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Affaire Karachi: un ami de Sarkozy mis en examen

Nicolas Bazire était le directeur de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, alors que Nicolas Sarkozy en était le porte-parole. [CHRISTOPHE MORIN]
Nicolas Bazire était le directeur de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, alors que Nicolas Sarkozy en était le porte-parole. - [CHRISTOPHE MORIN]
Un ami intime du président français Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire, 54 ans, a été mis en examen jeudi dans le cadre de l'affaire Karachi, a-t-on appris de source judiciaire. Cette enquête vise à établir si des faits de corruption sont liés à un contrat d'armement avec le Pakistan.

Nicolas Bazire a été inculpé de complicité d'abus de biens sociaux et laissé en liberté dans le cadre de cette enquête qui se concentre sur le financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur en 1995, a-t-on appris de source judiciaire.

Nicolas Bazire, qui est actuellement l'un des principaux dirigeants du géant du luxe LVMH, était le directeur de la campagne d'Edouard Balladur, qui s'était finalement incliné face à Jacques Chirac, tandis que Nicolas Sarkozy en était le porte-parole.

Son avocat, Jean-Yves Liénard, a réagi en assurant de son "absence totale d'implication" dans ce dossier et ajouté qu'il en était de même pour Nicolas Sarkozy.

Témoin de mariage de Nicolas Sarkozy

La justice française s'intéresse à un circuit de corruption présumé ayant accompagné la vente de sous-marins au Pakistan: à des commissions versées à des décideurs, légales à cette époque, se seraient ajoutées des "rétrocommissions" par lesquelles une partie des sommes revenait illégalement en France.

Les enquêteurs cherchent à vérifier si le pactole ainsi constitué aurait pu financer en 1994-1995 la campagne d'Edouard Balladur.

Nicolas Bazire est un ami intime du président français. Il avait été son témoin de mariage en 2008, lorsqu'il avait épousé la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni.

La veille, les juges chargés de l'enquête ont mis en examen un autre proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert.

Valises de billets cherchées en Suisse

Ce conseiller en communication a été inculpé de recel d'abus de biens sociaux. Les enquêteurs s'intéressent aux liens éventuels de Thierry Gaubert avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, présenté comme intermédiaire dans deux contrats d'armement avec le Pakistan et avec l'Arabie saoudite.

Il avait été mis en examen le 14 septembre pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux". Le nom de Nicolas Bazire a été cité devant le juge par plusieurs témoins selon lesquels il avait un coffre-fort dans son bureau pour y entreposer de "grosses sommes" pendant la campagne de 1995.

Selon un autre témoignage, celui d'Hélène Gaubert, c'est son mari Thierry Gaubert qui accompagnait en Suisse Ziad Takieddine pour aller chercher des valises "volumineuses de billets". Et, toujours selon elle, c'est Nicolas Bazire qui récupérait ces "mallettes" en France.

ats/mre

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Le PS dénonce "une affaire d'Etat"

Alors que deux proches de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, ont été mis en examen cette semaine dans cette affaire, Harlem Désir estime dans un communiqué que "ces mises en examen (...) sont d'une très grande gravité".

"La justice doit pouvoir aller jusqu'au bout pour déterminer toutes les responsabilités dans cette affaire, y compris au sommet de l'Etat", souhaite le Premier secrétaire par intérim du PS, qui demande "que l'enquête puisse être menée jusqu'à son terme, et que la justice travaille sans entrave ni pression".

"Toute la lumière doit être faite sur ces faits, qui représentent désormais de toute évidence une affaire d'Etat", résume-t-il.

"La transparence et la vérité sont une exigence démocratique: c'est la seule attitude acceptable de la part de l'UMP et du gouvernement", écrit Harlem Désir, qui ajoute que ces mises en examen "sont la marque d'une inacceptable déliquescence morale du clan au pouvoir"

L'Elysée parle de "calomnies"

L'Elysée dénonce jeudi "calomnie et manipulation politicienne" autour de l'affaire de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, rappelant que Nicolas Sarkozy "n'a jamais dirigé la campagne" de l'ancien Premier ministre et qu'"il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans (son) financement".

Le bureau de la présidence souligne que "le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier".

"Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure", ajoute l'Elysée dans son communiqué.