les révolutionnaires libyens en auront besoin". Ensuite, "ayez le courage de pardonner", a-t-il lancé en direction des Libyens, ajoutant: "quand vous arrêterez" les combats, "Kadhafi sera jugé".
Une "mascarade", selon Kadhafi
La Maison Blanche a fait savoir que Moustapha Abdeljalil avait déclaré au président Obama qu'il pensait que Kadhafi se trouvait toujours en Libye. Dans un nouveau message sonore diffusé par la télévision Arraï à Damas, ce dernier a dénoncé le nouveau régime: "Ce qui ce passe en Libye est une mascarade ne tenant que grâce aux bombardements aériens (de l'Otan) qui ne dureront pas éternellement" (lire: Conflit en Libye).
Mais l'ancien homme fort de Tripoli a enregistré une nouvelle déconvenue, l'Union africaine ayant décidé de reconnaître officiellement le CNT. "L'Union africaine reconnaît le CNT comme le représentant du peuple libyen, dans la mesure où il forme un gouvernement de transition comprenant toutes les parties", a annoncé après de longues hésitations l'organisation, dans un communiqué diffusé par les services du président sud-africain Jacob Zuma.
Même si une vingtaine de pays africains avaient déjà reconnu le CNT, l'UA, sous l'influence de Jacob Zuma, s'y était jusqu'à présent refusé, préférant réitérer ses appels à la formation d'un gouvernement d'union.
Les combattants du CNT progressent
Sur le terrain, les combattants pro-CNT ont conquis mercredi Sebha et Waddan, deux importantes villes dans le désert du sud de la Libye mais ont subi de lourdes pertes dans leur offensive sur Syrte, un bastion de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi.
Sebha, fief des Kadhadfa, la tribu de Mouammar Kadhafi, à 750 km au sud de Tripoli, constituait un important objectif des combattants pro-CNT avec l'oasis de Djofra (300 km au nord-est de Sebha). Selon Mustapha el-Houni, représentant de cette région au CNT, la ville de Waddan a également été "libérée" et désormais l'oasis de Djofra dont elle fait partie est contrôlée à environ 70%.
L'oasis de Djofra compte environ 75'000 habitants. Elle est située à 300 km au sud de Syrte et regroupe les villes de Waddan, Houn, Sokna et Zila. Selon des responsables du CNT, la direction des opérations militaires des pro-Kadhafi est située à Houn et ces derniers disposent d'un important stock d'armes dans cette oasis.
En revanche à Syrte (360 km à l'est de Tripoli) où se déroulent d'âpres combats, les pro-CNT ont enregistré de lourdes pertes et à Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale), le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué une aide alimentaire aux habitants qui fuient les tirs. Au moins 45 combattants pro-CNT ont été tués et plus de 200 blessés depuis le lancement la semaine dernière de leur offensive sur Syrte, région natale de l'ex-leader, selon des sources médicales à Misrata.
afp/bkel
Le nouveau drapeau libyen hissé à Genève
Le nouveau drapeau libyen a été hissé mardi au siège de l'ONU à Genève. Une brève cérémonie a marqué l'événement en présence de l'ambassadeur de Libye à l'ONU et d'un groupe de manifestants scandant: "Vive la Libye".
Le nouveau drapeau aux bandes rouge, noire et verte avec un croissant et une étoile au milieu a été hissé dans l'allée des drapeaux au Palais des Nations "à la demande des autorités libyennes", a précisé la porte-parole de l'ONU Corinne Momal-Vanian.
L'Assemblée générale de l'ONU avait reconnu vendredi le Conseil national de transition (CNT) comme représentant de la Libye. L'ONU a également adopté la nouvelle dénomination du pays. La Jamahiriya arabe libyenne, appellation officielle du pays voulue par le colonel Mouammar Kadhafi, redevient la Libye.
Seul l'ambassadeur libyen auprès de l'ONU à Genève Ibrahim Aldredi n'a pas changé: il s'était rallié à la révolution avec les membres de la mission à Genève dès le mois de février. Un groupe de Libyens a bruyamment manifesté sa joie devant le portail de l'ONU en chantant le nouvel hymne libyen et en scandant "Vive la Libye" au moment de la montée du drapeau, déjà en vigueur de 1951 à 1969.